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Travailler ou respirer ? Je choisis de respirer et vous ?
jeudi 9 octobre 2003, par
La pathologie professionnelle est encore mal connue en particulier pour son retentissement respiratoire éventuel. Il est classique de rechercher une allergie chez les patients consultants pour un asthme, mais est-ce que les polluants non allergisants peuvent induire par eux même un asthme ?
Pollution non allergisante sur le lieu de travail et développement d’une asthme. : Flodin U, Jonsson P.
Department of Occupational and Environmental Medicine, University Hospital, 581 85, Linkoping, Sweden
dans Int Arch Occup Environ Health. 2003 Sep 23
– Le but de ce travail a été de déterminer si une exposition professionnelle à des polluants non allergisants pouvait ou non augmenter le risque de développer un asthme.
– Méthode :
* 120 personnes ayant un asthme diagnostiqué par un médecin, âgés de 20 à 65 ans, ont été comparées à 446 patients témoins appariés selon l’age, et le sexe, et vivants dans le même milieu.
* Des données sur le travail, l’exposition à des allergènes, les habitudes tabagiques, le type de logement et les antécédents d’atopie ont été recueillies par un questionnaire envoyé par la poste.
* Le poste de travail a été qualifié propre ou pollué selon le jugement des patients référents par rapport à leur travail respectif.
– Résultats :
* 3 ans ou plus de travail dans une atmosphère polluée entraîne un Odd ratio de 1.7 (IC95% : 1-2.7).
* La stratification sur les habitudes tabagiques, le sexe et l’atopie ne modifie pas ces résultats, de même que l’exclusion des patients exposés d’une façon statistiquement significative à des allergènes comme la poussière de farine.
* Le tabac n’est pas un facteur de risque d’asthme.
* Le travail dans des bâtiments avec humidité et moisissures multiplie par 4 les facteurs de risque.
– Conclusion : Dans cette étude, l’exposition professionnelle à une pollution atmosphérique non allergisante est associée à une augmentation du risque de développer un asthme chez des adultes.
Dans cette étude, les auteurs démontrent que l’exposition professionnelle à des polluants non allergisants entraîne une augmentation du risque de voir apparaître un asthme, en particulier pour les personnes qui travaillent dans une atmosphère humide riche en moisissures.
Ce résultat est intéressant, car le plus souvent l’asthme est considéré comme une affection seulement d’origine allergique, avec recherche sur le lieu de travail d’une exposition à des allergènes.
Ce travail démontre que l’exposition à des polluants non allergisants peut entraîner l’apparition d’un asthme.
Cependant, l’humidité et les moisissures ont un rôle important, pouvant évoquer une participation allergique par des allergènes mal connues et difficiles à explorer que sont les moisissures. Mais un terrain atopique n’est pas un facteur de risque supplémentaire de développer un asthme.
Ce type d’atmosphère concentre certainement aussi les polluants divers non allergisants.
Enfin, le tabac en lui-même ne semble pas une cause déclenchant d’asthme.
Il est donc plus important que jamais de bien connaître l’environnement professionnel des patients qui viennent consulter pour un asthme, et d’évaluer le risque de pollution de chaque poste. L’absence de terrain atopique ne doit pas éliminer ce diagnostic d’asthme professionnel, ni empêcher la déclaration du lien entre travail et asthme.
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