Accueil du site > Maladies > Asthme > Mais à quoi se fier pour surveiller les asthmatiques !

Mais à quoi se fier pour surveiller les asthmatiques !
vendredi 26 décembre 2003, par
L’asthme est une maladie chronique dont la variabilité dans le temps est importante. Or les recommandations pour la prise en charge des patients reposent sur des critères de sévérité ponctuels. La question de la fiabilité de ces critères se pose donc pour la détermination du traitement optimal à mettre en place au long cours.
Variabilité de l’asthme chez des patients traités antérieurement par des β2-agonistes. : William J. Calhoun, MDa * Laura B. Sutton, PharmDb
Amanda Emmett, MSb Paul M. Dorinsky, MDb
aAsthma, Allergy, and Airway Research Center, Division of Pulmonary, Allergy, and Critical Care Medicine, University of Pittsburgh, Pittsburgh, Pa, USA
bGlaxoSmithKline, Research Triangle Park, NC, USA
dans JACI December 2003 • Volume 112 • Number 6
– Contexte.
* En accord avec les recommandations nationales sur l’asthme, la sévérité de l’asthme peut être classée en intermittent, léger, modéré ou sévère, selon le niveau de la fonction pulmonaire, la fréquence des symptômes ou des réveils nocturnes et le nombre d’exacerbations.
* Bien qu’il soit habituellement reconnu que les patients ne restent pas dans une catégorie donnée au long cours, peu d’études ont validé cette assertion.
– Objectif. Étudier la variabilité dans le contrôle de la sévérité de la maladie parmi les patients avec asthme persistant qui n’ont pas encore reçu de traitement au long cours.
– Méthodes.
* Étude du contrôle de la sévérité de l’asthme au long cours chez 85 patients traités par placebo, à partir de 2 essais cliniques randomisés en double-aveugle sur 12 semaines, chez des asthmatiques recevant auparavant des 2-agonistes seuls.
* La sévérité était attestée sur le pourcentage du VEMS matinal par rapport à la théorique, l’utilisation de salbutamol et la fréquence des symptômes.
– Résultats.
* A l’état basal, tous les patients avaient les critères d’un asthme modéré ou sévère (VEMS moyen à 64% de la prédite, ou utilisation de salbutamol et symptômes pendant respectivement 4.7 et 6 jours par semaine).
* Le pourcentage moyen de semaines de traitement des patients en fonction des critères d’asthme intermittent, léger, modéré ou sévère était respectivement de 9%, 14%, 71% et 6%.
* En fonction du VEMS matinal, les patients étaient classés comme ayant un asthme intermittent ou léger, modéré ou sévère dans 52%, 41% et 7% des cas.
* En fonction du nombre de jours par semaine d’utilisation de salbutamol ou de symptômes d’asthme, les patients passaient respectivement 59% et 45% dans les catégories intermittents et modérées.
– Conclusion.
* Le contrôle de l’asthme ne peut pas être affirmé chez beaucoup de patients en utilisant des évaluations ponctuelles du niveau de la fonction pulmonaire, de l’utilisation de β2-agonistes ou du niveau des symptômes.
* Ceci pourrait conduire à une sous-estimation de la sévérité de la maladie et contribuer à un traitement inapproprié et, in fine, à une augmentation de la morbidité de la maladie.
Ces résultats sont en accord avec le constat que l’asthme est une maladie variable avec de fréquentes fluctuations des différents critères d’évaluation, expliquant que les patients ont des variations de leur stade de gravité en fonction du temps.
Bien qu’à l’état basal tous les patients remplissaient les critères permettant de les classer dans un stade précis, sur une période de suivi de 3 mois en moyenne 23% seulement des semaines étaient en accord avec cette stratification, qui variait en fonction des critères pris en compte (fonction pulmonaire, consommation de médicaments…).
Ces résultats indiquent que l’utilisation de paramètres individuels pour affirmer le contrôle de l’asthme peut conduire à une sous-estimation de la sévérité de la maladie, et potentiellement augmenter sa morbidité.
Il y a donc nécessité de réfléchir aux moyens qui permettraient d’optimiser la prise en compte objective de la gravité de l’asthme au long cours, les consensus actuels ne répondant pas toujours clairement à cette question en pratique clinique.
Recevez les actualités chaque mois