Les « professionnelles » du latex devraient se méfier, d’abord ça gratte et puis on tousse !!

mercredi 10 décembre 2003 par Dr Stéphane Guez1627 visites

Accueil du site > Pratique > Travail > Les « professionnelles » du latex devraient se méfier, d’abord ça gratte et (…)

Les « professionnelles » du latex devraient se méfier, d’abord ça gratte et puis on tousse !!

Les « professionnelles » du latex devraient se méfier, d’abord ça gratte et puis on tousse !!

mercredi 10 décembre 2003, par Dr Stéphane Guez

L’allergie au latex est un problème réel et angoissant pour les professionnels de la santé. Comment être certain du diagnostic et que deviennent ces patients allergiques ? Cette étude espagnole rapporte son expérience dans le domaine, la littérature étant habituellement surtout anglo-saxonne.

Asthme professionnel au latex naturel. Tests spécifiques d’inhalation et évolution. : Acero S, Alvarez MJ, Garcia BE, Echechipia S, Olaguibel JM, Tabar AI.

Seccion Alergologia, Hospital Virgen del Camino, Pamplona, Spain

dans J Investig Allergol Clin Immunol. 2003 ;13(3):155-61

Le latex naturel est la cause la plus fréquente d’asthme professionnel chez les agents hospitaliers.

 Objectif de l’étude : Décrire la méthode de diagnostic, incluant un test de provocation inhalé, utilisée chez des patients ayant un asthme professionnel dû au latex et exploré dans le département d’allergologie pendant une période de 6 ans, de 1989 à 1995.

 Méthodologie  :
* Chez 1 patient ayant un asthme professionnel dû au latex, la sévérité clinique a été évaluée par un score combinant les symptômes et les traitements utilisés.
* Des tests cutanés aux aéro-allergènes, latex, papaïne, kiwi et noisette, un taux des IgE totales, un RAST au latex, une exploration fonctionnelle respiratoire et un test à la méthacholine, un test de provocation conjonctival, un test de provocation par voie inhalée avec du latex ont été réalisés.

 Résultats :
* Tous les patients sauf 3 travaillent à l’hôpital.
* Tous ont présenté urticaire et rhino conjonctivite et 6 ont également présenté une anaphylaxie, précédant habituellement l’asthme.
* L’allergie au fruit est retrouvée chez 8 patients.
* La période de latence est variable : 0.25 à 27 ans.
* L’intensité des symptômes est faible ou modérée.
* Les IgE spécifiques, les tests cutanés, les tests conjonctivaux au latex sont positifs dans tous les cas.
* Le test de provocation inhalé a été réalisé chez 12 patients. Tous ont présenté une réaction immédiate. Aucun effet indésirable n’a été observé.
* Le suivi a été de 1 à 7 ans.
* 26% des patients ont gardé leur travail, 26% en ont changé mais sont restés dans le domaine de la santé, et 48% ont totalement changé de métier.
* Seulement 16% n’ont aucun symptôme sans traitement, alors que 32% ont besoin de broncho-dilatateurs et 52% ont besoin d’un corticoïde inhalé.
* Le test de provocation bronchique est non dangereux mais ne permet pas de prédire l’évolution de l’affection.
* La durée de l’exposition et l’intensité des symptômes sont cependant corrélés avec le pronostic.

 Conclusions  : Le latex naturel agit comme un pneumallergène commun. Des symptômes mineurs précèdent souvent l’asthme. Le test de provocation bronchique n’est pas dangereux entre des mains entraînées. L’asthme professionnel au latex semble avoir un mauvais pronostic.


Dans ce travail les auteurs rapportent leur expérience du diagnostic d’asthme professionnel au latex chez des agents hospitaliers. Le test de provocation bronchique n’est pas dangereux. L’asthme est souvent précédé de signes d’alerte mineurs. La moitié des patients ont changé de métier.

Le travail est intéressant mais des conclusions supplémentaires peuvent être faites.

En effet, les auteurs décrivent bien une histoire typique d’allergie au latex qui évolue progressivement vers un asthme en l’absence de diagnostic précoce. Ce diagnostic repose sur l’anamnèse mais également sur des tests prouvant d’une part l’asthme et d’autre part l’allergie, avec un terrain atopique et une allergie spécifique au latex.

Cependant, il est difficile de comprendre l’intérêt du test de provocation bronchique alors que ce test est positif chez tous les patients qui ont tous par ailleurs un test de provocation conjonctival positif.

C’est à dire qu’un bilan allergique avec test spécifique et test de provocation conjonctival est amplement suffisant pour affirmer le diagnostic le test de provocation bronchique n’apportant aucune information supplémentaire.

Beaucoup de ces patients ont toujours de l’asthme et ont besoin d’un traitement de fond. La suppression du latex n’a donc pas guéri de l’asthme, il n’y a eu qu’élimination d’un facteur déclenchant dans l’environnement professionnel.

Il faut donc bien expliquer au patient que le fait de changer de métier lui permettra de ne plus avoir d’asthme déclenché par le latex, mais n’aura pas d’influence sur l’évolution de sa maladie asthmatique elle même.

Il aurait été intéressant de savoir si les patients ayant continué d’être exposé au latex, avec un traitement, auraient une évolution différente de leur maladie asthmatique.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois