Risque allergique, vaut-il mieux être BCBG ou BCG ?

lundi 8 décembre 2003 par Dr Alain Thillay1951 visites

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Risque allergique, vaut-il mieux être BCBG ou BCG ?

Risque allergique, vaut-il mieux être BCBG ou BCG ?

lundi 8 décembre 2003, par Dr Alain Thillay

Il a été déjà suggéré que la vaccination du BCG pratiquée tôt dans la vie avait un effet protecteur à l’encontre des maladies allergiques ultérieures. Ici, ces auteurs danois ont cherché, dans une grande étude de cohorte, à confirmer ou non cette hypothèse.

Age de vaccination par le BCG et risque d’allergie et d’asthme. : Bager P, Rostgaard K, Nielsen NM, Melbye M, Westergaard T.

Department of Epidemiology Research, Danish Epidemiology Science Centre, Statens Serum Institut, Copenhagen, Denmark

 CONTEXTE.
Il a été proposé que la vaccination par le BCG (Bacille de Calmette et Guérin) tôt dans la vie protège du développement de l’allergie.

 OBJECTIF.
Étudier si la vaccination précoce par le BCG est associée à une diminution du risque d’atopie, de rhinite allergique et d’asthme comparativement à une vaccination plus tardive dans l’enfance.

 MÉTHODES.
* L’occurrence de l’atopie, de la rhinite allergique et de l’asthme était étudiée chez près de 2000 femmes participant à une étude nationale de cohorte de naissance au Danemark (The Danish National Birth Cohorte study).
* L’information précise de l’âge de vaccination par le BCG (de 0 à 15 ans) était disponible au niveau des relevés de suivi de médecine scolaire.
* Le statut atopique était évalué au niveau sérique à l’aide d’une recherche de réponse à 11 aéroallergènes courants, entre 1997 et 2001.
* Les informations concernant la rhinite allergique et l’asthme étaient obtenues par interrogatoires téléphoniques.

 RESULTATS.
* Approximativement, 85% des femmes avaient été vaccinées par le BCG.
* L’âge de vaccination n’était pas associé au risque d’atopie, de rhinite allergique ou d’asthme.
* Les rapports de cotes (odds ratio) de l’atopie, de la rhinite allergique et de l’asthme avec le fait d’avoir été vaccinée dans la première année de vie étaient respectivement de 1,05 (intervalle de confiance de 95%, 0,71 à 1,56), de 1,42 (IC de 95%, de 0,85 à 2,36) et de 1,71 (IC de 95% de 0,91 à 3,20), comparativement au fait d’avoir été vaccinée à l’âge de 7 ans.
* L’ajustement en fonction de la cohorte de naissance, de la taille de la fratrie, de l’âge de la mère au moment de la naissance et de la classe sociale durant l’enfance n’affectait pas les résultats.

 CONCLUSION.
Ces données suggèrent que l’âge auquel est pratiqué le BCG dans l’enfance n’influence pas le développement de l’allergie ou de l’asthme.


Ces auteurs ont eu recours à une étude de cohorte de grande ampleur, près de 2000 femmes, toutefois, l’étude est rétrospective.

Heureusement, les données sont sans doute précises quant à la date de vaccination puisque issues des registres de médecine scolaire.

Malheureusement, les manifestations allergiques étaient collectées lors d’un interrogatoire téléphonique.

De même, le statut atopique n’était précisé que sur des examens sériques à la recherche de réactivité vis à vis d’un groupe de 11 aéroallergènes courants ; il aurait été préférable de pratiquer aussi des tests cutanés à l’aide d’une batterie « standard » qui pouvait être complétée avec d’autres aéroallergènes plus spécifiques du risque environnemental de chaque patiente.

Dans cette manière de déterminer le nombre de patientes atopiques, le risque est grand de pécher par défaut.

Autre biais possible, c’est le fait que les deux sexes ne soient pas représentés ; seules des femmes participent à l’étude.

Il s’agit de deux biais de recrutement.

Il semble certes que cette étude montre une tendance au fait que la vaccination précoce par le BCG n’a pas de retentissement sur le risque atopique ultérieur ; il faudrait d’autres études ayant éliminé ces deux biais de recrutement avant de pouvoir conclure définitivement.

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