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Un virus de l’allergie : mythe ou réalité ?
jeudi 21 août 2003, par
De nombreuses hypothèses sont proposées pour expliquer le nombre croissant des enfants allergiques dans nos sociétés développées. L’une de ces hypothèses concerne un lien possible entre certaines infections virales de l’enfance et l’atopie. L’Epstein Barr virus peut-il réellement induire l’apparition d’un terrain atopique ?
L’infection à Epstein Barr Virus (EBV) n’est pas associée au développement d’allergies chez l’enfant : Sidorchuk A, Lagarde F, Pershagen G, Wickman M, Linde A. Institute of Environmental Medicine, Karolinska Institute, Stockholm, Sweden. annika.linde@smi.ki.se dans Pediatr Infect Dis J. 2003 Jul ;22(7):642-7.
Différentes concentrations d’anticorps anti-EBV ont été observées chez les enfants atopiques et non atopiques, suggérant que l’infection à EBV pourrait jouer un rôle dans le développement d’un terrain allergique chez l’enfant.
– Objectif de l’étude : Evaluer l’association entre infection à EBV et atopie chez des enfants suédois âgés de 4 ans.
– Matériel et méthodes :
* Les auteurs ont étudié 2561 enfants nés de 1994 à 1996 et vivant en Suède à Stockholm.
* Les enfants ont été inclus dans un étude prospective de cohorte à la naissance, en se focalisant sur les relations entre l’exposition à différents environnements et à différents modes de vie durant l’enfance et le développement du terrain atopique.
* Des prélèvements sanguins ont été réalisés vers 4 ans, et des dosages d’IgG vis - à vis de l’EBV ont été réalisés par immunofluorescence indirecte.
* Les relations entre les sérologies EBV et les affections allergiques ont été évaluées, avec une analyse par régression logistique pour prendre en compte les autres facteurs de risque.
– Résultats :
* Un total de 1347 enfants sur 2561 (52%) ont une sérologie EBV positive, et la survenue d’un asthme (odd ratio ajusté : 1.1, IC95% : 0.81-1.49) ou de suspicion de rhinite allergique (odd ratio 0.97, IC95% : 0.76-1.25) en fonction de la positivité de cette sérologie n’est pas évidente.
* Chez les enfants dont les mères ont jusqu’à 25 ans, une prévalence plus élevée de la sérologie positive EBV est observée par rapport aux enfants d’une mère plus âgée (odd ratio 1.34, IC05% : 1 .04-1.71).
* Même chez les enfants dont les mères fument, la séroprévalence est plus forte que chez les enfants de mères non fumeuses (odd ratio 1.29, IC95% : 1.02-1.63).
– Conclusions : Cette étude va contre l’hypothèse d’un lien pathogénique entre infection à EBV dans le petite enfance et développement ultérieur d’affections allergiques.
Dans cette étude épidémiologique suédoise, les auteurs n’ont pas trouvé de lien entre infection à Epstein Barr virus dans l’enfance et développement d’un terrain atopique. Cette infection est plus fréquente chez les enfants nés d’une mère jeune de moins de 25 ans et qui fument.
Ce travail est intéressant car il permet d’apporter une réponse à cette hypothèse qui est souvent avancée concernant la possibilité d’un lien entre infection à EBV et développement d’un terrain atopique. Il n’en est donc rien, et il ne faut pas considérer cette infection ni comme déclenchant des allergies ni comme une infection qui protège des allergies.
Cette étude va contre l’hypothèse hygiéniste qui est actuellement critiquée. Il faut donc rechercher d’autres explications pour comprendre l’augmentation de prévalence des maladies allergiques.
Une restriction cependant, pour une étude de ce type le nombre de patients inclus n’est pas très élevé, d’autre part ce travail est suédois et le terrain génétique n’est certainement pas le même que dans d’autres pays.
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