Quand les muscles s’enflamment, les bronches répondent à leur façon.

mardi 6 mai 2003 par Dr Philippe Carré2317 visites

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Quand  les muscles s’enflamment, les bronches répondent à leur façon.

Quand les muscles s’enflamment, les bronches répondent à leur façon.

mardi 6 mai 2003, par Dr Philippe Carré

Les caractéristiques physiopathologiques majeures de l’asthme sont l’obstruction et l’inflammation de la muqueuse bronchique. Elles ne sont pas toujours strictement reliées en pratique clinique ; comment se fait la modulation entre l’une et l’autre et quels sont les facteurs de régulation ?

Comment l’inflammation des voies aériennes module-t-elle l’obstruction bronchique dans l’asthme ? Etude de provocation allergénique. : Henderson AC, Ingenito EP, Atileh H, Israel E, Suki B, Lutchen KR. Department of Biomedical Engineering, Boston University, Boston, MA, USA dans J Appl Physiol 2003 Apr 18

 Contexte. Au cours de la phase tardive (PT) de la réponse bronchique à un allergène inhalé, des médiateurs neutrophiliques et éosinophiles sont libérés dans les voies aériennes, ressemblant à ce que l’on voit dans les attaques d’asthme.

 Méthode.
* Les auteurs ont comparé la distribution de l’obstruction et le degré de réversibilité suivant une inspiration profonde (IP) au cours de la phase précoce (PP) et de la PT, chez 9 asthmatiques, au cours d’une provocation allergènique.
* L’hétérogénéité de l’obstruction était déterminée par la mesure fréquence-dépendante de la résistance et de l’élastance dynamiques du poumon, du calibre des voies aériennes en fonction des résistances au cours d’une inspiration profonde, et de l’inflammation des voies aériennes par la mesure des cellules inflammatoires dans l’expectoration induite après le test de provocation.

 Résultats.
* Malgré le peu d’éosinophiles dans l’expectoration à l’état basal (moins de 1% des cellules non squameuses), les asthmatiques avaient une réponse substantielle pendant la PP avec une obstruction très hétérogène et une diminution de la capacité maximale à dilater les voies aériennes.
* La PT était associée à une inflammation substantielle des voies aériennes chez tous les sujets.
* Cependant, 5 avaient seulement une obstruction légère au cours de la PT alors que 4 avaient une obstruction plus marquée caractérisée par une hétérogénéité semblable à la PP.
* L’obstruction bronchique au cours de la phase tardive était totalement réversible par un broncho-dilatateur.

 Discussion. Ces résultats, associés à l’ anomalie de la réponse bronchodilatatrice pendant l’inspiration profonde, témoignent d’une anomalie physiologique dans l’asthme au niveau du muscle lisse et d’une inflammation des voies aériennes associée à un type d’obstruction bronchique qui est loin d’être uniforme.

 Conclusion. Ces données supportent l’hypothèse que la variation de réactivité chez les asthmatiques provient de différences intrinsèques dans la réponse du muscle lisse à l’inflammation.


Malgré l’absence d’éosinophilie significative à l’état basal, les asthmatiques ont à la phase précoce de la réponse bronchique une obstruction très hétérogène ; si l’inflammation des voies aériennes est par contre présente à la phase tardive chez tous les asthmatiques, l’obstruction est là aussi variable en intensité, avec une hétérogénéité importante chez la moitié des sujets (sur une population certes faible).

Par ailleurs, la réponse bronchodilatatrice est altérée après une inspiration profonde.
Il s’avère donc que la réactivité des bronches de l’asthmatique, en réponse à une inflammation, est très variable, et que cette variabilité est en rapport avec des différences de réponse du muscle lisse bronchique.

Si l’inflammation reste donc un facteur étiologique constant, il ne faut pas enterrer trop vite le muscle lisse, car c’est de l’intensité et de la modulation de sa réponse que vont dépendre les symptômes cliniques.

Cela peut expliquer l’absence de corrélation stricte entre les deux facteurs physiopathologiques, et les déconvenues dans le suivi de certains patients, malgré un traitement anti-inflammatoire apparemment bien conduit.

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