Si vous ne manquez pas d’air, ça n’est pas le cas de tout le monde...

mercredi 21 janvier 2004 par Dr Hervé Couteaux1391 visites

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Si vous ne manquez pas d’air, ça n’est pas le cas de tout le monde...

Si vous ne manquez pas d’air, ça n’est pas le cas de tout le monde...

mercredi 21 janvier 2004, par Dr Hervé Couteaux

Le souffle, c’est la vie... en manquer, c’est (au mieux) un problème, qui concerne d’ailleurs une foule de gens sur terre. Les médecins s’en occupent, bien sûr. Si pour une raison quelconque, vous étiez admis dans un hôpital célèbre, ce problème éventuel serait-il correctement pris en compte ? on peut toujours vérifier...

L’obstruction des voies aériennes est fréquente mais insoupçonnée chez des patients admis dans un service de médecine générale. : David Zaas, MD ; Robert Wise, MD, FCCP and Charles Wiener, MD, FCCP ; for the Longcope Spirometry Investigation Team*

* From the Longcope Medical Firm, Osler Medical Service, Johns Hopkins Department of Medicine, Baltimore, MD

dans CHEST 2004 ;125:106-111

 Objectifs :

  • les maladies respiratoires obstructives sont un problème de santé mondial avec un impact majeur sur la santé et l’économie et peuvent être aisément diagnostiquées par la spirométrie.
  • De récents comités d’experts ont souligné qu’il s’agissait d’un problème trop rarement rapporté et reconnu.

 Le but de cette étude était de mesurer la prévalence de l’obstruction des voies aériennes chez des patients admis dans un hôpital universitaire en milieu urbain et de déterminer la fréquence du diagnostic de l’obstruction respiratoire lors de l’admission ou de la sortie.

 Méthode  : étude prospective de 153 patients admis dans un service de médecine de l’hôpital Johns Hopkins à Baltimore avec spirométrie au lit du patient et un questionnaire.

 Résultats :

  • 26 % des patients avaient une obstruction bronchique (FEV1/FVC inférieure à 70 %),et, parmi eux, 6% avaient une obstruction très sévère (FEV1 inférieure à 30 % de la valeur théorique).
  • à leur sortie de l’hôpital, un diagnostic clinique d’obstruction des voies aériennes n’a été porté que pour :
    • 33 % des patients avec une obstruction légère (FEV1 supérieur à 70 % de la théorique),
    • 30 % des patients avec une obstruction modérée (FEV1 entre 50 et 69 % des valeurs théoriques),
    • 33 % des patients avec une obstruction sévère (FEV1 entre 30 et 49 % des valeurs théoriques)
    • et 89 % des patients avec une obstruction très sévère (FEV1 inférieure à 30 % de la valeur théorique).
  • Seulement 40 % des patients avec une obstruction bronchique ont reçu un traitement bronchodilatateur lors de leur admission ou lors de leur sortie.

 Conclusion :

  • l’obstruction bronchique est fréquente chez les patients hospitalisés et elle est habituellement sous diagnostiquée et sous-traitée.
  • Une spirométrie peut-être une composante utile de l’examen des patients hospitalisés en médecine afin d’identifier une obstruction des voies respiratoires.

Chez des patients atteints d’une obstruction bronchique sévère (VEMS entre 30 et 49 % de la théorique) le diagnostic n’a été porté, à leur sortie de l’hôpital, que dans 33 % des cas...

La spirométrie est un examen simple, manifestement sous-utilisé. Ses modalités d’utilisation reste discutées dans le cadre de la pathologie asthmatique, alors, pour ce qui est de la pratique médicale générale...

Les résultats de cette étude rappellent le caractère indispensable de la spirométrie, ne serait-ce que dans une optique diagnostique : la perception de la dyspnée par le patient et l’évaluation clinique peuvent sous-estimer un trouble ventilatoire obstructif, ou tout simplement l’ignorer...

Cette situation n’est pas acceptable : il y a plus de vingt ans, en 83, une étude menée sur 30 000 cas, ayant répertorié 1300 décès dans un suivi de huit ans et demi, avait précisé les principaux facteurs prédictifs de mortalité accessible à la prévention : le VEMS y figurait déjà en 4ème place, derrière l’alcool, le tabac et la tension artérielle...

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