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Extraits allergéniques pour diagnostic : de l’exigence avant tout.
samedi 15 novembre 2003, par
Les auteurs ont passé au crible 9 extraits allergéniques industriels de noisette pour prick tests, en dosant les protéines majeures impliquées et également des allergènes moins fréquemment impliqués, mais provocateurs des réactions les plus sévères.
Comment le diagnostic d’allergie à la noisette peut-il être sûr et sans danger avec des extraits allergéniques pour prick tests provenant de l’industrie ? : Akkerdaas JH, Wensing M, Knulst AC, Krebitz M, Breiteneder H, De Vries S, Penninks AH, Aalberse RC, Hefle SL, Van Ree R.
Department of Immunopathology, Sanquin Research at CLB, Amsterdam, The Netherlands
dans Int Arch Allergy Immunol. 2003 Oct ;132(2):132-40.
– Objet de l’étude :
* l’allergie aux noix, comme les noisettes, sont parmi les plus fréquentes des allergies alimentaires observées.
* Ces allergies peuvent débuter dans la première enfance et, contrairement à d’autres allergies alimentaires, ne disparaissent pas quand le patient grandit.
* Les allergies aux noix sont fréquemment associées à des réactions cliniques sévères.
* Le diagnostic repose en partie sur les tests cutanés par l’intermédiaire d’un prick test (PT) utilisant des réactifs produits par l’industrie.
– Méthodes :
* les protéines composant neuf extraits commerciaux d’allergènes ont été étudiées par une méthode de mesure standard des protéines et des dosages par technique immunologique pour le dosage de 5 allergènes individuels.
* Le diagnostic été posé chez 30 patients allergiques à la noisette par le PT , dont 15 ont été confirmés par tests de provocation.
– Résultats :
* les concentrations en protéine allaient de 0.2 à 14 mg/ml.
* Des tests montraient une différence évidente dans la composition des protéines.
** L’allergène majeur Cor a 1 ( protéine de transfert lipidique) était présent dans tous les extraits mais les concentrations variaient d’un facteur 1 à 50.
** L’allergène Cor a 8 ( protéine de transfert lipidique), associé à des symptômes sévères, n’était pas retrouvé dans ces extraits par immunoblot et les concentrations variaient d’un facteur 1 à plus de 100, comme le montraient les RAST inhibitions.
** Des observations similaires ont été constatées pour une profiline, une protéine thaumatine- like et un allergène pas complètement individualisé de 38 Kilos dalton.
** Les proportions entre les différents allergènes étaient variables parmi les 9 extraits allergéniques.
* Les tests cutanés montraient des différences significatives et 6 patients sur 30 avaient des tests faussement négatifs avec 3 produits sur les 9 étudiés.
– Conclusions :
* la variabilité entre les produits diagnostiques pour l’allergie à la noisette est extrême.
* Parfois, des allergènes impliqués dans les réactions sévères ne sont pas détectés par les immunoblots.
* Ces imperfections dans la standardisation et le contrôle de qualité de ces allergènes peuvent être la cause de diagnostics faussement négatifs chez des sujets à risques d’allergie sévère à la noisette.
On peut répondre d’ores et déjà à la question introductive de cet article : NON le diagnostic d’allergie à la noisette n’est ni sûr, ni sans danger avec les extraits commerciaux.
En effet, les disparités sont telles entre les extraits, tant par la quantité de protéines présentes que par la présence des allergènes majeurs qu’il faudrait, pour éviter tout faux-positif, tester tous les extraits allergéniques disponibles. Rappelons qu’en France nous ne disposons que de deux sources d’allergènes diagnostiques, espérons qu’ils fassent partie des « bons » extraits.
Le risque est donc majeur de passer à côté d’une allergie, en particulier les plus sévères, l’allergène Cor a 8, étant présent de façon très inégale dans les extraits.
Alors restent la clinique, parfois évidente, mais pas toujours, les tests avec les allergènes natifs ( il aurait été intéressant de comparer avec les extraits commerciaux), et enfin les tests de provocation.
Mais la noisette provoque parfois, en particulier chez les enfants, des réactions très sévères et il serait plus sage et plus logique d’améliorer les extraits pour éviter d’avoir recours au test de provocation
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