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Apport de l’immunohistochimie et hybridation in situ pour l’étude des allergies alimentaires de l’enfant et de la maladie coeliaque
samedi 5 juillet 2003, par
2,5% environ des enfants développent une allergie alimentaire au lait de vache et seulement 60% d’entre eux par un mécanisme de type immédiat IgE médié. Une équipe de pédiatres finlandais et hongrois s’est intéressée aux allergies alimentaires de type retardée des 40% restant non IgE médiée à partir de biopsies du grêle.
Cytokines et molécules d’adhésion dans la muqueuse duodénale d’enfants présentant une allergie alimentaire de type retardé. : Veres G, Westerholm-Ormio M, Kokkonen J, Arato A, Savilahti E. *Hospital for Children and Adolescents, University of Helsinki, Finland ; dagger Ist Department of Pediatrics, Budapest, Hungary ; double dagger Department of Pediatrics, University of Oulu, Finland. dans J Pediatr Gastroenterol Nutr. 2003 Jul ;37(1):27-34.
– Objectifs : le but de l’étude était d’étudier l’expression de cytokines, molécules d’adhésion ainsi que de marqueurs d’activation et de prolifération sur des biopsies duodénales provenant d’enfants porteurs d’une allergie alimentaire (AA) de type retardé.
– Population, méthodes :
* sept enfants atteints d’allergie alimentaire sans traitement ( T-AA),
* sept enfants avec allergie alimentaire au lait de vache et/ou céréales traitée (T+AA)
* et cinq enfants témoins -contrôles ont permis d’obtenir des biopsies duodénales.
* De plus, 5 patients d’âge pédiatrique porteurs d’une maladie coeliaque furent inclus, au titre exclusif de témoins contrôles pour la technique d’hybridation in situ.
* La présence d’IFN-g, d’IL-4, de molécules d’adhésion et de marqueurs d’activation a été mise en évidence par immunohistochimie tandis que l’expression d’ARN messager d’IFN-g et d’IL-4 fut étudiée par hybridation in situ.
– Résultats :
* les patients T-AA possédaient une plus grande densité de cellules IFN-g positives dans la lamina propria que les patients traités T+AA ou les témoins ( p : 0.053 et p :0.018 respectivement).
* De plus les patients non traités présentaient un plus grand pourcentage de cellules des cryptes en mitose que les patients traités (p :0.026), un plus fort taux du marqueur HLA-DR dans les cryptes ainsi qu’une plus grande densité de lymphocytes T intra épithéliaux porteurs d’un récepteur TCR gamma-delta par rapport aux contrôles ( p : 0.48 et p : 0.010).
* La densité de cellules T alpha(4) bêta(7) positives dans la lamina propria tendait à être plus importante chez les contrôles que chez les sujets T-AA ou T+AA (p : 0.106 et p :0.073).
* L’expression d’ ARN m d’IL-4 était significativement plus haute chez la patients avec maladie coeliaque comparée aux autres groupes étudiés ( T-AA p : 0.006, T+AA p : 0.010, groupe contrôle p : 0.073) ; les patients avec maladie coeliaque exprimaient une plus grande quantité d’ARNm d’IFN-g que les patients T+AA ou les patients du groupe contrôle (p : 0.017 et p : 0.016).
– Conclusions : comme attendu, une orientation Th1 dominante était présente dans la lamina propria des enfants avec allergie alimentaire de type retardé. Ce phénomène pourrait entraîner l’activation des cellules épithéliales et augmenter leur turn-over.
Cette étude sur du matériel de biopsie intestinale, prélevé a priori en raison de l’existence d’une malabsorption digestive, a porté sur un petit nombre de patients (14 au total dont 7 enfants non traités et 7 enfants traités pour une allergie alimentaire au lait de vache et/ ou céréales) avec des résultats significatifs tant par immunohistochimie qu’hybridation in situ sous l’angle d’une cytokine Th1 l’IFN -g et d’une cytokine Th2 l’IL-4.
Les patients allergiques alimentaires non traités exprimaient davantage la composante Th1 et possédaient des marqueurs d’activation HLA-DR, des lymphocytes intra épithéliaux TCR gamma-delta en quantité supérieure aux enfants traités et aux témoins.
Inversement les patients porteurs d’une maladie coeliaque (qui n ’est pas une allergie alimentaire au sens strict mais une maladie auto immune provoquée par l’ingestion des protéines du gluten chez des individus génétiquement prédisposés HLA-DQ2 avec formation d’auto-anticorps dirigés contre une enzyme la transglutaminase tissulaire) exprimaient de façon significative davantage d’IL-4 mais également d’IFN-g par rapport aux groupes allergies alimentaires (T+ ouT-) ou contrôles.
Les anomalies observées dans l’allergie alimentaire non traitée au niveau des cryptes en terme de mitose et d’infiltration intra épithéliale en lymphocytes TCR gamma-delta seraient donc la conséquence de l’action cytotoxique de l’IFN-g.
D’autres études sur des séries plus importantes seront nécessaires pour valider ces données qui démontrent d’importantes différences entre allergie alimentaire retardée et maladie cœliaque.
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