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Les vers mangent les sifflements des jeunes enfants éthiopiens.
dimanche 25 mai 2003, par
La théorie hygiéniste est actuellement très à la mode chez les allergologues. Est-ce que cette théorie « tient » dans les pays en voie de développement qui ont des infections parasitaires de façon endémique ?
Sifflements, allergie et infection parasitaire chez les enfants dans l’Éthiopie urbaine et rurale. : Dagoye D, Bekele Z, Woldemichael K, Nida H, Yimam M, Hall A, Venn AJ, Britton JR, Hubbard R, Lewis SA. Senior Lecturer in Medical Statistics, Division of Respiratory Medicine, Clinical Sciences Building, City Hospital, Hucknall Road, Nottingham NG5 1PB, UK. Sarah.Lewis@nottingham.ac.uk dans Am J Respir Crit Care Med 2003 May 15 ;167(10):1369-73
Les études épidémiologiques dans les pays développées suggèrent que les infections parasitaires pourraient réduire les risques d’asthme.
Parce que ces études sont toujours réalisées chez des adultes et des enfants grands, les auteurs ont étudié la relation entre les infections parasitaires, le sifflement bronchique et la sensibilisation cutanée aux allergènes chez des enfants nouveaux nés dans une étude cas contrôle provenant d’un suivi de cohorte de 7155 enfants âgés de 1 à 4 ans et vivant dans des régions urbaines et rurales de Jimma en Ethiopie.
Les infections parasitaires sont fréquentes essentiellement les trichinoses (54%), ascaridioses (38%) et ankylostomiases (10%).
Les sifflements dans l’année écoulée sont significativement plus fréquents chez les enfants des villes (4.4%) par rapport aux enfants des campagnes (2%), et sont moins fréquents chez ceux qui sont infectés par les ascaris (odd ratio ajusté sur le sexe, l’age et le mode d’habitation urbain/rural : 0.5 avec IC95% : 0.3-0.9) particulièrement en relation avec l’importance de l’infestation.
De façon similaire, bien que non significative, une association est trouvée pour l’ankylostomiase (odd ratio ajusté : 0 .6 avec IC95% : 0.2-0.8) mais il n’y a par contre pas de relation avec la trichinose.
Les sensibilisations cutanées à l’acarien D pteronyssinus et à la blatte germanique sont plus fréquentes chez les enfants vivants à la campagne par rapport aux enfants des villes, et il n’y a pas de lien avec les sifflements bronchiques.
– Conclusion : Les auteurs concluent que l’ascaridiose et probablement l’ankylostomiase protègent le jeune enfant éthiopien des sifflements bronchiques, et que cet effet n’est pas lié à une inhibition de la sensibilisation aux allergènes.
Dans ce travail, les auteurs démontrent une relation entre le fait d’avoir une infestation par ascaris et une diminution de la prévalence des sifflements bronchiques chez de jeunes enfants, d’une façon indépendante de la sensibilisation aux allergènes.
Ce travail n’est par vraiment convaincant car il est difficile d’extrapoler les conditions de vie des jeunes éthiopiens avec celles d’enfants de pays développés.
D’autre part le niveau d’infestation parasitaire et la nature des parasites n’ont rien à voir avec ceux de nos régions.
Il est difficile de ne pas penser que d’autres facteurs, en particulier alimentaire n’interviendraient pas.
Certes il y a une diminution de la prévalence des sifflements bronchiques lors d’infestation par ascaris et ankylostome, mais le fait que cette action soit indépendante de l’action sur la sensibilisation aux allergènes laisse penser qu’il existe un mécanisme propre aux parasites.
Est-ce que le parasite affecte le système immunologique de façon durable ? Est-ce que cette protection dure seulement le temps de la parasitose ? Cette parasitose est elle aigue ou chronique ?
Bref beaucoup de questions et peu de réponses.
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