Plus tu élèves de bétails, plus tu siffles sur la colline (vieux dicton norvégien)

mercredi 5 mai 2004 par Dr Alain Thillay1685 visites

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Plus tu élèves de bétails, plus tu siffles sur la colline (vieux dicton norvégien)

Plus tu élèves de bétails, plus tu siffles sur la colline (vieux dicton norvégien)

mercredi 5 mai 2004, par Dr Alain Thillay

Il s’agit d’une nouvelle étude qui va venir alimenter la discussion sur la théorie hygiéniste. Ici, l’étude ne se contente pas d’aborder le problème par la présence ou non de bétails. Elle tente d’évaluer l’effet du bétail en fonction du type d’élevage et du nombre de genres de bétail élevés sur la prévalence de l’asthme.

L’exposition à l’environnement de la ferme provoque-t-il ou prévient-il l’asthme ? Résultats d’une étude concernant des fermiers norvégiens d’âge adulte. : W Eduard1, J Douwes2,3, E Omenaas4 and D Heederik2

1 National Institute of Occupational Health, Oslo, Norway
2 Institute for Risk Assessment Sciences, Universiteit Utrecht, The Netherlands
3 Centre for Public Health Research, Massey University, Wellington, New Zealand
4 Institute of Medicine, University of Bergen, Norway

dans Thorax 2004 ;59:381-386

 CONTEXTE

  • L’effet protecteur de l’exposition aux endotoxines à l’encontre de l’asthme et de l’atopie a été postulé chez les enfants de fermiers.
  • Les études concernant les fermiers d’âge adulte montrent des résultats en désaccord avec un manque de données sur l’exposition.

 OBJECTIF : Évaluer la prévalence de l’asthme chez les fermiers en fonction de différents niveaux d’exposition aux agents microbiens et de gaz irritants.

 METHODES

  • L’atopie a été définie par la réponse positive à des tests sériques de détection d’IgE spécifiques (RAST) concernant 10 aéroallergènes courants et l’asthme a été vérifié à l’aide d’un questionnaire ayant recours à un échantillon stratifié (n=2169) de fermiers de la population du sud-est de la Norvège.
  • L’exposition des fermiers à la poussière totale, aux spores fongiques, aux bactéries, aux endotoxines et à l’ammoniaque a été mesurée.

 RESULTATS

  • La prévalence de l’asthme étaient de 3,7% lorsque l’asthme était diagnostiqué par un médecin et de 2,7% pour l’asthme en cours.
  • La prévalence de l’atopie était de 14%, mais la plupart des sujets asthmatiques étaient non atopiques (80%).
  • Comparativement aux fermiers sans bétails,
    • l’asthme était significativement plus élevé chez les éleveurs de bétails (OR=1,8 ; IC=95% ; 1,1 à 2,8) et chez les éleveurs de porcs (OR=2,0 ; IC=95% ; 1,0 à 2,5) ;
    • l’asthme non allergique était significativement plus élevé chez les porchers (OR=2,0 ; IC=95% ; 1,2 à 3,3) et chez les éleveurs ayant 2 ou plus de types de bétails (OR=1,9 ; IC=95% ; 1,1 à 3,3), et,
    • l’asthme allergique était moins fréquent chez les éleveurs de 2 ou plus de types de bétails (OR=0,32, IC=95% ; 0,11 à 0,97).
  • L’exposition aux endotoxines, aux spores fongiques et à l’ammoniaque était associée positivement à l’asthme non atopique et négativement associée à l’asthme allergique.
  • Pas d’association retrouvée avec l’atopie.

 CONCLUSIONS : L’exposition aux endotoxines et aux spores fongiques apparaît avoir un rôle protecteur sur l’asthme allergique mais pourrait induire l’asthme non allergique chez les fermiers.


Voilà une nouvelle étude qui vient apporter de l’eau au moulin de la théorie hygiéniste.

Il est dommage que la définition de l’atopie se soit limitée aux seuls RAST à 10 aéroallergènes classiques.
On le sait les RAST sont moins sensibles que les tests cutanés de l’allergie immédiate, il y a donc obligatoirement un grand risque de faux négatifs donc, ici, d’un manque de recrutement de sujets atopiques.

De plus, il aurait été intéressant d’ajouter à cette batterie « standard » des tests correspondant à l’environnement du fermier et de l’éleveur.

Il est vrai que, même compte tenu des cette remarque préalable concernant la méthodologie, la relation positive à l’asthme non allergique chez les éleveurs particulièrement ceux élevant des porcs ou plusieurs genres de bétails paraît très évidente.

Ainsi, à en croire ces résultats, le contact avec un milieu d’élevage protègerait de l’allergie mais pas de l’asthme non allergique (80% des asthmatiques seraient non allergiques).

Cette étude nous interpelle donc sur notre mode de vie.

L’animal « humain » semble avoir été conçu pour vivre en symbiose avec la nature.
Si cela est vrai, notre vie moderne, avec tout ce que cela sous-entend, nous éloignerait trop de notre milieu naturel.

Les maladies allergiques dépendantes des IgE seraient donc bien un symptôme de notre « mal vivre » la planète terre.

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