Une souris Balb..eu qui courrait dans l’Lab..eu, je l’attrape par la queue…

mercredi 3 septembre 2003 par Dr Stéphane Guez3794 visites

Accueil du site > Sciences > Immunologie > Une souris Balb..eu qui courrait dans l’Lab..eu, je l’attrape par la queue…

Une souris Balb..eu qui courrait dans l’Lab..eu, je l’attrape par la queue…

Une souris Balb..eu qui courrait dans l’Lab..eu, je l’attrape par la queue…

mercredi 3 septembre 2003, par Dr Stéphane Guez

Comment apprécier le potentiel allergique respiratoire d’une molécule chimique sans avoir recours à une expérimentation humaine, et avec un résultat le plus parfait possible c’est-à-dire sensible et spécifique ? Vous donnez votre langue au chat ? Vous avez tort, il faut la donner à la souris…

Méthodes pour l’identification des allergènes chimiques respiratoires chez les rongeurs : comparaison du profil des cytokines avec les modifications induites des IgE sériques. : Dearman RJ, Skinner RA, Humphreys NE, Kimber I. Syngenta Central Toxicology Laboratory, Alderley Park, Macclesfield, Cheshire SK10 4TJ, UK. rebecca.dearman@syngenta.com dans J Appl Toxicol. 2003 Jul-Aug ;23(4):199-207

Aucune méthode validée ou largement reconnue n’est actuellement disponible pour l’identification prospective des produits chimiques ayant un risque potentiel pour les voies respiratoires.

Les mécanismes cellulaires et moléculaires qui résultent de l’induction d’une sensibilisation chimique de l’appareil respiratoire sont peu clairs, bien qu’il y ait des arguments pour un développement sélectif d’une réponse de type TH2, avec dans certains cas la production d’IgE spécifiques.

 Objectif de l’étude :
* Les auteurs ont étudié l’intérêt de 2 méthodes : étude du profil cytokinique utilisant des souris BALB/c, et de façon concomitante, étude de l’augmentation du taux des IgE sériques totales chez les rats Brown Norway, ceci pour identifier de façon prospective les allergènes chimiques respiratoires.

 Méthodologie : Les réponses provoquées par l’allergène respiratoire de référence, le trimellic anhydride (TMA) ont été comparées avec celles provoquées par les sensibilisants respiratoires suivants : diisocyanate toluene diisocyanate (TDI), hexamethylene diisocyanate (HDI) et l’acide anhydride hexahydrophtalic anhydre (HHPA).

 Résultats :
* Les expositions cutanées locales des rats BN à TMA, TDI et HHPA ont chacune entraîné une activation immune marquée (augmentation de la cellularité des ganglions lymphatiques et de leur prolifération).
* Cependant, seul le traitement avec le TMA entraîne une stimulation vigoureuse de la concentration des IgE sériques totales.
* Par contraste, l’exposition à HHPA, TDI ou HDI ne provoquent pas de modification significative de la concentration des IgE, ou induit de façon transitoire seulement et de façon modérée une augmentation des IgE sériques.
* De façon parallèle à ce travail utilisant des souris BALB/c, l’application topique des 4 allergènes chimiques respiratoires entraîne un profil de sécrétion cytokinique marqué de type TH2 par les lymphocytes des ganglions de drainage.

 Conclusions :
* Ces données suggèrent que la mesure des modifications du taux des IgE sériques n’est pas suffisamment sensible pour identifier de façon certaine les allergènes chimiques respiratoires.
* Par ailleurs, indépendamment des variations de la production des IgE induites par le TMA chez les rats BN, des doutes persistent sur l’intérêt de ce modèle animal pour caractériser les réponses immunologiques aux allergènes chimiques.
* Le profil cytokinique utilisant des souris BALB/c semble être une meilleure méthode pour l’évaluation des allergènes chimiques respiratoires.


Dans ce travail, les auteurs démontrent que le modèle de souris BALBc dont on étudie le profil de sécrétion de cytokines après application topique d’un produit chimique, est un modèle fiable pour identifier les molécules chimiques à risque allergique respiratoire qui entraînent un profil de sécrétion de type TH2.

Il est très important de disposer d’un modèle animal pour tester les capacités potentielles de produits chimiques à entraîner des manifestations allergiques respiratoires. Il n’est en effet pas possible de faire des expérimentations chez l’homme.

Jusqu’à présent c’est surtout le modèle du rat avec dosage des IgE après exposition à la molécule chimique qui était utilisé.

Ce nouveau modèle qui se base sur la réponse des cytokines par le système lymphocytaire après application du produit chimique est beaucoup plus fiable et certainement plus proche de la réalité physiopathologique. Un profil de sécrétion TH2 permet d’identifier sans erreur les molécules déjà connues.

Ce test n’est évidemment ni simple ni bon marché, et doit être réservé à des centres de recherche ou à l’industrie. Il est certain que nous aimerions disposer d’un test biologique simple pour étudier les molécules chimiques qui sont souvent incriminées en pathologie professionnelle, et vis-à-vis desquelles nous sommes encore trop souvent démunies.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois