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Un peu de sang et un crachat induit pour prédire « l’avenir » d’un patient asthmatique ?
vendredi 10 octobre 2003, par
L’obtention d’une méthode simple et non-invasive d’évaluation de l’inflammation des voies aériennes chez les patients asthmatiques et de l’efficacité du traitement stéroide inhalé sur cet élément physiopathologique, est un axe important de la recherche en allergologie, exploré ici.
Evaluation de la dépendance du taux d’oxyde nitrique exhalé et des marqueurs éosinophiliques locaux et sériques vis-à-vis de la dose de dipropionate de béclomethasone (BDP) inhalé chez des asthmatiques non-atopiques naïfs de tout traitement par les stéroides. : Negro RD, Micheletto C, Tognella S, Turco P, Rossetti A, Cantini L.
Lung Department, Hospital of Bussolengo, Verona Medical Department, Chiesi Group, Parma, Italy
dans Allergy. 2003 Oct ;58(10):1018-1022
– Le but de cette étude était d’évaluer la dépendance vis-à-vis de la dose de stéroides inhalés des changements des marqueurs de l’inflammation des voies aériennes (compte des éosinophiles et dosage de l’eosinophil cationic protein (ECP)) mesurés dans l’expectoration induite et dans le serum, de même que celui du taux d’oxyde nitrique exhalé (NO).
– Vingt patients naïfs de tout traitement par les stéroides avec un asthme non-atopique de degré faible à modéré (volume expiratoire maximal en 1 seconde (VEMS) = 70% de la valeur prédite) et avec une réponse négative aux tests standards pour l’allergie étaient sélectionnés ;
– Après 1 semaine d’inclusion, ils étaient randomisés pour recevoir un traitement d’une période de 12 semaines de dipropionate de béclomethasone (BDP) inhalé en poudre sèche donné avec l’inhalateur Pulvinal(R) (Clenil P(R), Chiesi Farmaceutici S.p.A., Parma, Italy) à deux différentes doses, 400 microg chacun (dose élevée) ou 200 microg chacun (dose faible), suivant un système en double aveugle, en groupes parallèles.
– Les données suivantes du suivi étaient évaluées en base et après 1, 6 et 12 semaines de traitement :
* VEMS (l),
* compte des éosinophiles (%) et dosage de l’eosinophil cationic protein (ECP en microg/l) mesurés dans l’expectoration induite,
* compte des éosinophiles serum (%) et dosage de l’ECP (en microg/l) mesurés dans le serum et
* NO exhalé (ppb).
– Les résultats montraient que tous les paramètres considérés s’amélioraient dans les 2 groupes :
* l’augmentation du VEMS par rapport à la valeur de base et la diminution du NO étaient significatives à tout moment dans le groupe dose élevée et seulement à la 12ème semaine pour le groupe dose faible (pas de différence significative entre les groupes),
* alors que les marqueurs d’activité éosinophilique mesurés dans l’expectoration induite présentaient une réduction plus importante dans le groupe dose élevée que dans le groupe dose faible (P<0,05 entre les groupes après 6 et 12 semaines pour le compte des éosinophiles et and après 12 semaines pour l’ECP).
* Les diminutions par rapport à la valeur de base des marqueurs mesurés dans le serum étaient plus précoces dans le groupe dose élevée, sans différences entre les groupes.
* Une tendance nette à une corrélation négative était observée entre le VEMS et l’ECP, (r = -0,72, P<0,05), entre le VEMS et compte des éosinophiles dans l’expectoration induite (r = -0,31, NS) et entre le VEMS et le NO exhalé (r = -0,38, NS) dans le groupe dose élevée seulement.
– Les résultats de cette étude démontrent que les changements de niveau d’activité éosinophilique dans les voies aériennes, mesurée dans l’expectoration induite, sont dépendants de la dose quotidienne de stéroides inhalés, et que l’évaluation locale peut ainsi être une méthode pratique et non-invasive pour surveiller l’étendue de l’inflammation des voies aériennes.
Sur la base de son évaluation par des marqueurs locaux et sériques (NO exhalé et activité éosinophilique), il est démontré que l’inflammation des voies aériennes :
* (a) est diminuée de manière dose-dépendante par l’administration quotidienne de stéroides inhalés chez des patients naïfs de tout traitement par les stéroides avec un asthme non-atopique de degré faible à modéré ;
* (b) peut être appréciée par cette méthode simple et non-invasive (bilan sanguin de routine et expectoration induite).
Enfin, la diminution de ces différents marqueurs de l’inflammation des voies aériennes semble inversement corrélée à l’amélioration du trouble ventilatoire obstructif (VEMS) des patients.
Le choix par les auteurs des marqueurs (NO exhalé et activité éosinophilique) d’inflammation des voies aériennes semble globalement pertinent, à l’exception des marqueurs sériques qui d’ailleurs n’apportent pas non plus d’information intéressante dans cette étude.
Leurs données encourageantes méritent d’être validées sur un très large panel avant l’utilisation en routine de cette méthode. Ceci pourrait peut-être permettre d’obtenir une corrélation (négative) significative et plus franche par rapport à cette étude pilote entre les marqueurs d’inflammation et le VEMS.
Il faut noter que la réalisation d’une expectoration induite, relativement simple mais déjà pas si agréable que cela pour un patient asthmatique équilibré de degré faible à modéré, peut se révéler beaucoup plus difficile voire dangereuse (bronchospasme induit) pour un patient sévère.
De plus, ces données obtenues pour l’asthme non-atopique peuvent-elles être étendues à l’asthme atopique non exploré ici ?
Ces différents arguments risquent de freiner encore un peu de temps cette méthode qui semble cependant très prometteuse pour le suivi et l’adaptation thérapeutique des patients asthmatiques.
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