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Quelle souris êtes-vous, C3H/HeJ ou BALB/c ? Pour le savoir répondez à la question : avez-vous une allergie alimentaire oui/non ?
vendredi 23 mai 2003, par
Avoir un modèle animal permet de tester facilement des hypothèses sur le plan physiopathologique. D’autre part il existe différentes lignées de souris qui ont des spécificités immunologiques permettant du même coup de comprendre le mécanisme de la réaction en cause. Qu’en est-il dans l’allergie alimentaire ?
La susceptibilité génétique à l’allergie alimentaire est liée à des réponses différentes TH1/TH2 chez des souris C3H/HeJ et BALB/c. : Morafo V, Srivastava K, Huang CK, Kleiner G, Lee SY, Sampson HA, Li AM. Department of Pediatrics, Mount Sinai School of Medicine, New York dans J Allergy Clin Immunol 2003 May ;111(5):1122-8
Bien que l’allergie alimentaire soit un problème sérieux de santé publique dans les pays de l’ouest, les facteurs qui influencent le développement de l’allergie alimentaire sont encore largement méconnus.
Un modèle murin approprié à l’allergie alimentaire pourrait être utile pour comprendre les mécanismes sous jacents entraînant le développement d’une allergie alimentaire chez l’homme.
– Objectif : Chercher à déterminer la susceptibilité de différentes lignées de souris vis à vis de l’allergie alimentaire.
– Méthodes :
* Des souris C3H/HeJ et BALB/c ont été sensibilisées aux protéines de lait de vache ou à l’arachide au moyen d’une administration intra gastrique, avec un adjuvant : la toxine cholérique.
* Les souris ont ensuite eu un test de provocation avec arachide ou protéine de lait de vache.
* Le taux des IgE spécifiques, les symptômes d’anaphylaxie, le taux d’histamine plasmatique, le profil cytokinique des 2 lignées ont été comparés.
– Résultats :
* Les taux d’IgE spécifiques au lait de vache ne sont élevés de façon significative que dans la lignée CH3/HeJ, 87% des souris ayant un choc anaphylactique accompagné d’une élévation significative du taux d’histamine plasmatique en réponse au test de provocation.
* Les souris BALB/c n’ont pas de réponse IgE spécifiques au lait de vache, ni de choc ni d’élévation significative du taux d’histamine avec le lait de vache.
* Après un test de provocation avec l’arachide, 100% des souris CHH/HeJ sensibilisées expriment des taux élevé d’IgE spécifiques à l’arachide, et des symptômes d’anaphylaxie.
* En contraste, aucune réaction d’hypersensibilité n’est observée chez les souris BALB/c malgré la présence d’un taux élevé d’IgE spécifiques à l’arachide.
* Les splénocytes des souris C3H/HeJ sensibilisés au lait de vache et à l’arachide expriment des taux élevés de façon significative d’IL4 et IL10, alors que les splénocytes des souris BALB /c expriment de façon significative des taux élevés d’IFN gamma.
– Conclusions : L’induction d’une allergie alimentaire chez les souris est dépendante de la lignée, avec les lignées C3H/HeKJ qui sont susceptibles à l’allergie alimentaire alors que les souris BALB/c sont résistantes. Cette susceptibilité dépendante des lignées pour l’allergie alimentaire s’associe à des réponses différentes sur le plan du rapport TH1 et TH2 après sensibilisation aux allergènes alimentaires par voie intra gastrique.
Dans cet article les auteurs démontrent que les souris de type C3H/HeJ peuvent développer une allergie alimentaire, alors que les souris BALB/c sont résistantes. Cela vient d’une réponse différente sur le plan des cytokines TH1 et TH2.
Dans ce travail, les auteurs étudient la possibilité de sensibiliser puis de développer une réaction anaphylactique à l’aide d’allergènes alimentaires chez des souris.
Ils utilisent 2 lignées de souris très différentes puisqu’une lignée est la C3H/HeJ qui a une réponse uniquement de type TH2 et quasiment aucune réponse TH1, et d’autre part les souris BALB/c qui au contraire n’ont une réponse que de type TH1.
La possibilité de développer une réaction allergique seulement avec la première lignée démontre que c’est le profil TH2 qui est responsable du développement de l’allergie alimentaire.
Il est intéressant de constater que les souris BALB/c peuvent se sensibiliser mais ne peuvent pas déclencher de réaction anaphylactique lors de l’introduction de l’allergène.
Il y a donc une explication au phénomène de dissociation souvent rencontré en pratique clinique, avec des patients qui sont sensibilisés mais qui ne développent pas pour autant une réaction allergique en cas d’ingestion de l’allergène.
Il faudrait donc pouvoir disposer d’un moyen simple chez l’homme pour distinguer les patients à profil TH1 et les patients à profil TH2.
Cette étude devrait permettre d’autre part d’aider à la mise au point de protocoles standardisés pour effectuer des études d’allergènes alimentaires chez les souris sans avoir besoin de faire de tests en particulier de tests de provocation, toujours potentiellement dangereux, chez l’homme.
Affaire à suivre.
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