Évolution de la dermatite atopique : boule de cristal versus marc de café !

samedi 17 janvier 2004 par Dr Alain Thillay2960 visites

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Évolution de la dermatite atopique : boule de cristal versus marc de café !

Évolution de la dermatite atopique : boule de cristal versus marc de café !

samedi 17 janvier 2004, par Dr Alain Thillay

Si le stress est un facteur communément admis pouvant interagir sur la dermatite atopique, peu d’études existent qui tiennent compte des stresseurs mis en corrélation avec des données objectives de l’évolution de cette maladie cutanée. C’est tout le propos de cette étude longitudinale d’un cas.

Influence des stresseurs psychosociaux sur les paramètres neuro-immunologiques et l’état cutané d’un patient atteint de dermatite atopique. : S. Rabung, C. Schmidt, G. Hüther, H. Schauenburg

dans Dermatology and Psychosomatics / Dermatologie und Psychosomatik 2003 ;4:207-214

 OBJECTIF.

  • Le rôle du stress psychosocial dans la survenue et l’évolution de la dermatite atopique est largement accepté.
  • Cependant, la validation de modèles pathologiques qui intègrent les aspects psychosomatiques et les médiateurs biochimiques est encore peu utilisée.
  • Les études longitudinales d’un cas offrent la possibilité d’examiner les effets des stresseurs psychosociaux sur les facteurs biochimiques aussi bien que sur les variables dermatologiques en conditions naturelles.

 PATIENT ET METHODES.

  • Un patient âgé de 42 ans souffrant de longue date d’une dermatite atopique a été observé sur une période de 77 jours et intégré dans l’étude d’un cas.
  • Les stresseurs psychosociaux et l’activité de la maladie cutanée étaient mesurés chaque jour et reportés sur un journal par le patient et chaque semaine par un interrogatoire standardisé (Incidents and Hassles Inventory).
  • Le cortisol, la néoptérine et les cathécholamines ont été mesurés chaque 24 heures sur un prélèvement d’urine nocturne de 8 heures.
  • Les facteurs pouvant intervenir tels que les prises médicamenteuses et le style de vie ont été contrôlés.
  • Les données longitudinales étaient étudiées à l’aide de séries temporelles combinées (ARIMA modeling) et d’une analyse de régression.

 RESULTATS.

  • Les variables psychosociales expliquaient près de 50% des modifications de l’état cutané et aussi près de 50% des facteurs immuno-endocrinologiques.
  • La relation entre les données biochimiques et l’état cutané est faible, inférieure à 25%.
  • Nous avons trouvé aussi des effets différentiels dépendant des différentes caractéristiques des stresseurs psychosociaux c’est à dire prédictibles contre non prédictibles.
  • Des stresseurs identiques montraient des variations dans leurs effets sur des variables différentes c’est à dire influence positive sur la peau des bras mais influence négative sur le peau du cou.

 CONCLUSIONS.

  • Les résultats confirment la relation acceptée entre les stresseurs psychosociaux et l’activité de la dermatite atopique chez le patient étudié.
  • Le large spectre des effets différentiels retrouvé chez seulement un seul cas souligne la complexité des mécanismes psychobiologiques et la nécessité d’autres études de cas.

Nous sommes en présence d’une étude intéressante mais qui souffre de nombreux biais.

Il s’agit d’une étude sur un seul cas, celui d’un patient adulte de 42 ans qui souffrirait de longue date d’une dermatite atopique sans que nous ayons d’éléments concernant la pertinence du diagnostic.

Pas de renseignement sur les éventuelles allergies de ce patient qui peuvent jouer un rôle sur l’évolution de sa maladie cutanée.

De plus, les auteurs auraient pu comparer ce patient avec des sujets du même âge, du même sexe, sans pathologie particulière et mesurer les mêmes indicateurs.

Enfin, si le dosage du cortisol et des cathécholamines urinaires semble logique pour évaluer l’importance du stress, vouloir évaluer l’activité de la dermatite atopique par le dosage urinaire de la néoptérine paraît beaucoup moins logique.
Le dosage urinaire de la néoptérine sécrétée par le macrophage activé par l’interféron gamma est utile pour suivre l’activation de l’immunité cellulaire.
Les indications sont le diagnostic et le suivi des maladies infectieuses, les complications précoces des allogreffes, l’évolution des maladies auto-immunes et le suivi des thérapeutiques immunostimulatoires.
Même si l’on considère que dans la dermatite atopique il existe un facteur cellulaire inflammatoire, le suivi par la néoptérine ne paraît pas pertinent.

Pour conclure, je ne vois pas trop l’intérêt de ce genre d’étude.

Tout bon allergologue sait que tout patient allergique, quelle que soit la manifestation, asthme, rhinite, eczéma, urticaire, mal équilibré voit sa maladie fluctuer avec le stress.

Mais, il sait aussi, en prenant l’exemple de l’asthme, depuis que nous savons mieux traiter cette maladie, que les facteurs de stress influent vraiment très peu.

Alors, lorsque nous saurons traiter efficacement les dermatites atopiques sévères et prolongées, nous oublierons ce genre de publications.

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