Asthme aigu : snifer ou injecter les corticoïdes ?!

mercredi 22 octobre 2003 par Dr Alain Thillay2476 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > Asthme aigu : snifer ou injecter les corticoïdes ?!

Asthme aigu : snifer ou injecter les corticoïdes ?!

Asthme aigu : snifer ou injecter les corticoïdes ?!

mercredi 22 octobre 2003, par Dr Alain Thillay

La prise en charge thérapeutique de l’asthme aigu repose sur la corticothérapie systémique. A partir d’études sélectionnées dans le registre respiratoire Cochrane les auteurs ont cherché à montrer le bénéfice éventuel de l’instauration dès la survenue d’une crise d’une corticothérapie inhalée.

Utilisation précoce des corticostéroïdes inhalés aux urgences dans le traitement de l’asthme aigu (Revue Cochrane). : Edmonds ML, Camargo CA Jr, Pollack CV Jr, Rowe BH. Early use of inhaled corticosteroids in the emergency department treatment of acute asthma (Cochrane Methodology Review).

In : The Cochrane Library, Issue 4, 2003. Chichester, UK : John Wiley & Sons, Ltd

 CONTEXTE. Le traitement par corticothérapie systémique est le traitement pivot de la prise en charge de l’asthme aigu. Le recours aux corticostéroïdes inhalés pourrait aussi être bénéfique dans ce cas.

 OBJECTIFS. Déterminer le bénéfice du traitement par corticoïdes inhalés de patients souffrant d’asthme aigu prise en charge dans un service d’urgence.

 STRATÉGIE DE LA RECHERCHE.
* Des essais contrôlés et randomisés ont été identifiés à partir du registre de la revue « voies respiratoires » Cochrane.
* Nous avons aussi recherché les bibliographies des études incluses, des revues connues et autres textes.
* La recherche a été mise à jour en février 2003.

 CRITERE DE SÉLECTION.
* Seuls les essais contrôlés et randomisés ou quasi-randomisés étaient éligibles pour l’inclusion.
* Les études étaient incluses si les patients s’étaient présentés aux urgences pour asthme aigu ou ses équivalents et étaient traités à l’aide de corticostéroïdes inhalés ou de placebo, en addition d’un traitement standard.
* Deux critiques indépendants ont sélectionné les articles potentiellement pertinents, et ont sélectionné indépendamment les articles à inclure.
* La qualité méthodologique était évaluée de façon indépendante par deux critiques.

 COLLECTE DES DONNÉES ET ANALYSE.
* Les données étaient extraites indépendamment par deux critiques si les auteurs n’étaient pas capables de vérifier la validité des informations extraites.
* Les données perdues étaient obtenues des auteurs ou calculées à partir d’autres données présentées dans le papier.

 PRINCIPAUX RÉSULTATS.
* Huit essais ont été inclus, mais les données n’étaient pas disponibles pour un d’entre eux.
* Dans les sept essais utilisables, (4 adultes, 3 pédiatriques), un total de 376 patients ont été étudiés (191 avec des corticostéroïdes inhalés, 185 sans).
* Les patients traités par corticostéroïdes inhalés avaient une probabilité moindre d’être hospitalisés. Ce bénéfice était évident dans le sous-groupe des patients ne recevant pas concomitamment de corticostéroïdes systémiques.
* Les patients sous corticostéroïdes systémiques de façon concomitante montraient une tendance similaire mais non significative à réduire les admissions hospitalières comparés à ceux recevant un placebo.
* Les patients sous corticostéroïdes inhalés montraient aussi une petite amélioration mais significative du débit de pointe et du VEMS.
* Le traitement était bien toléré avec peu d’effets adverses rapportés.
* Une seconde analyse comparait les corticostéroïdes inhalés seuls et les corticostéroïdes systémiques seuls. Dans les quatre essais inclus, il y avait une hétérogénéité significative entre les résultats des études concernant le taux d’admission ce qui a empêché une exploitation fiable des résultats de ces études.

 CONCLUSIONS.
* Les corticostéroïdes inhalés réduisent le taux d’admission à l’hôpital des patients souffrant d’asthme aigu mais il n’y a pas clairement d’élément pour dire qu’il existe un bénéfice des corticoïdes inhalés utilisés avec une corticothérapie systémique.
* Il n’y a pas de preuve suffisante pour dire que les corticostéroïdes entraînent des modifications cliniques importantes de la fonction respiratoire ou des scores cliniques lorsqu’ils sont utilisés dans l’asthme aigu.
* De façon similaire, il n’y a pas d’évidence suffisante pour soutenir que les corticoïdes inhalés seuls sont aussi efficace que la corticothérapie systémique seule.
* D’autres recherches sont nécessaires pour clarifier s’il existe un bénéfice d’avoir recours aux corticostéroïdes inhalés lorsqu’ils sont utilisés en association aux corticostéroïdes systémiques.


Il s’agit d’une étude intéressante car elle touche à la pratique courante. Dans l’asthme aigu, existe-t-il un intérêt à administrer un corticoïde inhalé ?

L’étude est sérieuse puisque reprenant des études sélectionnées pour faire partie du registre respiratoire Cochrane.

De plus, les auteurs, ont vérifié tous les éléments de chaque étude et particulièrement les résultats et la bibliographie.

A priori, l’administration précoce d’un corticoïde inhalé diminue le nombre des hospitalisations dans le sous-groupe ne recevant que cette forme inhalée de corticostéroïde. Par contre, il n’y aurait pas de différence lorsque la corticothérapie inhalée est associée à une corticothérapie systémique. Dommage, que les résultats des quatre études comparant corticoïdes inhalés seuls et corticoïdes systémiques seuls soient trop hétérogènes pour être interprétables.

Ainsi, dans l’état actuel de nos connaissances, il n’apparaît pas clairement bénéfique d’associer une corticothérapie inhalée à une corticothérapie systémique dans le traitement de l’asthme aigu.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois