Accueil du site > Maladies > Asthme > Faire travailler ses muscles expiratoires dans la BPCO peut rapporter gros !

Faire travailler ses muscles expiratoires dans la BPCO peut rapporter gros !
mardi 26 août 2003, par
La réhabilitation respiratoire des patients présentant une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une technique reconnue et efficace mais aussi un domaine encore en plein développement. L’article ici présenté explore l’intérêt potentiel de l’entrainement spécifique des muscles expiratoires chez ces patients.
Entrainement spécifique des muscles expiratoires dans la BPCO. : Paltiel Weiner, MD ; Rasmi Magadle, MD ; Marinella Beckerman, MD ; Margalit Weiner, PhD and Noa Berar-Yanay, MD * From the Department of Medicine A, Hillel Yaffe Medical Center, Hadera, Israel. dans Chest. 2003 ;124:468-473
– Données antérieures :
* il existe plusieurs études montrant que la force et l’endurance des muscles expiratoires peuvent être altérées chez les patients présentant une BPCO. Cette faiblesse musculaire peut avoir des implications cliniquement significatives.
* L’entrainement des muscles expiratoires tend à améliorer la toux et à réduire la sensation d’effort respiratoire pendant l’exercise chez les patients autres que ceux présentant une BPCO.
– Méthodes :
* Vingt-six patients présentant une BPCO (VEMS à 38% de la valeur prédite) ont été recrutés pour cette étude.
* Les patients étaient randomisés dans deux groupes :
** groupe 1, 13 patients étaient désignés pour recevoir un entrainement spécifique des muscles expiratoires (ESME) quotidiennement, six fois par semaine, chaque séance consistant en 1/2 h d’entrainement, pendant 3 mois ;
** groupe 2, 13 patients étaient désignés comme groupe contrôle et ont subi un entrainement très léger.
* Une spirométrie, la force et l’endurance des muscles expiratoires, un test de marche de 6 minutes, l’index de Mahler de la dyspnée de base (avant), et l’index de dyspnée transitionnelle (après) étaient mesurés avant et après entrainement.
– Résultats :
* les changements induits par l’entrainement étaient significativement plus importants dans le groupe ESME que dans le groupe contrôle pour les variables suivantes :
** la force musculaire expiratoire (de 86 ± 4,1 à 104 ± 4,9 cm H2O, p < 0,005 ; différence moyenne par rapport au groupe contrôle, 24% ; 95% d’intervalle de confiance, 18 à 32%),
** l’endurance des muscles expiratoires (de 57 ± 2,9% à 76 ± 4,0%, p < 0,001 ; différence moyenne par rapport au groupe contrôle, 29% ; 95% d’intervalle de confiance, 21 à 39%),
** et la distance parcourue en 6 minutes (de 262 ± 38 m à 312 ± 47 m, p < 0,05 ; différence moyenne par rapport au groupe contrôle, 14% ; 95% d’intervalle de confiance, 9 à 20%).
* Il y avait aussi une petite augmentation mais non significative de l’index de dyspnée (de 5,1 ± 0,9 à 5,6 ± 0,7, p = 0,14).
– Conclusions : les muscles expiratoires peuvent être spécifiquement entrainés avec une amélioration de la force et de l’endurance musculaires expiratoires chez les patients présentant une BPCO. Cette amélioration est associée à une augmentation de performance à l’exercise mais à aucun changement significatif dans la sensation de dyspnée dans les activités quotidiennes.
L’entrainement spécifique des muscles expiratoires permet dans cette étude à des patients présentant une BPCO présentant un VEMS déjà très diminué (38% de la valeur prédite) d’améliorer très significativement leur force et leur endurance musculaires expiratoires.
Cette amélioration permettait un gain significatif de leur potentiel d’activité reflété par l’augmentation de la distance parcourue lors du test de marche par le groupe BPCO après entrainement (+50m).
Malheureusement ces gains objectifs de la fonction respiratoire des patients ne se traduisaient pas par une amélioration significative de la sensation de la dyspnée perçue par le patient et mesurée par des index.
Ce dernier résultat et à la relative lourdeur du programme d’entrainement spécifique des muscles expiratoires semblent être les principaux freins pour faire accepter cette technique à une population de patients ne percevant pas toujours souvent bien leur maladie et l’altération de leur qualité de vie en découle.
Il est dommage que les auteurs n’aient pas plus mis en avant des questionnaires de mesure de la qualité de vie des patients, car à défaut d’amélioration significative de la sensation de la dyspnée perçue par le patient, il semblerait surprenant que celui-ci ne perçoive pas un gain significatif en terme de qualité de vie secondaire à une augmentation de la distance qu’il est capable de parcourir lors du test de marche.
Recevez les actualités chaque mois