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Test à l’arachide, ou lorsque le parent voit trouble
mercredi 14 août 2002, par ,
Michèle Lamirand, présidente de l’afpada a écrit quelques petits contes vécus sur la vie des atopiques : voici Test à l’arachide, Ou, lorsque le parent voit tout trouble
Tatiana est une très jolie atopique de 6 ans.
Elle souffre beaucoup de son eczéma depuis ses premières semaines. Et sa maman souffre aussi de l’eczéma de sa fille.
Elles arrivent dans un centre spécialisé sur la recherche d’allergies alimentaires.
Là, le test à la cacaouète est, entre autres tests très réactif.
Le professeur parle alors de l’extrême gravité de la chose, de mort possible ; elle interdit la cantine, et conseille à la maman de trouver une personne qui viendra chez elle donner à Tatiana le plateau que sa maman aura préparé tout exprès.
Les années passant, la maman parle régulièrement des efforts fournis, de ce test cutané terrible à l’huile d’arachide, et de l’inflammation quasi immédiate de la peau de Tatiana. D’ailleurs Tatiana qui a maintenant 10 ans est devenue terrorisée par l’idée de risque allergique.
Je m’interroge, car nous n’en sommes plus aux premières années, et nous savons que les tests de réintroduction de l’huile d’arachide ainsi que son application ne présentent pas de résultats.
Alors, je dis : « Comment s’est passé ce test à l’arachide ? »
La maman me répond : « Lorsque j’ai téléphoné pour prendre RV, on m’a demandé d’apporter depuis chez moi de l’huile d’ara… » Silence… « …mais non, on ne m’a pas demandé de l’huile d’arachide, on m’a demandé d’apporter des cacaouètes »…silence… « on les a écrasées devant moi, puis avec un coton, on en a déposé sur le menton de Tatiana juste sous la bouche… »
Stupeur, c’est une révélation pour la maman et pour moi-même : dès cette consultation, la maman, effrayée par le message d’extrême gravité, avait transformé la nature du test de sa fille : d’un allergène réel et bourré d’histamine (la cacaouète), elle avait glissé vers son composé, l’huile raffinée, sans protéine allergisante.
Cette modification mentale a duré quatre années.
Quatre années à répéter que Tatiana avait réagi violemment à l’huile d’arachide déposée sur sa peau.
Quatre années à paniquer lorsque la trousse d’urgence était oubliée à la maison.
Et pour moi, des années de troubles sur ce que me disait la maman de Tatiana !
AFPADA - Association Française des Personnes Atteintes de Dermatite Atopique
Il est certain que nous médecins allergologues n’avons pas souvent ce vécu quotidien en tête lorsque nous parlons d’allergie à nos patients : en médecine tout doit être remis en cause régulièrement et ce n’est pas parceque l’allergie à l’arachide était très forte à deux ans qu’elle le sera à 10 !
En médecine : il n’y a pas de certitude ni de diagnostic définitif.
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