Faut-il vraiment continuer à interroger nos patients allergiques ?

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Faut-il vraiment continuer à interroger nos patients allergiques ?

Faut-il vraiment continuer à interroger nos patients allergiques ?

vendredi 22 août 2003, par Dr Philippe Carré

Beaucoup d’enquêtes épidémiologiques, dans le domaine de l’allergie, utilisent dans leur conclusions des arguments qui reposent sur l’interrogatoire des patients. Quelle est la fiabilité de ces interrogatoires dans des populations non sélectionnées ? Cette étude en compare les résultats à ceux de tests cutanés réalisés de façon conjointe.

Comparaison des symptômes d’allergie rapportés par les patients avec le résultat de tests cutanés dans un essai clinique sur le rhume. : Krahnke JS, Gentile DA, Cordoro KM, Angelini BL, Cohen SA, Doyle WJ, Skoner DP. Department of Pediatrics, Children’s Hospital of Pittsburgh, Pittsburgh, Pennsylvania, USA. dans Am J Rhinol. 2003 May-Jun ;17(3):159-62.

 Contexte. Peu d’études ont étudié la relation entre les symptômes d’allergie rapportés par les patients et le résultat du testing cutané allergologique dans de larges cohortes non sélectionnées ou non biaisées.

 Objectif. Comparer les résultats de l’allergie rapportée par les patients au travers d’un interrogatoire, aux résultats d’un testing cutané allergologique réalisé par prick-tests, chez 237 adultes sains inclus dans une étude sur le rhume.

 Méthode.
* A l’inclusion, on a demandé à tous les sujets s’ils avaient des antécédents allergiques, et ils ont eu des prick-tests à 19 pneumallergènes, avec des contrôles positifs et négatifs.
* Le test était considéré positif s’il induisait une induration d’au moins 3 mm de plus que le contrôle négatif.

 Résultats.
* 48 sujets (20%) avaient des antécédents d’allergie et 124 (52%) avaient au moins un test cutané positif.
* Des antécédents d’allergie étaient retrouvés chez 40 (32%) des sujets avec tests positifs, et 8 (7%) de ceux avec tests négatifs.
* Il y avait au moins un test cutané positif chez 40 (83%) des sujets avec antécédents allergiques et 84 (44%) de ceux n’ayant aucune histoire allergique.

 Conclusion. Ces données indiquent qu’il y a une relativement pauvre corrélation entre les symptômes rapportés par les patients et le résultat des tests cutanés chez des sujets inclus dans une étude sur le rhume. Ces résultats ont des implications en pratique clinique et en recherche.


Si l’on considère que le testing cutané est un argument fiable pour le diagnostic épidémiologique de l’allergie dans une population d’adultes non sélectionnée, cette étude montre en effet que la corrélation est pauvre entre la fréquence des symptômes d’allergie allégués par les patients, et la fréquence de l’allergie dépistée par les tests cutanés.

Près de la moitié des patients sans histoire allergique à l’interrogatoire ont au moins un test positif, et seuls 32 % des patients avec des tests positifs rapportaient une histoire d’allergie.

Cette mauvaise corrélation doit être prise en compte, dans les deux sens, quand on interprète des données qui reposent sur l’interrogatoire et la fréquence des symptômes rapportés par les patients, que ce soit à visée de prise en charge clinique ou dans des essais réalisés en recherche clinique.

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