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Les boulangers sont plus exposés aux risques respiratoires que d’autres ouvriers.
lundi 23 juin 2003, par
Cette étude met en comparaison deux groupes de travailleurs : boulangers et ouvriers d’usine pétrochimique. On peut effectivement se poser la question de savoir quel environnement professionnel est plus néfaste : la farine ou les dérivés pétroliers ? La réponse est-elle dans l’allergène ou dans les irritants non spécifiques ?
Sensibilisation allergénique, symptômes, et fonction respiratoire chez des travailleurs de boulangerie, comparés à une population non exposée professionnellement. : Droste J, Myny K, Van Sprundel M, Kusters E, Bulat P, Braeckman L, Vermeire P, Vanhoorne M. dans J Occup Environ Med. 2003 Jun ;45(6):648-55
Seulement quelques études ont prouvé les risques relatifs d’asthme professionnel chez les boulangers, et aucune d’entre elles n’inclut les symptômes respiratoires liés à la profession en plus de la sensibilisation aux allergènes professionnels et à la fonction respiratoire.
Un échantillon randomisé de 246 travailleurs de boulangeries traditionnelles ou industrielles dans deux régions de Belgique, a été comparé avec une population de référence de 251 ouvriers d’une usine pétrochimique de la même région.
Les données de la positivité des tests cutanés, des symptômes, et de la fonction respiratoire, ont été collectés par des procédures standardisées.
Les différences entre les deux populations ont été analysées par l’intermédiaire d’analyses multiples logiques et linéaires.
– En moyenne , les boulangers n’ont pas plus souvent des tests cutanés positifs que les ouvriers de référence ( 39.4 % et 42.6 % respectivement ).
– Cependant, les boulangers ont un risque plus important d’être sensibilisés aux allergènes spécifiques de la boulangerie ( OR 22.0, 95 % IC= 6.3-77.1 ), alors que les risques pour les allergènes communs , comprenant les pollens et les acariens de stockage, étaient significativement moins élevés (OR 0.6, 95 % = 0.4-0.9).
– Les boulangers ont de façon significative plus souvent des symptômes respiratoires et des symptômes reliés à leur travail. En conséquence, ils ont des paramètres de fonction respiratoire inférieurs.
– L’atopie et la sensibilisation aux allergènes de boulangerie étaient indépendants, ainsi que le facteur de risque supplémentaire des symptômes liés au travail .
– Les boulangers ont un risque plus élevé de symptômes respiratoires et allergiques aux allergènes spécifiques de la boulangerie que sont la farine de blé et l’alpha amylase.
– Le pollen de blé et les acariens de stockage ne sont pas à considérer comme des allergènes de boulangerie. Néanmoins , la fonction pulmonaire des boulangers peut être définie comme une obstruction isolée des bronches médianes.
Les boulangers ne sont donc pas plus sensibilisés qu’une autre population qu’on peut considérer comme représentative de la population générale.
Par contre, et cela tombe sous le sens, ils sont plus allergiques aux allergènes spécifiques de leur environnement professionnel ( farine, alpha amylase) ; des allergènes que l’on considère relatifs au milieu boulanger ( pollens de blé et acariens de stockage) ne sont pas significatifs , au contraire.
Enfin l’atopie et la sensibilisation aux allergènes professionnels sont sans rapport, on peut imaginer que le contact massif continu pendant des heures avec la farine et l’alpha amylase sont suffisamment sensibilisants pour déclencher des symptômes en dehors de tout contexte d’atopie.
On retiendra donc le rôle des allergènes professionnels, plutôt que celui des irritants, polluants … pétroliers, moins « méchants » qu’on ne pouvait le penser
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