IL17 : Serez-vous interloqué par cette nouvelle interleukine ?

vendredi 4 juillet 2003 par Dr Stéphane Guez3772 visites

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IL17 : Serez-vous interloqué par cette nouvelle interleukine ?

IL17 : Serez-vous interloqué par cette nouvelle interleukine ?

vendredi 4 juillet 2003, par Dr Stéphane Guez

L’immunologie découvre tous les jours de nouvelles molécules qui interviennent dans la régulation de la réaction immunitaire et inflammatoire. Cela suscite bien entendu des espoirs pour la compréhension des phénomènes allergiques et leurs traitements. L’interleukine 17 est-elle impliquée dans les affections respiratoires et lesquelles ?

Le taux d’interleukine 17 dans l’expectoration est corrélé avec le test d’hyperréactivité à la métacholine. : Barczyk A, Pierzchala W, Sozanska E. Department of Pneumology, Silesian Medical Academy, Katowice, Poland. adagneic@hotmail.com dans Respir Med. 2003 Jun ;97(6):726-33.

L’interleukine 17 (IL17) est une nouvelle cytokine qui est sécrétée par les cellules mémoires activée humaines TCD4+.

In vivo, l’IL17 recrute les neutrophiles au niveau des voies aériennes par l’intermédiaire de la libération de chémokines CXC (IL8) provenant des cellules épithéliales bronchiques.

Comme les neutrophiles sont impliqués dans la pathogénie de la bronchite chronique et de l’asthme, les auteurs ont cherché a valider l’hypothèse suivante : y a-t-il une augmentation de la concentration en IL17 dans les voies respiratoires de ces patients ?

 Objectif de l’étude : Les auteurs ont mesuré les taux d’IL17 dans l’expectoration de patients ayant une bonchopathie chronique obstructive (BPCO), une bronchite chronique et un asthme, par rapport à des témoins sains.

 Méthodologie :
* Les taux d’IL17 dans l’expectoration ont été mesurés par test ELISA chez
** 19 patients BPCO,
** 16 bronchitiques chroniques,
** 10 asthmatiques
** et 11 témoins contrôles.
* Le test hyper-réactivité bronchique à la métacholine a été réalisé chez les patients ayant un VEMS supérieur à 70% de la valeur prédite.

 Résultats :
* Il n’y a pas de différence significative entre les taux d’IL17 des différents groupes et les sujets témoins.
* Cependant, les taux d’IL17 dans l’expectoration des patients avec BPCO sont plus bas que dans l’asthme (p=0.004) et dans la bronchite chronique (p=0.01).
* Les moyennes sont les suivantes :
** asthme = 37.6 pg/ml (18.8-55.7),
** bronchite chronique = 293 pg/ml (18.8-49.7)
** et BPCO = 24.6 (0634.1).
* La comparaison entre les sujets sains (PD20% > 8 mg/ml) à un groupe ayant une hyperréactivité bronchique composé d’asthmatiques et de bronchitiques chroniques ayant une PD20% < 8 mg/ml, montre que les taux d’IL17 sont significativement plus élevés dans le second groupe (p=0.02).
* De plus, les taux d’IL17 sont significativement élevés (p=0.02) chez les asthmatiques ayant une hyperréactivité bronchique par rapport aux sujets contrôles.
* Enfin, les taux d’IL17 dans l’expectoration des sujets étudiés sont corrélés négativement à la PD20% (r=0.51, p=0.002).

 Conclusions : Ces résultats montrent que l’IL17 n’est probablement pas impliquée dans la pathogénie de la bonchopathie chronique obstructive stable mais pourrait jouer un rôle chez les patients ayant une hyperréactivité bronchique.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que l’interleukine 17 n’est finalement pas impliquée dans la BPCO alors que son action sur les neutrophiles en aurait fait une cytokine qui pouvait être spécifique de ces affections. Par contre il existe un lien avec l’hyper réactivité bronchique.

Ce travail n’a pas encore d’implication pour la pratique clinique de tous les jours.

Le fait que cette interleukine soit plutôt liée à l’hyper réactivité bronchique est troublant mais finalement offre certainement des perspectives nouvelles dans la compréhension de l’asthme.

On sait en effet qu’il y a une différence entre hyper-réactivité bronchique et asthme, et que cette association n’existe pas chez tous les asthmatiques, et que des non asthmatiques ont une hyper-réactivité bronchique élevée.

Les polynucléaires neutrophiles pourraient avoir un rôle spécifique et non les éosinophiles.

Le mécanisme d’action de l’IL17 est complexe, puisqu’elle intervient par l’intermédiaire de l’IL8 qui est une chémokine.

Il faut attendre d’autres données expérimentales pour mieux comprendre la place de cette interleukine 17 dans la physiopathologie de l’asthme.

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