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Allergie aux corticostéroïdes : les asthmatiques aussi ?!
samedi 1er novembre 2003, par
L’allergie de contact aux corticostéroïdes est parfaitement connue. Sa méconnaissance dans le cadre des pathologies dermatologiques peut conduire à voir errer le diagnostic pendant longtemps. Les asthmatiques, qui reçoivent couramment des corticoïdes inhalés, peuvent-ils eux aussi y être allergiques ?
Allergie aux corticostéroïdes dans l’asthme. : K. Kilpiö1, M. Hannuksela2
Departments of 1Pulmonary Diseases and 2Dermatology, South Karelia Central Hospital, Lappeenranta, Finland
dans Allergy 58 (11), 1131-1135
– CONTEXTE.
* Les glucocorticoïdes forment la thérapeutique de base de l’asthme et d’autres manifestations de l’allergie. Cependant, ils sont responsables fréquemment d’allergie de contact et occasionnellement d’allergie immédiate.
* Le propos de cette étude était de rechercher l’occurrence de l’allergie aux corticostéroïdes parmi des patients asthmatiques et émettant des plaintes par rapport à leur traitement corticoïde inhalé.
– METHODES.
* Des tests épicutanés (Finn Chamber system) aux corticoïdes ont été pratiqués chez 51 patients asthmatiques ayant des effets secondaires rapportés aux corticostéroïdes inhalés et chez 50 patients ne présentant pas de symptôme d’asthme.
* Les corticostéroïdes et leurs véhicules étaient :
** betamethasone-17-valerate à 1% dans la vaseline,
** hydrocortisone-17-butyrate (Hc-17-B) à 1% dans l’éthanol,
** tixocortol-21-pivalate à 1% dans la vaseline,
** budesonide à 0,1% dans la vaseline,
** beclomethasone dipropionate 0,1 et 0,5% dans la vaseline et
** fluticasone propionate à 0,1 et 0,5% dans la vaseline.
* Les résultats étaient lus deux fois à 4 ou 5 jours et encore à 10 jours.
– RESULTATS.
* Deux patients du groupe symptomatique ont réagi aux tests épicutanés aux corticostéroïdes, un à la betamethasone-17-valerate, Hc-17-B et budesonide, et l’autre au budesonide et au Hc-17-B.
* Le premier patient souffrait d’une dermatite à type d’eczéma lorsqu’il utilisait de la beclomethasone. La fluticasone provoquait irritation oropharyngée, et difficulté respiratoire.
* Le second patient était victime d’un rash cutané sévère après la quatrième prise de budesonide. Elle avait eu recours à diverses corticoïdes topiques cutanés pour traiter son eczéma atopique sans effet secondaire.
* Aucun des patients exempts de symptômes asthmatiques montraient des résultats positifs.
– CONCLUSIONS.
* L’allergie retardée aux corticostéroïdes existe occasionnellement dans l’asthme, peut-être à la même fréquence que dans les dermatite.
* Une réaction positive d’un test épicutané signifie l’existence d’une allergie clinique, c’est à dire que le patient ne peut pas utiliser ce corticoïde particulier.
* Les allergies croisées sont fréquentes entre les corticostéroïdes. Cependant, les patients tolèrent habituellement quelques autres corticostéroïdes habituels.
Il ne faut pas prendre cette étude en tant qu’étude épidémiologique. Les auteurs auraient mieux fait de l’intituler : « Allergie aux corticoïdes dans l’asthme : à propos de deux cas ». En effet, l’échantillon est trop petit pour en tirer des considérations épidémiologiques. Ainsi, on ne peut pas dire que 4% des patients souffrant de troubles pour lesquels ils incriminent leur corticoïde inhalé sont allergiques à ce corticoïde inhalé. De même, nous avons peu de renseignement sur l’appariement du groupe de contrôle.
Par contre, cette étude, sur un plan pratique, attire notre attention de clinicien. Il y a des patients qui se plaignent de leur corticoïde inhalé. Ce n’est pas très compliqué de faire des tests épicutanés aux corticostéroïdes classiques.
Nous attendons avec impatience des études prospectives sur de grandes cohortes.
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