Dans la désensibilisation spécifique, la physiopathologie ne fournit pas toujours de bons marqueurs d’efficacité.

lundi 21 juillet 2003 par Dr Arnaud Scherpereel2664 visites

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Dans la désensibilisation spécifique, la physiopathologie ne fournit pas toujours de bons marqueurs d’efficacité.

Dans la désensibilisation spécifique, la physiopathologie ne fournit pas toujours de bons marqueurs d’efficacité.

lundi 21 juillet 2003, par Dr Arnaud Scherpereel

Lors de l’ utilisation de la désensibilisation spécifique (DS) d’un allergène, le médecin allergologue aimerait bénéficier d’un marqueur objectif d’efficacité de la technique à comparer aux données subjectives fournies par le patient. L’étude de la physiopathologie de la DS pourrait fournir un tel outil.

La cc-chimiokine éotaxine, marqueur de l’efficacité de la désensibilisation spécifique chez les patients avec une rhino-conjonctivite allergique intermittente IgE-dépendante. : K. Jahnz-Róyk, T. Targowski, E. Godzinska-Wyszogrodzka, T. Pusa Department of Internal Medicine, Pneumonology and Allergology, Central Hospital of Military School of Medicine, Warsaw, Poland dans Allergy 58 (7), 595-601.

 Introduction :
* la (DS) d’un allergène est considérée comme un traitement valable dans plusieurs pathologies allergiques ; cependant, un marqueur immunologique adapté de l’efficacité de cette méthode thérapeutique n’a pas encore été trouvé.
* La cc-chimiokine éotaxine, d’action sélective sur les éosinophiles, semble jouer un rôle important dans la physiopathologie de la réponse allergique.

 Le but de cette étude était d’évaluer l’utilité de l’éotaxine dans la surveillance de l’efficacité de la désensibilisation spécifique chez les patients avec une rhino-conjonctivite allergique IgE-médiée.

 Méthodes :
* cent vingt-deux patients avec une rhino-conjonctivite allergique saisonnière IgE-médiée aux pollens d’arbres (bouleau, n = 42 ;noisetier/aulne, n = 14) ou d’herbacées et de céréales (n = 66) ont reçu une désensibilisation spécifique (DS) de l’allergène.
* Les taux sériques d’éotaxine étaient mesurés quatre fois chez chaque patient, peu de temps avant la DS (Evaluation 0), immédiatement après le traitement (Evaluation 1), au pic de la saison pollinique (Evaluation 2) et au moins 2 semaines après la saison pollinique (Evaluation 3).
* Les taux sériques d’éotaxine étaient mesurés simultanèment chez 59 sujets sains du groupe contrôle.
* Les changements dans les taux sériques d’éotaxine étaient évalués chez groupes de sujets sains et allergiques.
* Les symptômes cliniques de la rhino-conjonctivite IgE-médiée étaient évalués et comparés avec les changements dans les concentrations sériques d’éotaxine.

 Résultats  :
* les valeurs moyennes de concentrations d’éotaxine dans le sérum pendant les Evaluations 0-3 n’étaient pas différentes entre le groupe de sujets sains et le groupe de patients avec une rhino-conjonctivite IgE-dépendante (P > 0,05).
* De plus, il n’y avait pas de différences statistiquement significatives des concentrations d’éotaxine sériques entre les visites observées chez les patients recevant une immunothérapie (P > 0,05).
* Cependant, immédiatement après l’immunothérapie (Evaluation 1) la valeur moyenne de la concentration d’éotaxine dans le sérum était la plus basse et la plus proche de la concentration d’éotaxine sérique dans le groupe contrôle à la même visite.
* Aucune corrélation significative entre la valeur moyenne de la concentration d’éotaxine dans le sérum au maximum de la saison pollinique (r = 0,12, P > 0,05) ou les changements moyens des niveaux d’éotaxine entre les Evaluations 2 et 1 (r = 0,03, P > 0,05), d’une part, et le score cumulatif des symptômes et des médicaments, d’autre part, n’étaient mises en évidence.

 Conclusions : les résultats permettent de conclure que bien que l’éotaxine joue un rôle significatif dans le mécanisme de la désensibilisation spécifique (DS) d’un allergène, son taux sérique reste un pauvre indicateur de l’efficacité de la DS.


Aucun test statistique des auteurs n’a pu mettre en évidence pour le dosage du taux sérique d’éotaxine d’intérêt
* (1) discriminatif entre les sujets sains et les patients avec une rhino-conjonctivite IgE-dépendante,
* (2) pronostique de l’efficacité de la désensibilisation spécifique chez les patients traités et présentant une rhino-conjonctivite allergique IgE- dépendante.

La méthodologie de l’article semblant correcte, cette étude est un exemple de plus que l’étude de la physiopathologie d’un mécanisme immunologique complexe ne fournit pas toujours de bon marqueur de suivi de ce mécanisme.

En effet, si la cc-chimiokine éotaxine, d’action sélective sur les éosinophiles, semble jouer un rôle important dans la physiopathologie de la réponse allergique, son utilité dans la surveillance de l’efficacité de la désensibilisation spécifique chez des patients avec une rhino-conjonctivite allergique s’est révélée nulle.

La complexité de la réaction allergique peut facilement expliquer l’absence d’intérêt pronostique du dosage du taux sérique d’éotaxine. En revanche, l’absence de différence de ce taux entre les sujets sains et les patients allergiques peut paraître surprenante. Cependant, comme pour tout autre acteur de la réponse allergique, la notion de redondance entre chimiokines pourrait expliquer pour une part cette observation.

D’autre part, le dosage systémique sanguin d’un messager chimique d’action locale n’est peut être pas le bon reflet du contrôle par la désensibilisation spécifique d’une réaction allergique limitée comme une rhino-conjonctivite.

Pour trouver un marqueur objectif d’efficacité de cette technique, il faudrait peut-être plutôt étudier les clones lymphocytaires T spécifiques d’allergènes mais ceci risque de se révéler très difficile en routine !

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