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Que de morts évitables dans l’asthme.
mardi 8 juillet 2003, par
L’asthme est une maladie fréquente et représente un problème de santé publique en terme de morbidité et de mortalité. Plusieurs milliers de patients décèdent chaque année en Europe, et souvent chez les jeunes. Les auteurs ont cherché à savoir quels étaient, au Danemark, les facteurs de risque de décès dans la population infantile.
Mortalité par asthme dans la population infantile danoise : facteurs de risque et causes des décès par asthme. : Inger Merete Jørgensen, MD, PhD 1 *, Vagn B. Jensen, MD 1, Susanne Bülow, MD 1, Thomas L. Dahm, MD 1, Palle Prahl, MD, PhD 1, Knud Juel, PhD 2
1Department of Paediatrics, Gentofte University Hospital, Copenhagen, Denmark
2Danish Institute of Clinical Epidemiology, Copenhagen, Denmark dans Pediatric Pulmonology
Volume 36, Issue 2, 2003. Pages : 142-147
– Contexte. La mort infantile par asthme est un événement rare et potentiellement évitable. Les auteurs ont évalué les facteurs de risque possibles de mort par asthme chez les enfants et les adolescents, dans le but de prévenir ou de minimiser les décès dans ce groupe d’âge, et d’améliorer la prise en charge et le traitement de l’asthme.
– Méthodes.
* Revue des 108 cas de mort par asthme entre 1 et 19 ans au Danemark entre 1973 et 1994.
* Ont été recueillis : les certificats de décès, les rapports d’hospitalisation, les informations des médecins traitants, et les rapports d’autopsie.
* Les informations ont porté particulièrement sur les caractéristiques et la durée de l’asthme avant le décès, la sévérité de l’asthme, le moment et l’endroit du décès, le traitement médical à long terme, la qualité du traitement médical, les circonstances de l’épisode terminal, et le traitement médical au cours de ce dernier épisode.
* Les groupes d’âge de 1 à 4 ans, 5 à 14 ans et 15 à 19 ans ont été analysés séparément et globalement.
– Résultats.
* Les décès survenaient de façon prédominante dans le groupe 15-19 ans.
* En général, il y avait plus de décès l’été.
* Les patients décédés étaient plus souvent atopiques, avaient moins de symptômes d’asthme, et n’avaient pas de consultations de suivi régulières pour leur maladie.
* Presque tous avaient un asthme précoce.
* Le groupe 1-4 ans avait un asthme sévère.
* Les facteurs de risque majeurs pour tous les groupes étaient
** la détérioration progressive au cours du dernier mois,
** la longueur de la crise finale (> de 3 heures),
** et le délai prolongé d’intervention médicale à ce moment-là.
* Aucun enfant n’est décédé au cours de la première attaque.
*La non-compliance était plus fréquente dans le groupe 15-19 ans.
– Conclusions.
* Tous les enfants et les jeunes adultes asthmatiques devraient avoir une prise en charge médicale et une évaluation régulières, même s’ils n’ont que peu de symptômes.
* Cette étude souligne la nécessité d’une éducation continue de la famille, du patient et des médecins quant au traitement au long cours et à la prise en charge des crises aigues.
* Des plans d’action écrits clairement, pour les périodes d’aggravation, devraient être remis au patient et à sa famille, et si nécessaire à leurs médecins généralistes. Le but est que le patient ou les parents apprennent à reconnaître les signes d’aggravation et à savoir agir en fonction.
Cette étude vient confirmer avec force un constat accablant en terme de prévention médicale : la mort par crise aigue d’enfants asthmatiques devrait être réduite de façon majeure si les facteurs de risque, qui sont connus, étaient mieux appréhendés, en particulier dans la période immédiate précédent l’issue fatale : la détérioration progressive sur plusieurs semaines et la durée prolongée de la dernière crise devraient être des signes d’alarme connus des patients et de leurs familles ; l’appel pour crise grave devrait déclencher une prise en charge médicale immédiate, tout retard pouvant avoir des conséquences désastreuses, car il est bien connu que le pronostic dépend de la rapidité de mise en place du traitement médical (comme l’ont montré les études faites par les sapeurs-pompiers de Paris).
Si en soi la fréquence des symptômes n’était pas un critère de gravité, quelques caractéristiques individuelles de risque accru doivent être bien connues : l’atopie, la précocité de la maladie, la sévérité globale (dans la tranche d’âge inférieure) et la mauvaise compliance sont soulignées dans cette étude.
Le risque global plus important dans la tranche 15-19 ans (autour de l’adolescence) est aussi un facteur classique.
Enfin, il est remarquable de souligner qu’aucun enfant n’est décédé au cours de la première attaque aigue d’asthme, et que tous ces enfants étaient donc à risque connu de récidive.
Des mesures strictes doivent donc être mises en place à titre préventif, axées sur une stratégie d’éducation, incluant un plan d’action écrit en cas de crise grave : ceci est d’ailleurs inscrit en toutes lettres dans la dernière version des recommandations internationales sur la prise en charge de l’asthme (GINA 2002 : Global Initiative for Asthma).
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