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Faut-il bourrer d’huile de bourrache les patients atteints d’eczéma atopique ?
jeudi 1er janvier 2004, par
Des études antérieures ont suggéré le rôle des acides gras essentiels dans la pathogénie de la dermatite atopique. Ici, les auteurs dans une étude très solide tentent de montrer l’efficacité d’une supplémentation par l’huile de bourrache chez ces patients.
Efficacité et tolérance de l’huile de bourrache chez des adultes et des enfants atteints d’eczéma atopique : essai contrôlé en groupes parallèles, randomisé, en double-aveugle contre placebo. : Takwale A, Tan E, Agarwal S, Barclay G, Ahmed I, Hotchkiss K, Thompson JR, Chapman T, Berth-Jones J.
Department of Dermatology, George Eliot Hospital, Nuneaton CV10 7DJ
BMJ. 2003 Dec 13 ;327(7428):1385
– OBJECTIF.
Étudier l’efficacité et la tolérance de l’huile de bourrache, à forte concentration en acide gamma-linolénique, chez des enfants et des adultes atteints d’eczéma atopique.
– TYPE DE L’ETUDE.
Un seul centre, essai contrôlé en groupes parallèles, randomisé, en double-aveugle contre placebo.
– LIEU.
Hôpital général de Nuneaton, Angletterre.
– METHODES.
- 151 patients ont été sélectionnés, dont 11 n’ont pas été revus pour évaluation, ce qui laissait 140 patients incluant 69 enfants.
- Les adultes recevaient quatre capsules d’huile de bourrache 2 fois par jour (920 mg d’acide gamma-linolénique), alors que les enfants prenaient deux capsules 2 fois par jour, dans les deux cas durant 12 semaines.
- La modification du score SASSAD (six aera, six sign, atopic dermatitis) de la dermatite atopique, six zones, six signes était mesuré à 12 semaines ; les scores symptomatiques étaient évalués à l’aide d’une échelle visuelle analogique ; le recours aux corticostéroïdes topiques était évalué à l’aide d’une échelle à 5 points ; l’évaluation globale par les participants et les réactions adverses et la tolérance ont été aussi évaluées.
– RESULTATS.
- Le score moyen SASSAD chutait de 30 à 27 dans le groupe huile de bourrache et de 28 à 23 dans le groupe placebo.
- La différence de la moyenne de l’amélioration entre les deux groupes était de 1,4 point (intervalle de confiance 95% ; 2,2 à 5,0) en faveur du placebo (P = 0,45).
- Pas de différence significative retrouvée entre les deux groupes pour les autres moyens d’évaluation.
- L’analyse des enfants et des adultes n’indiquait pas de différence quelconque.
- Les traitements étaient bien tolérés.
– CONCLUSION.
L’acide gamma-linolénique n’apporte pas de bénéfice dans la dermatite atopique.
Des études antérieures ont suggéré que les acides gras essentiels, tout particulièrement l’acide gamma-linolénique, pouvaient jouer un rôle dans la pathogénie de la dermatite atopique, déficitaire dans cette pathologie.
Il s’agit d’un essai en groupes parallèles, randomisé, en double-aveugle contre placebo avec un effectif de 140 patients.
Cette étude ne prête donc pas le flanc à un biais quelconque.
Le résultat est clair, il n’existe pas de différence entre le groupe huile de bourrache et le groupe placebo.
De fait, s’il existe des troubles métaboliques de ces acides gras au niveau cutané, ils sont sans donc plus en rapport avec l’inflammation chronique caractéristique de la dermatite atopique.
La stratégie thérapeutique découlera des résultats d’une enquête allergologique soigneuse particulièrement chez l’enfant où il faut avant tout rechercher une allergie alimentaire.
Il ne faudrait pas se contenter du bénéfice symptomatologique de la corticothérapie cutanée.
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