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Les chercheurs font entrer des vaches laitières dans leurs éprouvettes ! !
mardi 18 mai 2004, par
Pourquoi des patients allergiques ne supportent ils pas le lait de vache et pourquoi des atopiques tolèrent ces protéines allergisantes ? La réponse se situe au niveau cellulaire et de façon plus précise au niveau des lymphocytes T (LT). Ce travail permet de comprendre comment réagissent ces LT vis-à-vis des protéines du lait de vache.
Réactivités spécifiques des cellules T au lait de vache chez des enfants avec ou sans allergie persistante au lait de vache : rôle central de l’IL10. : Machteld M. Tiemessen, MSca* Adrie G. Van Ieperen-Van Dijk, BSca Carla A.F.M. Bruijnzeel-Koomen, PhD, MDa
Johan Garssen, PhDb Edward F. Knol, PhDa
Els Van Hoffen, PhDa
From athe Department of Dermatology/Allergology, University Medical Center Utrecht, Utrecht, and bNumico Research, Wageningen. The Netherlands
dans JACI May 2004 • Volume 113 • Number 5
– Introduction :
- Le rôle des cellules T spécifiques de l’antigène dans le mécanisme de l’allergie alimentaire ou dans le maintien d’une tolérance envers un allergène inoffensif, comme le lait de vache, n’est pas encore bien compris.
– Objectif de l’étude :
- Explorer les réponses cellulaires T spécifiques du lait de vache chez des patients ayant des antécédents allergiques variés.
– Méthodologie :
- Les clones cellulaires T spécifiques du lait de vache ont été produits à partir du sang d’enfants ayant une allergie persistante au lait de vache, à partir du sang d’enfants allergiques avec une tolérance au lait de vache et enfin à partir de témoins sains sans allergie.
- Les clones cellulaires ont été caractérisés par leurs réponses prolifératives spécifiques à l’antigène, leurs cytokines et leur état d’activation.
– Résultats :
- Les clones cellulaires T spécifiques du lait de vache chez les enfants ayant une allergie persistante au lait de vache sont de type TH2, et la production d’IL4 et d’IL13 est corrélée de façon significative à l’expression cellulaire du marqueur d’activation CD25.
- Les clones T des patients allergiques mais sans allergie au lait de vache, montrent une forte production d’IL10 qui est corrélée positivement à la production d’IL4 et d’IFN gamma et à l’expression de CD25.
- Les clones T des patients non allergiques ont une réponse atténuée vis-à-vis du lait de vache, c’est à dire une production des taux non élevés de cytokines et une absence d’expression des marqueurs d’activation.
- Comme pour les témoins allergiques, les patients non allergiques ont une production d’IL10 qui est corrélée positivement à l’expression de CD25.
– Conclusion :
- L’état d’activation des cellules T qui proviennent de patients ayant une allergie au lait de vache persistante est associé à une production d’IL4 et d’IL13, alors que les cellules T des témoins tolérants le lait de vache sont caractérisées par la production d’IL10, et à un moindre degré d’IFN gamma.
- Ces données suggèrent que les cellules T CD4+ (caractérisées par une expression élevée de CD25) pourraient contribuer à la réponse immune tolérogène envers un antigène comme les protéines du lait de vache, par le biais d’une sécrétion d’IL10.
Dans ce travail de biologie cellulaire, les auteurs caractérisent le mode de réponse des clones lymphocytaires T lorsqu’ils sont soumis aux protéines de laite de vache.
Chez les allergiques au lait il y a différenciation TH2, chez le non allergique production d’IL10 qui semble être la cytokine inductrice de tolérance.
Ce travail permet de mieux comprendre le mode de réponse des cellules lymphocytaires T des patients allergiques au lait de vache, et allergiques mais pas au lait de vache.
Chez les premiers, il y a production surtout d’IL4 et d’IL13 alors que chez les autres il y a production d’IL10 et IFN gamma. Chez le témoin non allergique il y a également production surtout d’IL10.
Reste à interpréter ces résultats.
La présence du marqueur d’activation CD25 permet de dire que les cellules T activées par le lait de vache sont des TH CD4+.
La différence entre être allergique vis-à-vis d’une antigène ou ne pas y être allergique, que l’on soit atopique ou non tient à la présence d’IL10. Cette cytokine semble jouer un rôle central en allergologie puisque c’est la cytokine qui augmente lors de la désensibilisation.
Faut-il penser que le traitement futur des allergies reposera sur des injections d’IL10 ? Est-ce que l’IL10 est responsable de la tolérance aux antigènes ou indique simplement qu’il y a tolérance ? Peut-on modifier la réponse cellulaire T vers la production d’IL10 lors d’une allergie alimentaire ?
Autant de questions auxquelles il faudra répondre...
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