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Asthme et sibilants apparaissant chez l’adulte : attention aux pics d’exposition répétés aux irritants professionnels !
vendredi 2 mai 2003, par
La sous-estimation des asthmes (et sibilants) d’origine professionnelle est un phénomène bien connu en France. Certaines expositions professionnelles doivent faire particulièrement évoquer ce diagnostic.
Apparition d’un asthme chez l’adulte et sibilants parmi les travailleurs, intervenant dans le blanchiment du papier, exposés aux irritants. : Andersson E, Olin AC, Hagberg S, Nilsson R, Nilsson T, Toren K. Department of Occupational and Environmental Medicine, Sahlgrenska University Hospital, Goteborg, Sweden. dans Am J Ind Med 2003 May ;43(5):532-8
– Introduction : l’association de l’apparition d’un asthme avec une exposition aux irritants n’est pas claire.
– Le but de ce travail était de rechercher si une exposition professionnelle aux gaz irritants, spécialement à des pics d’exposition répétés (« gassings »), augmentait le risque de maladie obstructive des voies aériennes.
– Méthodes :
* les données sur les symptômes respiratoires et l’exposition parmi les travailleurs dans le blanchiment (n = 101) et la fabrication du papier (n = 314) ont été collectées par un questionnaire.
* Les taux d’incidence et les pourcentages de risque (hazard ratios : HR) (régression de Cox) ont été calculés.
* Les sujets non-répondeurs ont été interrogés par téléphone.
– Résultats :
* le taux d’incidence d’apparition d’un asthme chez l’adulte diagnostiqué par le médecin parmi les travailleurs dans le blanchiment signalant des pics d’exposition répétés responsables de la majoration des symptômes respiratoires était de 7,6/1000 personnes/an et celui pour ceux ne signalant pas des pics était de 2,2/1000 personnes/an, comparé à 1,0/1000 personnes/an pour les travailleurs dans la fabrication du papier.
* Dans un modèle de régression de Cox pour l’asthme (n=12), en fonction du sexe, les pourcentages de risque (HR) étaient de 5,6 (95% intervalle de confiance (IC) 1,6-20) lors de pics d’exposition répétés, de 3,0 (95% IC 0,8-11) en cas de rhume des foins, et de 0,7 (95% IC 0,2-2,4) en cas de tabagisme.
* Le même modèle pour l’apparition de sibilants chez l’adulte donnait des HR de 5,2 (95% IC 2,2-12), 1,7 (95% CI 0,6-5,4), et 1,1 (95% IC 0,5-2,7), respectivement.
– Conclusions : les pics d’exposition répétés (« gassings ») aux gaz irritants, ici chez les travailleurs de l’industrie de la pâte à papier, augmentent le risque d’apparition d’un asthme chez l’adulte et de sibilants.
Dans cette étude réalisée chez les travailleurs de l’industrie du papier, il a été montré que les pics d’exposition répétés aux gaz irritants augmentent le risque d’apparition d’un asthme chez l’adulte et de sibilants.
Les postes à risque concernent les sujets travaillant au blanchiment de la pâte à papier et exposés aux pics d’exposition répétés aux gaz irritants.
Ce risque professionnel d’apparition d’un asthme chez l’adulte ou de sibilants est statistiquement supérieur au risque présenté par un sujet porteur d’une rhinite allergique ou tabagique.
Dans les asthmes d’origine professionnelle, on peut distinguer les asthmes les plus communs comportant un période de latence pour l’acquisition de la sensibilisation ; l’autre type, sans période de latence, est nommé « syndrome d’irritation bronchique ou SIB » (irritant-induced asthma).
Le « reactive airways dysfunction syndrome (RADS) » fait référence à un type particulier de SIB, secondaire à une exposition accidentelle, unique, à un agent irritant.
Le SIB, souvent associé à des manifestations des voies aériennes supérieures, est caractérisé par une absence d’amélioration franche des symptômes hors du lieu de travail contrairement à l’asthme professionnel typique, et son évolution est variable sans facteur prédictif net actuel : évolution vers un asthme ou amendement progressif.
Les agents de blanchiment de la pâte à papier comme le chlore représentent une étiologie fréquente du SIB, ou sa variante brutale, le RADS.
Ont été également mis en cause dans la genèse d’un asthme par inhalation répétée d’irritants à faible dose sur une bronche présumée saine, les émissions de mélange de SO2, d’H2S, d’H2O2 et d’acide acétique.
Le mécanisme d’action de ces agents irritants est encore mal connu et pourrait inclure une action cytotoxique bronchique comme les polluants atmosphériques, une action sur des récepteurs cellulaires (cellules épithéliales, inflammatoires et terminaisons nerveuses), et des réponses non spécifiques des macrophages à la phagocytose de particules minérales ou organiques.
Au total, associée à ces travaux descriptifs épidémiologiques qui ont le mérite de souligner la variabilité et la fréquence des atteintes bronchiques professionnelles, une étude plus approfondie physiopathologique des asthmes ou des sibilants d’origine professionnelle est nécessaire.
Pour mémoire, on se méfiera du diagnostic différentiel des asthmes professionnels chez les travailleurs de l’industrie de la pâte à papier dans ses formes limites, comme par exemple l’alvéolite allergique extrinsèque décrite chez ces ouvriers, l’allergène alors incriminé étant alors en premier lieu les moisissures de type Alternaria. En effet, en cas d’exposition antigénique persistante, l’AAE peut évoluer vers un trouble ventilatoire obstructif, ou tout simplement y être associée.
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