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Reflux gastro-oesophagien et asthme : le bilan des études en 2003.
lundi 30 juin 2003, par
Le reflux gastro-oesophagien et l’asthme sont deux pathologies souvent concomitantes. De plus, de nombreux indices sont en faveur d’une interaction réciproque. Cette revue Cochrane tentent d’élucider l’apport du traitement du RGO sur la symptomatologie asthmatique.
Traitement du reflux gastro-oesophagien dans le cadre de l’asthme chez des enfants et des adultes (Revue Cochrane). : Gibson PG, Henry RL, Coughlan JL. Department of Respiratory and Sleep Medicine, John Hunter Hospital, Locked Bag 1, Hunter Mail Centre, NSW, AUSTRALIA, 2310. mdpgg@mail.newcastle.edu.au dans Cochrane Database Syst Rev. 2003 ;(2):CD001496
– CONTEXTE.
* Asthme et reflux gastro-oesophagien (RGO) sont deux pathologies qui co-existent fréquemment.
* Des études ont montré des résultats contradictoires concernant l’effet de l’acidité au niveau du bas œsophage sur le déclenchement de l’asthme.
* De plus, l’asthme pourrait accentuer le RGO.
* L’association dans le temps de ces deux pathologies n’a pas établi que le RGO à un rôle déclenchant dans l’asthme.
* Des essais randomisés concernant nombre de traitements du RGO dans l’asthme ont été conduits afin de déterminer si le traitement du RGO améliore l’asthme.
– OBJECTIFS. L’objectif de cette revue était d’évaluer l’efficacité des traitements du RGO en terme de bénéfice pour l’asthme.
– STRATEGIE DE LA RECHERCHE. Notre recherche s’est faite à partir du registre Cochrane des essais concernant les voies respiratoires, les articles de revues et les articles de listes de références.
– CRITERE DE SELECTION. Les essais contrôlés randomisés concernant le traitement du RGO chez des enfants et des adultes ayant fait l’objet des deux diagnostics, asthme et RGO.
– COLLECTE DES DONNEES ET ANALYSE. La qualité des études et des données extraites étaient évaluées par deux intervenants indépendants. Les auteurs étaient contactés pour confirmation et plus de renseignements.
– PRINCIPAUX RESULTATS.
* Douze études réunissaient les critères d’inclusion.
* La prise en charge thérapeutique comprenait les inhibiteurs de la pompe à protons (n=6), les anti-histaminiques (n=5), la chirurgie (n=1) et les mesures conservatoires (n=1).
* La durée du traitement allait d’une semaine à 6 mois.
* Une association dans le temps, entre asthme et RGO, était recherchée dans 4 études et retrouvée présente dans une proportion des participants de ces essais.
* Le traitement anti-reflux n’améliorait pas de façon flagrante la fonction respiratoire, les symptômes d’asthme, les accès nocturnes et le recours au médications antiasthmatiques.
– CONCLUSIONS.
* Chez les sujets asthmatiques souffrant de RGO, mais qui n’étaient pas recrutés spécifiquement sur la base d’un reflux associé à des symptômes respiratoires, il n’y avait pas d’amélioration globale de l’asthme en rapport avec l’application d’un traitement du RGO.
* Des patients de sous-groupes de l’ensemble recruté pourraient tirer bénéfice, mais il apparaît difficile de prédire les répondeurs.
Les résultats de cette revue Cochrane paraissent clairs. Traiter le RGO chez l’asthmatique ne semblent pas améliorer l’asthme lui-même.
Toutefois, comme l’indique les auteurs, les études retenues concernaient des patients non recrutés spécifiquement pour évaluer le retentissement du traitement du RGO sur l’asthme, il s’agissait donc d’asthmatiques tout-venants. Ceci constitue un instantané global qui suggère que dans la population des asthmatiques traiter ou pas le RGO ne change pas grand chose à l’asthme.
A mon avis, il faut rechercher parmi les asthmatiques ceux qui tireront bénéfice d’un traitement anti-RGO.
En effet, nous devons rester clinicien. Nous voyons nombre d’asthmatiques chez qui l’on découvre fortuitement un RGO et qui vont plutôt bien, le RGO n’ayant pas de retentissement sur l’asthme. Par contre, dans certains cas, sur un asthme pré-existant, il est indéniable que l’apparition du RGO aggrave de façon significative la pathologie asthmatique.
Il faudrait donc faire une étude en recrutant ce type de patients afin de juger de l’efficacité du traitement anti-RGO sur leur asthme.
On pourrait conclure aussi en disant que tout asthme équilibré qui s’aggraverait sans raison apparente doit faire rechercher, entre autre, un RGO actif.
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