Pour prévenir l’allergie faut-il téter le sein droite ou le sein gauche ?

mardi 27 mai 2003 par Dr Stéphane Guez2420 visites

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Pour prévenir l’allergie faut-il téter le sein droite ou le sein gauche ?

Pour prévenir l’allergie faut-il téter le sein droite ou le sein gauche ?

mardi 27 mai 2003, par Dr Stéphane Guez

Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’y a pas de consensus sur l’intérêt ou non de préconiser une alimentation au sein chez les nouveaux nés pour éviter le développement futur d’un terrain atopique. Les études sont très contradictoires. Mais cette étude surprenante pourrait réconcilier tout le monde…

Un double effet à long terme de l’alimentation au sein sur le développement de l’atopie en fonction de l’hérédité chez des enfants de 4 ans. : M. Siltanen1, M. Kajosaari1, T. Poussa2, K.M. Saarinen1, E. Savilahti1 1Hospital for Children and Adolescents, University of Helsinki ; 2STAT-Consulting, Tampere, Finland dans Allergy 58 (6), 524-530

L’effet à long terme de l’alimentation au sein sur le développement de l’atopie est encore une question non résolue. L’objectif de cette étude a été d’évaluer les effets à long terme de l’alimentation au sein sur l’atopie dans des groupes d’enfants de 4 ans classés en fonction du terrain atopique familial.

 Méthode :
* Les auteurs ont réuni des enfant âgés de 4 ans et faisant parti d’une cohorte suivie depuis la naissance :
** 2 groupes avec différents antécédents familiaux d’atopie, tous nourris exclusivement au sein pendant au moins 3 mois,
** et 2 groupes ayant des antécédents différents d’atopie sur le plan héréditaire, mais tous nourris avec un lait dérivé du lait de vache pendant leurs premières semaines.
* Les données ont été collectées par un questionnaire, des pricks tests, et l’évaluation du taux des IgE totales et des IgE spécifiques.

 Résultats :
* L’alimentation au sein réduit de façon significative le risque de développer une rhino-conjonctivite allergique (Odd Ratio : 0.41, IC 95% 0.18-0.95), ainsi que le risque de sensibilisation aux allergènes animaux comme cela a pu être mis en évidence par des tests cutanés et un dosage des IgE spécifiques chez les enfants ayant des antécédents familiaux d’atopie,
* alors que les enfants sans antécédent d’atopie et qui sont nourris au sein ont un risque augmenté d’avoir des symptômes d’atopie (OR 2.57, IC : 1.16-5.7) avec des taux élevés d’IgE totales.
* Une interaction spécifique a été trouvé entre hérédité et alimentation au sein.

 Conclusions : Les effets à long terme de l’alimentation au sein sont doubles : ,chez les enfants ayant des antécédents d’atopie, l’alimentation au sein protège du développement du terrain atopique, alors que les enfants n’ayant pas d’antécédents allergiques ont un risque augmenté de développer une allergie s’ils sont nourris au sein.


Dans ce travail les auteurs démontrent des effets opposés de l’alimentation au sein selon les antécédents familiaux d’atopie : s’il y a des antécédents d’atopie alors cette alimentation a un effet bénéfique, mais s’il n’y a pas de facteurs allergiques héréditaires alors cette alimentation est néfaste.

Ces résultats sont pour le moins surprenants mais pourraient permettre de comprendre les résultats toujours contradictoires sur les effets de l’alimentation au sein dans la prévention de l’allergie.

Il semble que cette alimentation soit bénéfique s’il existe un terrain atopique héréditaire, mais quelle soit néfaste dans le cas contraire.

Ainsi il y aurait une explication au développement de l’atopie qui serait lié a un effet « mauvaise mère » par alimentation au sein.

Pourquoi les mères sont-elles devenues allergisantes, ou du moins pourquoi favorisent-elles l’apparition d’un terrain atopique chez un nouveau né qui à priori ne devrait pas avoir de problèmes allergiques ? Il faut penser à un phénomène d’ordre immunologique dont l’explication semble pour l’instant obscure.

Si on en croit ces résultats, il ne faut donc préconiser l’alimentation au sein que chez les enfants ayant un risque génétique allergique et surtout pas pour les autres.

Ces résultats demandent des confirmations avant de prescrire la mère chez les allergiques et la vache chez les non allergiques.

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