La mesure du NO exhalé comme moyen de dépistage de l’asthme chez les enfants en maternelle ?

samedi 14 juin 2003 par Dr Arnaud Scherpereel3871 visites

Accueil du site > Maladies > Diagnostic > La mesure du NO exhalé comme moyen de dépistage de l’asthme chez les enfants (…)

La mesure du NO exhalé comme moyen de dépistage de l’asthme chez les enfants en maternelle ?

La mesure du NO exhalé comme moyen de dépistage de l’asthme chez les enfants en maternelle ?

samedi 14 juin 2003, par Dr Arnaud Scherpereel

L’idée d’un dépistage de l’asthme chez les enfants en maternelle peut être alléchante devant l’incidence croissante de cette pathologie dans la population et la notion du bénéfice d’une prise en charge thérapeutique précoce dans l’évolution de l’asthme chez l’adulte. Mais existe-t-il une technique simple adéquate ?

L’oxyde nitrique (NO) exhalé, plutôt que la fonction pulmonaire, distingue les enfants en maternelle avec un asthme probable. : L P Malmberg, A S Pelkonen, T Haahtela and M Turpeinen
Division of Allergy, Department of Medicine, Helsinki University Central Hospital, Helsinki, Finland
dans Thorax 2003 ;58:494-499

 Introduction :
* la fonction respiratoire et l’inflammation des voies aériennes peuvent être évaluées les enfants en maternelle par des techniques spéciales, mais leur pouvoir relatif dans l’identification des jeunes enfants avec un asthme n’a pas été étudié.
* Cette étude a été entreprise afin de comparer la valeur du dosage du NO exhalé, la mesure de la fonction pulmonaire de base, et la réponse aux bronchodilatateurs dans l’identification des enfants présentant un asthme probable récemment détecté.

 Méthodes  :
* 86 enfants en maternelle (âge ; 3,8-7,5 ans) avec des symptomes ou une histoire asthmatiques, et 62 enfants contrôles bien-portants non-atopiques d’âge similaire au premier groupe ont été étudiés.
* Le NO exhalé était mesuré par une technique standard lors d’une exhalation unique, la fonction pulmonaire de base, et la réponse aux bronchodilatateurs étaient mesurés par la technique « d’impulse oscillometry » (IOS).

 Résultats :
* les enfants présentant un asthme probable (n=21), caractérisé par des épisodes de sibilants récents récurrents, avaient
** une concentration moyenne du NO exhalé (erreur standard) significativement plus élevé que les sujets contrôles (22,1 (3,4) ppb vs. 5,3 (0,4) ppb ; différence moyenne 16,8 ppb, 95% d’intervalle de confiance : 12,0-21,5)
** et avaient aussi des résistances respiratoires de base plus élevées,
** une réactivité plus basse
** et des réponses aux bronchodilatateurs plus importantes exprimées par la modification des résistances après inhalation de salbutamol.
* Les enfants avec seulement une toux chronique (n=46) avaient aussi une concentration moyenne du NO exhalé significativement augmentée (9,2 (1,5) ppb ; différence moyenne 3,9 ppb, 95% IC : 0,8-7,0) mais leur fonction pulmonaire n’était pas significativement diminuée.
* Les enfants sous stéroides inhalés pour un asthme précédemment diagnostiqué (n=29) différaient des sujets contrôles seulement par leur fonction pulmonaire de base.
* L’analyse des courbes ROC (« receiver operating characteristic ») montraient que le dosage du NO exhalé avait le meilleur pouvoir discriminant des enfants présentant un asthme probable par rapport aux sujets contrôles sains, avec une sensibilité de 86% et une spécificité de 92% au point seuil (« cut off level ») d’une déviation standard au dessus de la valeur prédite.

 Conclusions  : la mesure du NO exhalé est supérieure aux mesures de la fonction pulmonaire de base et de la réponse aux bronchodilatateurs dans l’identification des enfants en maternelle présentant un asthme probable. Ces résultats soulignent la présence d’une inflammation des voies aériennes dès les phases initiales de l’asthme, même chez le jeune enfant.


Les principaux résultats de cette étude sont l’augmentation nette et significative de la concentration moyenne du NO exhalé chez les enfants présentant un asthme probable par rapport aux sujets contrôles sains (et même par rapport aux enfants tousseurs chroniques simples).

Ce pouvoir discriminant des enfants présentant un asthme probable par la mesure du NO exhalé n’était pas aussi net pour les mesures de la fonction pulmonaire de base et de la réponse aux bronchodilatateurs.

Les données présentées par les auteurs sont bien présentées sous forme de courbes ROC et semblent convaincantes. Cependant, avant de valider la mesure du NO exhalé dans cette indication (technique qui par ailleurs n’a encore démontré que peu d’indications en pratique !), ce dosage devrait être réalisé chez des milliers d’enfants asthmatiques et sains.

Il faudrait de plus tenir compte des biais potentiels de ce dosage (infection des voies aériennes…).

Cette technique pourrait cependant avoir le mérite à terme d’être plus accessible en routine que les mesures de la fonction pulmonaire de base et de la réponse aux bronchodilatateurs, examens importants pour affirmer l’asthme.

Dans leur conclusion, les auteurs rappelent peut-être le fait le plus important souligné par cette étude, la présence d’une inflammation des voies aériennes dès les phases initiales de l’asthme, même chez le jeune enfant.

L’intérêt d’une prise en charge thérapeutique précoce de l’asthme est aussi démontré par la disparition de ce témoin de l’inflammation qu’est l’augmentation du NO exhalé chez les enfants sous stéroides inhalés pour un asthme précédemment diagnostiqué qui différaient des sujets contrôles sains seulement par leur fonction pulmonaire de base altérée.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois