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Les tribulations d’un bébé argentin allergique aux protéines du lait de vache
lundi 17 novembre 2003, par
Non seulement les argentins sont les plus gros consommateurs de viande bovine au monde, mais ils sont aussi des pionniers dans le dépistage exhaustif de l’allergie au lait de vache au laboratoire grâce à un panel de tests diagnostic explorant tant l’immunité humorale que cellulaire, comme le laisse entrevoir cette étude.
La réponse lympho proliférative induite par le lait de vache et la sécrétion de TNF alpha dans l’hypersensibilité aux protéines de lait de vache. : Motrich RD, Gottero C, Rezzonico C, Rezzonico C, Riera CM, Rivero V.
Departamento de Bioquimica Clinica, Facultad de Ciencias Quimicas, Universidad Nacional de Cordoba, Cordoba, Argentina
dans Clin Immunol. 2003 Nov ;109(2):203-11
– Contexte : bien qu’il n’existe aucun test exhaustif de laboratoire fiable et approprié pour le diagnostic de l’allergie au lait de vache, si un mécanisme allergique est suspecté, des études de laboratoire peuvent être utiles en identifiant les protéines spécifiques responsables de ces désordres.
– But de l’étude : les auteurs ont analysé les réponses lympho prolifératives in vitro, la sécrétion spécifique de TNF alpha dans le surnageant de cultures ainsi que les immunoglobulines spécifiques IgE, IgG, IgA, dans un groupe de patients avec une hypersensibilité aux antigènes du lait de vache.
– Résultats :
* l’index de stimulation vis à vis d’un mélange d’antigènes du lait de vache, alpha-lactalbumine, beta-lactoglobuline, caséine, était significativement plus élevé dans le groupe de patients avec un régime d’éviction portant sur le lait de vache depuis moins de 4 mois comparé aux valeurs observées dans le groupe contrôle et dans le groupe de patients sans contact étroit avec les protéines du lait de vache.
* Une augmentation significative de la sécrétion en TNF-alpha fut observée dans le surnageant de patients avec un contact étroit avec le lait de vache.
* Des IgE spécifiques furent détectées chez 59,3% des patients, avec des taux d’IgE plus élevés chez les patients qui n’étaient pas positifs pour la technique de lympho prolifération, suggérant une différence évidente entre les 2 mécanismes proposées comme effecteurs dans cette maladie.
* Aucune différence pour les taux d’IgG et IgA spécifiques ne fut observée entre le groupe de patients et le groupe contrôle, avec une grande dispersion entre les individus testés dans chaque groupe.
– Conclusion : les auteurs concluent que la combinaison de techniques utilisées dans cette étude telles que la lympho prolifération de cellules mononuclées du sang périphérique en présence de lait de vache, l’analyse quantitative de TNFalpha dans le surnageant des cultures et la détermination des IgE spécifiques du sérum, sont des outils de laboratoire utiles pour identifier une allergie au lait de vache et différencier les patients avec des réactions adverses immédiates ou non immédiates, réduisant la nécessité de recourir à des chalenges allergéniques chez les jeunes enfants.
Cette étude est intéressante sur le principe mais soufre de quelques faiblesses méthodologiques tout au moins au vu de l’abstract, surtout en ce qui concerne les populations étudiées : aucun renseignement sur le nombre de patients dans chaque groupe (n), la moyenne des ages (±DS), le sexe ratio (M/F).
Le but avoué de l’étude est de pouvoir diagnostiquer in vitro tout type d’allergie au lait de vache que le mécanisme soit immédiat ou non immédiat et même éviter des chalenges allergéniques inutiles ! Les IgE spécifiques sont corrélées au caractère immédiat, la réponse lympho proliférative en présence d’un mélange l’allergènes (en quelle proportion ?) au caractère non immédiat, le taux de TNF alpha dans le surnageant des cultures au caractère étroit du contact (cette dernière assertion manque également de précision).
Les auteurs prétendent obtenir des résultats significatifs, mais nous ignorons s’il s’agit d’une tendance (trend) ou d’un fait statistique significatif (p<0.05 entre les 3 groupes : un groupe de patients allergiques sous régime d’éviction pour le lait de vache depuis moins de 4 mois, un groupe contrôle et un groupe sans contact étroit avec le lait de vache (choix délibéré d’une alimentation sans lait de vache mais pour quelle raison : mystère !).
Sous réserve d’une levée des faiblesses méthodologiques apparentes, les retombées sont importantes sur le plan de la gestion de l’allergie au lait de vache dans les formes non IgE dépendantes (40 ,7% dans l’article).
Il serait également intéressant, à mes yeux pour valider la méthode, de corréler le test de lympho prolifération (vieux test diagnostic en pleine renaissance) en présence d’allergènes du lait de vache et la sécrétion de TNF alpha dans le surnageant, à des outils cliniques tels que les patch test pour le lait de vache pour une plus grande sélection des patients à identifier sans avoir recours au challenge allergénique comme le recommandait Isolauri E, Tunjanmaa K. Combined skin prick test and patch testing enhances identification of food allergy in infants with atopic dermatitis, J Allergy Clin Immunol 1996 ;979-15.
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