Les enfants siffleurs à risque d’asthme font de la résistance.

dimanche 23 novembre 2003 par Dr Philippe Carré1573 visites

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Les enfants siffleurs à risque d’asthme font de la résistance.

Les enfants siffleurs à risque d’asthme font de la résistance.

dimanche 23 novembre 2003, par Dr Philippe Carré

Les sifflements respiratoires sont fréquents chez l’enfant, soit spontanément soit à l’occasion d’un épisode infectieux. Certains d’entre eux vont développer une véritable maladie asthmatique alors que les symptômes resteront transitoires chez d’autres. Peut-on identifier ceux qui sont à risque d’évoluer vers un asthme chronique ?

Mesure des résistances des voies aériennes par la méthode d’interruption des débits et phénotypes de sifflements à l’âge de 4 ans. : Brussee JE, Smit HA, Koopman LP, Wijga AH, Kerkhof M, Corver K, Vos AP, Gerritsen J, Grobbee DE, Brunekreef B, Merkus PJ, De Jongste JC.

Centre for Prevention and Health Services Research, National Institute for Public Health and the Environment, Bilthoven, The Netherlands ; Julius Center for Health Sciences and Primary Care, Utrecht University Medical Center, Utrecht, The Netherlands

dans Am J Respir Crit Care Med. 2003 Nov 3

 Contexte.
* Il est difficile de faire la différence, parmi les jeunes enfants qui ont des symptômes respiratoires, entre ceux qui développeront un asthme et ceux qui auront uniquement des symptômes transitoires.
* La mesure des résistances des voies aériennes par la méthode d’interruption des débits peut aider à identifier les enfants à haut risque d’asthme.

 Objectif. Comparer des enfants de quatre ans avec différents phénotypes de sifflements par la mesure des résistances avec la méthode de l’interruption des débits.

 Population.
* Tous les enfants participaient à une cohorte sur la Prévention et l’Incidence de l’Asthme et de l’Allergie aux Acariens, une étude prospective dès la naissance sur environ 4000 enfants.
* A 4 ans, les données sur les résistances par l’interruption des débits et le phénotype de sifflements étaient disponibles pour 838 enfants.

 Résultats.
* Les valeurs moyennes des résistances (intervalle de confiance 95%) étaient de 0.95 (0.93, 0.97), 0.95 (0.92, 0.98), 0.96 (0.87, 1.05) et 1.08 (1.02, 1.14) kPa.L(-1) par seconde, respectivement pour ceux n’ayant jamais sifflé (n=482), ceux ayant eu des sifflements précoces (n=236), ceux ayant eu des sifflements tardifs (n=22) et ceux ayant des sifflements persistants (n=98).
* Une analyse complémentaire a été effectuée de façon séparée pour les enfants ayant ou non une mère atopique.
* Dans les deux cas, les enfants avec sifflements persistants avaient des valeurs des résistances significativement plus élevées que ceux n’ayant jamais eu de sifflements ou ayant eu des sifflements précoces.

 Conclusion. Les valeurs moyennes des résistances mesurées par la méthode d’interruption des débits étaient plus élevées chez les enfants avec des sifflements persistants, par rapport à ceux n’ayant jamais eu de sifflements ou ayant eu des sifflements précoces.


L’asthme est une maladie inflammatoire dont le diagnostic doit être posé de façon précoce pour éviter une évolution vers des lésions fixées des voies aériennes.

Un certains nombre d’ enfants ont, dans les premières années de leur vie, des épisodes de sifflements qui vont rester transitoires chez certains, et évoluer vers une maladie asthmatique chez d’autres. Tout le problème est donc de savoir comment en pratique dépister l’évolution vers un asthme à un âge où les explorations fonctionnelles respiratoires standard ne sont pas réalisables.

Les auteurs ont choisi de réaliser, dans une cohorte d’environ 4000 enfants de 4 ans, un test fonctionnel qui permet d’évaluer les résistances des voies aériennes sans nécessiter de collaboration active des enfants, par la méthode de l’interruption des débits, qui consiste au cours d’une respiration calme à réaliser une mesure de la pression à la bouche après provocation automatique d’une occlusion brève des voies aériennes (0.1 seconde) ; la pression buccale reflétant à cet instant la pression alvéolaire.

Les résultats de ces mesures ont été comparés dans plusieurs groupes d’enfants présentant 4 types différents de sifflements : les valeurs moyennes des résistances étaient augmentées de façon significative chez les enfants ayant des sifflements persistants, par rapport aux enfants n’ayant jamais eu de sifflements ou ayant eu des sifflements transitoires, qu’ils soient précoces ou tardifs.

Les antécédents d’atopie ne modifiaient pas les conclusions de ces résultats.

Cette méthode d’exploration réalisable chez de petits enfants permet donc de dépister facilement des augmentations des résistances des voies aériennes, associées à la persistance de sifflements et donc au développement possible d’une maladie asthmatique. Ce test pourrait alors servir d’indicateur pour une décision de traitement anti-inflammatoire précoce dans ce groupe d’enfants.

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