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Ô asthmatique, as-tu du coeur ? Et surtout, ton corticoïde inhalé ?
mardi 28 octobre 2003, par
Tous les facteurs susceptibles de provoquer une hypoxémie sont autant de facteurs de risque cardiovasculaire. Ainsi, l’asthme mal contrôlé peut favoriser l’infarctus du myocarde. Ici, ces auteurs helvétiques ont cherché à savoir si l’utilisation des corticostéroïdes inhalés chez l’asthmatique diminuait le risque d’infarctus du myocarde.
Utilisation des corticostéroïdes inhalés dans l’asthme et prévention de l’infarctus du myocarde. : Samy Suissa , Themistocles Assimes , Paul Brassard and Pierre Ernst
Division of Clinical Epidemiology (SS, TA, PB, PE), Royal Victoria Hospital, Montreal, Canada.
b Division of Respiratory Medicine (PE), McGill University Health Centre, Montreal, Canada.
c Departments of Epidemiology, McGill University, Montreal, Canada.
d Departments of Biostatistics, McGill University, Montreal, Canada.
e Departments of Medicine (SS, TA, PB, PE), McGill University, Montreal, Canada.
dans CARDIOSOURCE October 2003, Volume 115, Issue 5 Pages 377-381
– CONTEXTE.
* L’asthme peut augmenter le risque cardiovasculaire du fait de l’hypoxémie survenant lors des exacerbations et des tachycardies induites par les bronchodilatateurs.
* Nous avons recherché si les corticoïdes inhalés, connus pour améliorer le contrôle de l’asthme et réduire les exacerbations, sont associés à un moindre taux d’infarctus du myocarde.
– METHODES.
* Nous avons eu recours aux données de la Saskatchewan Health databases concernant une cohorte de population dont les sujets étaient âgés de 5 à 44 ans qui utilisaient des médicaments anti-asthmatiques entre 1975 et 1991.
* Les sujets ont été suivis jusqu’à 1997, à l’âge de 55 ans ou du décès.
* Chaque sujet ayant subi un premier infarctus myocardique était apparié en fonction du calendrier, de l’âge et du sexe avec plus de 10 contrôles randomisés de la cohorte.
– RESULTATS.
* La cohorte était constituée de 30 569 sujets, incluant 105 patients ayant eu un infarctus du myocarde et qui étaient appariés à 933 contrôles.
* Le taux ajusté du rapport d’infarctus du myocarde en fonction de l’usage de corticostéroïdes inhalés une année avant l’événement cardiaque était de 0,56 (intervalle de confiance de 95% ; 0,32 pour 0,99) comparé au non-usage.
* Les infarctus du myocarde diminuaient de 12% (intervalle de confiance de 95% ; 0% pour 23%) pour chaque boite utilisée en plus durant cette période d’un an.
* Le taux du rapport d’infarctus du myocarde chez les patients utilisant les corticoïdes inhalés était de 0,78 (intervalle de confiance de 95% ; 0,41 pour 1,51) parmi les patients souffrant d’un asthme léger et de 0,19 (intervalle de confiance de 95% ; 0,04 pour 0,97) parmi ceux souffrant d’un asthme plus sévère.
– CONCLUSION. L’usage des corticostéroïdes inhalés pourrait réduire le risque d’infarctus du myocarde chez les patients asthmatiques, particulièrement ceux souffrant d’une forme sévère d’asthme.
Encore une belle étude qui apporte sur le plan clinique.
Les asthmatiques ne sont pas toujours qu’asthmatiques et peuvent souffrir aussi d’insuffisance coronarienne. Il est donc évident que ce type de patient doit faire l’objet d’un suivi encore plus serré du fait même du risque cardiovasculaire.
Pour résumer de façon simple les résultats, tout indique qu’il existe un bénéfice à prescrire à l’asthmatique à risque cardiovasculaire un traitement corticoïde inhalé.
Il y a moins d’infarctus chez les asthmatiques sous corticoïdes inhalés ; autant de boites de ces médicaments utilisés autant de risque en moins d’infarctus ; et, fait important, tout cela est encore plus vrai pour les formes sévères d’asthme.
Pour ce dernier constat, c’est logique, le risque d’hypoxémie est d’autant plus important que l’asthme est sévère.
Des arguments de plus pour une prise en charge minutieuse de l’asthmatique dans toute l’évolution de sa maladie.
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