Asthmatiques : mangez des vers

jeudi 29 mai 2003 par Dr Philippe Carré1996 visites

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Asthmatiques : mangez des vers

Asthmatiques : mangez des vers

jeudi 29 mai 2003, par Dr Philippe Carré

L’hypothèse hygiéniste, en faveur du rôle protecteur des infections sur la fréquence des maladies atopiques, est débattue. A partir d’une population exposée de façon endémique à schistosoma (connue pour diminuer la réactivité cutanée), les auteurs ont cherché si cette infection pouvait diminuer le cours de la maladie asthmatique.

L’infection à schistosoma mansoni est associée à une réduction d’activité de l’asthme : Manoel Medeiros Jr, MDa
Joanemile P. Figueiredo, MDa Maria C. Almeida, MDa Maria Analia Matos, MDa Maria I. Araújo, MD, PhDad Alvaro A. Cruz, MD, PhDa Ajax M. Atta, MD, PhDc Marco Antonio V. Rego, MD, PhDb Amélia R. de Jesus , MD, PhDa Ernesto A. Taketomi, MD, PhDe Edgar M. Carvalho, MD, PhDad From aServico de Imunologia do Hospital Universitário Prof Edgar Santos, Salvador, Bahia ; bInstituto de Saude Coletiva, Salvador, Bahia ; cDepartamento de Analises Clinicas e Toxicologicas, Universidade Federal da Bahia, Salvador, Bahia ; dEscola Baiana de Medicina e Saude Publica, Salvador, Bahia ; and eDepartamento de Immunologia, Microbiologia e Parasitologia, Universidade Federal de Uberlândia, Uberlândia, Minas Gerais dans JACI May 2003 • Volume 111 • Number 5

 Contexte. Les infections à helminthes diminuent la réactivité cutanée aux allergènes intérieurs, mais on ne sait pas si elles influencent la sévérité de l’asthme.

 But. Evaluer l’évolution de l’asthme chez des patients avec et sans infection à schistosoma mansoni (SM).

 Méthode.
* Des asthmatiques ont été inclus à partir de 3 zones de bas niveau socio-économique :
** une zone rurale endémique pour SM (groupe 1),
** et deux zones non endémiques pour SM :
*** une zone rurale (groupe 2)
*** et une zone urbaine insalubre (groupe 3).
* Un questionnaire basé sur l’Étude Internationale de l’Asthme et des Allergies de l’Enfant a été utilisé dans ces trois zones, et à partir de chaque zone 21 asthmatiques appariés pour l’âge et le sexe ont été sélectionnés pour une étude prospective sur un an.
* Des tests de fonction pulmonaire, des prick-tests aux allergènes intérieurs, un examen des selles et une évaluation biologique ont été réalisés chez ces sujets.
* Tous les 3 mois, les sujets étaient réévalués par un examen clinique pour les exacerbations d’asthme, et par un questionnaire pour les symptômes et l’utilisation de médicaments antiasthmatiques.

 Résultats.
* La prévalence de l’infection à SM était plus importante dans le groupe 1 par rapport aux groupes 2 et 3 (p<0.0001), alors que la fréquence des infections aux autres helminthes et aux protozoaires était la même dans les 3 groupes.
* La fréquence de positivité des tests cutanés aux allergènes intérieurs était moindre (19%) dans le groupe 1 par rapport au groupe 2 (76.2%) et au groupe 3 (57.1% ; p<0.001).
* La fréquence des symptômes, de l’utilisation des médicaments anti-asthmatiques, et des anomalies pulmonaires à l’examen clinique était moindre dans le groupe 1 par rapport aux 2 autres (p=0.0001).

 Conclusion. Ces résultats suggèrent que l’infection à SM est associée à une évolution moins importante de l’asthme.


L’infection chronique à SM, chez des patients asthmatiques, est associée à une moindre activité de la maladie asthmatique, alors qu’elle ne modifie pas la prévalence de la maladie. Le choix de ce parasite a été fait car il est connu pour diminuer la réactivité cutanée aux allergènes intérieurs, pour des raisons non connues.

Il est donc possible que l’infection helminthique module la réponse immune chez les asthmatiques, si tous les autres facteurs confondants de l’environnement ont été éliminés.

Deux conclusions peuvent en être tirées : il y aurait une moindre charge thérapeutique chez ces patients ; et sur un plan fondamental, ceci pourrait conduire à identifier les antigènes helminthiques impliqués dans cette modulation immune de la réponse allergique, ce qui pourrait avoir des implications thérapeutiques éventuelles dans la prise en charge des asthmatiques, y compris en dehors des zones endémiques.

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