Un patient peut-il évaluer sa gêne respiratoire sans son médecin ?

samedi 22 novembre 2003 par Dr Arnaud Scherpereel8930 visites

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Un patient peut-il évaluer sa gêne respiratoire sans son médecin ?

Un patient peut-il évaluer sa gêne respiratoire sans son médecin ?

samedi 22 novembre 2003, par Dr Arnaud Scherpereel

Les échelles Visuelles Analogues de dyspnée et de détresse respiratoire sont bien connues des médecins mais peu utilisées dans la vie courante par les patients pour évaluer leur fonction respiratoire. Peut-on envisager de généraliser ces méthodes dans le suivi personnel de nos patients ?

Les mesures personnelles de la dyspnée d’effort et de détresse respiratoires sont-elles des mesures stables et valides parmi les sujets présentant un asthme, une BPCO, ou bien portants ? : Meek PM, Lareau SC, Hu J.

College of Nursing, University of New Mexico, Albuquerque, New Mexico 87131, USA

dans Heart Lung. 2003 Sep-Oct ;32(5):335-46

 Introduction : La respiration est une expérience subjective qui inclut des sensations physiques, comme la dyspnée d’effort, et un élément affectif, comme la détresse respiratoire.

 Objectifs  : le but global de cette recherche était d’évaluer si la mesure des sensations physiques (dyspnée d’effort) et la réponse affective à ces sensations de dyspnée (détresse respiratoire) sont cohérentes et valides.

 Méthode de l’étude : des mesures longitudinales répétées ont été utilisées pour évaluer la respiration quotidiennement pendant 2 semaines chez les patients ; un sous-groupe de sujets (n = 43) mesurant quotidiennement leur respiration pendant également 4 semaines.

 Sujets : des sujets comparables par l’age, stables (n = 92), d’age moyen de 62 ans, ont été évalués. L’échantillon de patients comprenait 32 sujets avec une maladie pulmonaire chronique obstructive, 27 sujets avec un asthme, et 33 sujets sains.

 Mesures  : Les échelles Visuelles Analogiques de dyspnée d’effort (VAS-E) et de détresse respiratoire (VAS-D) ont été mesurées quotidiennement.

 Résultats :
* Les valeurs moyennes, maximales et minimales des scores du VAS-E et du VAS-D étaient stables dans le temps dans le sous-groupe de patients et une différence significative (F = 2,56 ; P <0,05) a été trouvée entre le VAS-E et le VAS-D.
* Des différences étaient mises en évidence pour les valeurs moyennes et maximales des scores du VAS-E et du VAS-D par groupe, avec le groupe BPCO présentant les plus fortes valeurs.

 Conclusions : Ce travail fourni des preuves de la stabilité et de la validité des mesures quotidiennes du VAS-E et du VAS-D et un argument pour l’utilisation quotidienne de l’échelle analogue visuelle pour évaluer les différences entre la dyspnée d’effort et la détresse respiratoire.


Ce travail propose une méthode simple de surveillance médicale et d’auto-surveillance respiratoire des sujets présentant un asthme, une BPCO comparés à des sujets bien portants, basée sur des échelles Visuelles Analogues de dyspnée d’effort (VAS-E) et de détresse respiratoire (VAS-D) mesurées quotidiennement.

La stabilité des mesures est en faveur d’une bonne reproductibilité de la technique qui semble par ailleurs discriminante entre les groupes.

Il s’agit cependant d’une étude réalisée sur de très petits panels de patients sans certitude d’une bonne homogénéité des groupes. Toute conclusion des auteurs est subordonnée à une confirmation de leurs données sur de plus larges populations de patients et de sujets sains.

De plus, il serait intéressant, voire indispensable, d’associer et de rechercher des corrélations entre ces échelles Visuelles Analogues et des éléments cliniques objectifs (bronchospasme…) et/ou la valeur des volumes respiratoires (DEP, VEMS,…).

Alors cette méthode validée de surveillance, sous réserve d’une bonne coopération du patient ( !), pourrait réellement démontrer son intérêt notamment en influençant les choix thérapeutiques.

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