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Un siècle après, l’aspirine a toujours du nez et ne manque pas d’air.
mercredi 26 novembre 2003, par
Introduite sur le marché il y a tout juste un siècle, l’aspirine peut s’accompagner d’effets secondaires nasaux et/ou bronchiques, dans le cadre ou non d’une maladie de Widal. Mais si certains patients ont des réactions au niveau du nez et des bronches, d’autres en ont au niveau du nez seulement : ont-ils le même profil ?
Réponse nasale, par rapport à une double réponse bronchique et nasale, à un test de provocation orale à l’aspirine : différences cliniques et biochimiques chez des patients avec asthme et rhinite induits par l’aspirine. : Monika Swierczynska, MD Ewa Nizankowska-Mogilnicka, MD, PhD Jacek Zarychta, MD Anna Gielicz, PhD Andrzej Szczeklik, MD, PhD
Department of Medicine, Jagiellonian University School of Medicine, Cracow, Poland
dans JACI November 2003 • Volume 112 • Number 5
– Contexte.
* L’asthme et la rhinite induits par l’aspirine (ARIA) sont caractérisés par une altération du métabolisme des leucotriènes et des prostaglandines pro-inflammatoires.
* Les taux d’eicosanoïdes à l’état basal et après provocation pourraient refléter les caractéristiques cliniques et biochimiques des patients ayant des types distincts d’hypersensibilité à l’aspirine.
– Objectif. Comparer le profil clinique et le taux d’ eicosanoïdes de patients avec un ARIA ayant à la fois une réponse bronchique et nasale par rapport à ceux ayant une réponse nasale isolée à un test de provocation à l’aspirine.
– Méthode.
* 23 patients avec un ARIA ont eu un test de provocation oral à l’aspirine, contre placebo, en simple aveugle.
* La réponse bronchique (RB) était attestée par l’existence d’une dyspnée et par spiromètrie, alors que la réponse nasale (RN) était attestée par l’existence de symptômes nasaux et rhinomanométrie acoustique et/ou rhinomanométrie.
* Les dosages de leucotriène E4 urinaire (LTE4), ainsi que les dosages sériques et urinaires des métabolites de la prostaglandine D2 et de la 9α, 11β prostaglandine F2 (PGF2), ont été déterminés à l’état basal et après provocation.
– Résultats.
* 15 sujets ont eu une RB et une RN (RBN), alors que 8 avaient une RN isolée.
* Le taux de LTE4 dans le groupe RBN était significativement plus élevé que dans le groupe RN.
* Après provocation à l’aspirine, il augmentait de façon significative dans les deux groupes.
* Le taux sérique de PGF2 augmentait après provocation uniquement dans le groupe RBN.
* Les patients avec RBN avaient un ARIA plus sévère.
– Conclusion. Une RBN dans l’ARIA témoigne d’une maladie plus évoluée et d’anomalies sous-jacentes plus profondes du métabolisme des eicosanoïdes.
La maladie à l’aspirine étant caractérisée par des troubles du métabolisme des leucotriènes, possiblement en rapport avec des anomalies de synthèse de la LTC4 synthase, la mesure du taux des métabolites des leucotriènes pourrait être le témoin de ces troubles et expliquer éventuellement les phénotypes différents d’asthme et de rhinite à l’aspirine ; en particulier pour ce qui est des deux populations que l’on rencontre en clinique : les patients ayant une réponse duale bronchique et nasale, et ceux ayant uniquement une réponse nasale, après exposition à l’aspirine.
Les patients avec réponse duale (RBN) ont une ARIA plus sévère que ceux avec RN ; par ailleurs, ils ont à l’état basal un taux plus important de LTE4 ; s’il n’y a pas de différence du taux de LTE4 après provocation, le taux de PGF2 est par contre augmenté dans le seul groupe RBN.
Il existe donc bien des phénotypes biochimiques différents entre les groupes RBN et RN, les patients avec RBN ayant une maladie plus sévère et des anomalies plus importantes du métabolisme des leucotriènes ; le potentiel pro-inflammatoire plus important s’exprimant de façon amplifiée par une réponse à la fois bronchique et nasale, avec un tropisme nasal isolé en cas d’inflammation plus modérée.
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