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Histoire d’extra-terrestre : il ne faut pas avoir peur du mutant CD14, il est pacifique !!
vendredi 23 avril 2004, par
Actuellement de nombreuses équipes dans le monde cherchent à identifier le polymorphisme génétique des maladies et en particulier de la maladie allergique ou atopie. En identifiant les gènes impliqués, il serait ensuite possible d’identifier les molécules responsables et d’envisager des solutions thérapeutiques innovantes. Ce travail analyse les conséquences du polymorphisme du gène codant pour le CD14.
Un polymorphisme du promoteur du gène du CD14 est associé à une élévation du taux de CD14 soluble mais pas aux taux des IgE ni aux affections atopiques.6 : M. Kabesch1, K. Hasemann2, V. Schickinger1, I. Tzotcheva1, A. Bohnert2, D. Carr1, M. Baldini3, H. Hackstein2, W. Leupold4, S. K. Weiland5, F. D. Martinez3, E. von Mutius1, G. Bein2
1University Children’s Hospital, Ludwig Maximilian’s University Munich, München, Germany ; 2Institute of Clinical Immunology and Transfusion Medicine, Justus-Liebig University Giessen, Giessen, Germany ; 3Respiratory Science Centre, University of Arizona, AZ, USA ; 4University Children’s Hospital Dresden, Dresden, Germany ; 5Institute of Epidemiology, University of Ulm, Ulm, Germany
dans Allergy 59 (5), 520-525
Un polymorphisme dans la région du promoteur du gène du CD14, le C-159T, a été démontré comme pouvant être associé à une élévation du taux du CD14 soluble et à une diminution du taux des IgE sériques ainsi qu’à l’expression d’un phénotype clinique plus sévère d’atopie dans certaines études.
– Objectif de l’étude : Les auteurs ont cherché à tester si ces associations sont retrouvées de façon significative dans différentes populations et à des ages différents.
– Méthodologie : Il a été réalisé un génotype chez 2048 enfants d’ages différents ainsi que 88 adultes de divers régions d’Allemagne afin d’étudier le polymorphisme CD14-159T.
– Résultats :
- Alors qu’une association entre le polymorphisme de ce promoteur et le taux de CD14 soluble a été confirmée dans cette population (CC=1017 ng/ml, versus TT=1370 ng/ml, p=0.03), aucune association a été trouvée entre les génotypes CD14-159T et le taux des IgE ou la prévalence des maladies atopiques.
– Conclusions : L’absence d’association entre les génotypes CD14 et les IgE ou les maladies atopiques dans une large population Allemande semble indiquer que le génotype du CD14 n’est pas directement impliqué dans le développement des allergies durant l’enfance.
Dans ce travail, les auteurs démontrent que le polymorphisme du gène codant pour le CD14 n’est pas lié à une augmentation des maladies allergiques durant l’enfance, ni à une augmentation des IgE totales sériques, alors qu’il est en relation avec l’élévation du taux de CD14 soluble.
Ce travail est très intéressant bien qu’un peu déprimant car il va contre la théorie hygiéniste proposée pour expliquer l’augmentation des maladies allergiques.
En effet le CD14 est une molécule de surface de certaines cellules comme les monocytes et les macrophages. Le CD14 fixe les polysaccharides en particulier le LPS microbien. La fixation de LPS sur le CD14 va entraîner la production d’IL12 qui stimule la différenciation de type TH1. Comme les maladies allergiques sont secondaires à une augmentation des lymphocytes TH2, on voit donc que l’expression du CD14 a un effet protecteur vis-à-vis des maladies allergiques. S’il y a une erreur de codage du CD14 en raison d’un polymorphisme génétique, c’est-à-dire une modification d’une ou plusieurs paires de base par rapport à la séquence normale du gène, il y aura formation d’un CD14 non fonctionnel. On pourrait donc penser que le fait d’avoir cette variation génétique (en C-159T) devrait protéger des maladies allergiques.
Cette étude montre qu’en réalité il n’y a pas de lien entre ce polymorphisme génétique et le fait de développer ou non une maladie atopique ou d’avoir ou non un taux élevé d’IgE totales sériques.
Le seul lien concerne, ce qui est logique, une diminution du CD14 soluble chez les patients ayant cette mutation génétique. Il faut donc certainement chercher dans une autre direction ou dans un système plus complexe.
Dans tous les cas ce travail confirme que l’atopie résulte d’un polymorphisme génétique compliqué.
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