Si l’acarien surfe sur le nez rouge, le sinus fait des vagues !

mardi 5 août 2003 par Dr Stéphane Guez4800 visites

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Si l’acarien surfe sur le nez rouge, le sinus fait des vagues !

Si l’acarien surfe sur le nez rouge, le sinus fait des vagues !

mardi 5 août 2003, par Dr Stéphane Guez

Il est commun de dire que l’allergie prédispose aux infections ORL hivernales et peut aggraver une sinusite. Mais comme toutes les évidences il est parfois nécessaire de le démontrer pour s’en assurer et peut-être cela permettra-t-il de convaincre nos décideurs en matière de santé de l’intérêt des anti-histaminiques chez l’allergique ?

Les patients ayant une rhinite allergique ont des signes plus importants de dysfonctionnement des sinus lors des infections virales hivernales que les non allergiques : O.-P. Alho1, T. J. Karttunen2, R. Karttunen3, H. Tuokko3, M. Koskela4, I. Suramo5, M. Uhari6 Departments of 1Otorhinolaryngology, 2Pathology, 3Medical Microbiology, 5Radiology and 6Pediatrics, University of Oulu, and the 4Microbiology Laboratory of Oulu University Hospital, Oulu, Finland dans Allergy 58 (8), 767-771.

Les infections virales hivernales sont certainement un des facteurs physiopathologiques les plus important dans le développement de la sinusite, en entraînant une obstruction du méat.

 L’objectif de ce travail a été d’évaluer si le fonctionnement des sinus est identique lors d’une infection virale hivernale chez des patients avec ou sans rhinite allergique.

 Méthode  :
* 48 patients volontaires ont été examinés au début (2° au 4° jours) d’un rhume, et 3 semaines plus tard.
* L’examen incluait un scanner, des biopsies des muqueuses nasales, et des prélèvements viraux et bactériens.
* Les patients ayant des tests cutanés positifs et une rhinite persistante ou intermittente ont été considérés comme ayant une allergie IgE médiée.
* De plus les taux d’IgE vis-à-vis de l’entérotoxine B du staphylocoque ont été mesurés.

 Résultats :
* 9 patients (19%) ont une rhinite allergique.
* Les patients allergique sont plus souvent sensibilisés vis-à-vis de l’entérotoxine B que les non allergiques (33% versus 3%, p=0.02).
* L’étiologie virale du rhume est prouvée pour 32 patients (67%).
* Les patients ayant une rhinite allergique ont significativement des scores au scanner plus élevés par rapport aux non allergiques durant les rhumes (score moyen 16 (6-22) versus 6 (0-17) ; p=0.004).
* Dans les 2 groupes, le score médian diminue lors de la convalescence, mais la différence reste significative (p=0.009).
* Parmi les patients allergiques, ceux qui sont sensibilisés contre le staphylocoque semblent avoir les scores scannographiques les plus élevés (moyenne de 16 (16 à 22)).
* Le taux des IgE totales et le comptage des éosinophiles de la muqueuse nasale sont corrélés avec le score scannographique pendant le rhume (respectivement r=0.38 ; p=0.008 et R=0.46, p=0.001.

 Conclusion : Les patients ayant une rhinite allergique IgE médiée ont des modifications sinusiennes plus sévères au scanner que les patients non allergiques lors des épisodes infectieux viraux hivernaux. Ces modifications témoignent d’un dysfonctionnement sinusien et peuvent augmenter le risque de sinusite bactérienne.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que le terrain atopique avec rhinite entraîne des sinusites plus sévères lors des épisodes viraux hivernaux, avec une sensibilisation plus fréquente que les non allergiques vis-à-vis de l’entérotoxine B du staphylocoque.

Cette étude confirme donc l’impression clinique d’une plus grande fréquence des sinusites chez les patients ayant une rhinite allergique.

Il est intéressant également de noter que ces patients atopiques se sensibilisent plus souvent à l’entérotoxine B du staphylocoque qui est un antigène majeur.

Il serait intéressant de savoir si ces IgE spécifiques ont un rôle aggravant, ou sont de simples témoins du terrain atopique chez ces patients.

En effet, il y a quelques années, on a souvent parlé du rôle des allergies microbiennes dans les manifestations cliniques ORL. Peut-on imaginer que ces IgE soient un facteur d’entretien d’une sinusite chronique ?

D’un point de vue plus pragmatique, les conclusions de ce travail sont simples : si on traite la rhinite inflammatoire, les patients allergiques feront moins de sinusite. Allergologues à vos traitements, en déplaisent à notre ministre de la santé !

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