Dépistage des enfants allergiques par la biologie : mythe ou réalité ?

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Dépistage des enfants allergiques par la biologie : mythe ou réalité ?

Dépistage des enfants allergiques par la biologie : mythe ou réalité ?

jeudi 11 mars 2004, par Dr Philippe Carré

Le dépistage de l’allergie reste un problème d’actualité ; des tests biologiques ont été utilisés à cet effet, qu’ils soient qualitatifs ou semi-quantitatifs, posant le problème de leur fiabilité ; deux des plus utilisés sont le Phadiatop et le Fx5, et les auteurs ont évalué leur performance chez près de 200 patients en milieu pédiatrique.

Sensibilisation aux allergènes alimentaires ou aux pneumallergènes en milieu pédiatrique. Utilité clinique d’un panel de premier niveau d’IgE spécifiques. : Altrinetti V, Salmaso C, Montagna P, Castellano E, Cosentino C, Pesce G, Bagnasco M.

Allergy and Clinical Immunology Unit, Department of Internal Medicine-D.I.M.I., University of Genoa, Italy

dans J Investig Allergol Clin Immunol. 2003 ;13(4):286-9

 Contexte. Des tests diagnostiques in vitro de premier niveau, utilisant les IgE spécifiques dirigées contre les allergènes communs alimentaires ou inhalés, ont été utilisés pour identifier les patients allergiques.

 But. Évaluer la performance des tests sérologiques (Pharmacia Diagnostics AB, Uppsala, Suède) Phadiatop et Fx5 (mélange d’allergènes alimentaires) dans différents groupes en pédiatrie.

 Méthodes.

  • Les auteurs ont évalué deux groupes de patients pédiatriques :
    • 61 enfants recrutés à partir de l’Unité d’Allergie et Immunologie Clinique (groupe 1) ;
    • 136 enfants d’une unité pédiatrique non spécialisée dans les maladies allergiques (groupe 2) ;
  • les deux groupes comprenaient des patients avec (A) et sans (B) suspicion clinique de maladie allergique.
  • Les sérums étaient prélevés par prélèvement de routine.

 Résultats.

  • Les fréquences de positivité du Phadiatop et/ou du Fx5 étaient très élevées : 68.8% dans le groupe 1, mais aussi 35.5% dans le groupe 2.
  • Tous les patients du groupe 1 avec suspicion de maladie allergique (1A), confirmée par des tests allergiques diagnostiques, avaient un test de premier niveau positif, alors que 42.8% seulement des patients du groupe 2 avec suspicion de maladie allergique (2A) avaient un test positif.
  • Aucun des enfants du groupe 2A avec Phadiatop/Fx5 négatif n’avait d’IgE spécifiques avec les tests conventionnels.
  • Chez 30% des enfants sans suspicion de maladie allergique (1B et 2B), on notait des tests de premier niveau positifs. De telles positivités inattendues étaient confirmées par des mesures individuelles d’IgE spécifiques dans 94.7% des cas pour les pneumallergènes et 71% pour les allergènes alimentaires.

 Conclusion. La sensibilité et la performance globale des tests de premier niveau dans des populations pédiatriques, en particulier pour les pneumallergènes, peut suggérer leur utilisation, dans des conditions appropriées, à la fois comme approche diagnostique première (pour éliminer les patients négatifs) et dans un but de dépistage.


La positivité des deux tests étudiés (Phadiatop et Fx5) est très élevée, que ce soit bien sûr dans un centre orienté sur l’allergie (groupe 1 : 2/3 environ), mais aussi en milieu pédiatrique tout venant (groupe 2 : environ 1/3 des enfants).

La fréquence est d’autant plus élevée que la suspicion de maladie allergique est forte (tous les enfants dans le groupe 1, ce qui donne une sensibilité de 100%, et plus de 40% dans le groupe 2).

Dans le groupe 2, la spécificité est de 100%, ce qui permet d’éliminer les patients non allergiques.

Par contre, chez 30% d’enfants non suspects de maladie allergique, les tests sont positifs : s’agit-il d’une sensibilisation ou d’un faux positif ?

La fiabilité des tests (= confirmation par un dosage unitaire d’IgE spécifiques) est quasi-totale pour les pneumallergènes (environ 95%) et moins bonne pour le Fx5 (71%), ce qui là encore confirme les données connues dans des essais antérieurs.

Les tests biologiques de débrouillage restent donc une approche possible de dépistage dans certaines conditions, permettant de confirmer une suspicion d’allergie ou de ne pas la retenir d’emblée ; mais il faut redire que ces tests ne permettent pas le diagnostic allergologique précis, d’une part parce que la sensibilité et la spécificité ne sont pas toujours totales, surtout pour les trophallergènes, et d’autre part parce que la confirmation précise de l’allergène responsable reste toujours de l’expertise de l’allergologue.

Le diagnostic allergologique ne peut pas se faire sur une prise de sang ; la biologie ne peut rester qu’une approche initiale éventuelle à la disposition du médecin généraliste.

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