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Les bébés allergiques à leurs mamans : faut-il que les pères prennent le relais ?
vendredi 5 septembre 2003, par
Pourquoi y a-t-il plus souvent des allergies alimentaires en particulier chez les jeunes enfants, qui sont sensibilisés avant même d’avoir eu un contact avec l’aliment en question ? Pourquoi le bébé de l’an 2000 se sensibilise-t-il aux allergènes ingérés par la mère via l’allaitement ? Enfin une réponse satisfaisante…
Diminution des cellules T qui produisent le TGF (transforming growth factor) béta-1 au niveau de la muqueuse duodénale des enfants ayant une allergie alimentaire. : Perez-Machado MA, Ashwood P, Thomson MA, Latcham F, Sim R, Walker-Smith JA, Murch SH. Centre for Paediatric Gastroenterology, Royal Free and University College School of Medicine, London, GB dans Eur J Immunol. 2003 Aug ;33(8):2307-15
Les allergies alimentaires de l’enfant sont en augmentation, et actuellement beaucoup d’enfants nourris au sein se sensibilisent aux antigènes ingérés par la mère.
– Objectif : Comme la tolérance locale de faible dose nécessite la génération de lymphocytes T suppresseurs produisant du TGF-béta 1 (TH3), les auteurs ont étudié ces cellules au niveau de biopsies duodénales après un diagnostic endoscopique.
– Méthodologie :
* La production spontanée de cytokines TH1, TH2 et TH3 par les lymphocytes duodénaux a été étudiée par cytomètrie de flux chez 20 enfants sans diagnostic clinique pathologique (témoins) et chez 30 enfants ayant des allergies alimentaires multiples, 9 ayant une maladie coeliaque et 6 une entéropathie inflammatoire.
* Immunochimie et hybridation in situ ont été utilisées pour localiser la protéine TGF-béta 1 et l’ARNm sur les biopsies.
– Résultats :
* Les auteurs n’ont trouvé aucune différence significative de la balance TH1/TH2 au niveau des lymphocytes des enfants allergiques par rapport aux témoins, bien que dans la maladie coeliaque et dans les entéropathies, les patients aient une augmentation de la réponse TH1.
* Par contre, les enfants allergiques ont une réduction des lymphocytes TGF-béta 1+, à la fois au niveau de l’épithélium et au niveau de la lamina propria.
* La réduction de l’expression de TGF-béta1 a également été observée au niveau des cellules mononuclées et de l’épithélium dans l’allergie alimentaire, par immunochimie et par hybridation in situ.
– Conclusion :
* L’anomalie dominante de la muqueuse chez les patients ayant une allergie alimentaire est donc, non une déviation vers les TH2, mais une génération anormale des cellules TH3.
* Comme la génération de ces cellules nécessite une réponse immune innée aux bactéries entériques, les auteurs suggèrent que des modifications de l’exposition aux agents infectieux pourraient inhiber l’établissement primaire d’un mécanisme de tolérance orale de base.
Les auteurs démontrent que les enfants sensibilisés aux allergènes alimentaires ne développent pas une réponse TH2 préférentielle, mais ont au contraire une insuffisance de production de lymphocytes TH3 qui induisent une tolérance. Ce déficit pourrait être acquis par une modification de l’environnement infectieux.
Ce travail est intéressant car il permet de faire le lien entre l’augmentation des maladies allergiques, en particulier des allergies alimentaires, et la théorie hygiénique.
Cette dernière propose d’expliquer l’augmentation de l’atopie par une modification des réponses lymphocytaires en raison d’une modification de l’environnement infectieux.
Pour expliquer le développement d’une sensibilisation à de très faibles doses d’allergènes chez les enfants allaités, la théorie qui repose sur une modification de la balance TH1/TH2 n’est pas satisfaisante.
Il faut plutôt évoquer une rupture des mécanismes de tolérances. Ces derniers reposent sur l’induction du développement de lymphocytes de type TH3 qui sont caractérisés par la production de TGF béta1.
Les auteurs démontrent sur des biopsies duodénales, qu’il y a effectivement chez les enfants allergiques, une diminution de cette catégorie de lymphocytes entraînant ainsi une rupture de tolérance. Cette modification serait induite par une modification de la flore intestinale.
L’ensemble de ces résultats conforte donc l’idée qu’une intervention précoce sur la flore intestinale pourrait modifier et réorienter correctement le développement immunologique du petit enfant.
Finalement nos grands-mères avaient raison : "si tu manges bien tu ne seras pas malade".
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