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"Peyer" qui roule n’amasse pas "mouse" ou du nouveau dans l’allergie alimentaire ! !
mercredi 19 mai 2004, par
Pourquoi fait-on une allergie alimentaire ? Ou, dit d’une autre façon, pourquoi ne fait-on pas une allergie à un allergène alimentaire potentiel ? C’est ce qu’a cherché cette équipe qui a trouvé une solution au niveau des plaques de Peyer. (Mais si ! Souvenez vous de vos cours d’immunologie...)
Les lymphocytes des plaques de Peyer régulent la tolérance clinique dans un modèle murin d’allergie alimentaire. : Christophe P. Frossard, MSa
Laurence Tropiaa Conrad Hauser, MDb Philippe A. Eigenmann, MDa*
From aUniversity Hospital of Geneva, Department of Pediatrics, Geneva, Switzerland, and bUniversity Hospital of Geneva, Department of Medicine, Division of Immunology and Allergy, Geneva, Switzerland
dans JACI May 2004 • Volume 113 • Number 5
– Introduction :
- L’allergie alimentaire peut conduire à des manifestations anaphylactiques graves parfois mortelles.
- Pour mettre au point des stratégies efficaces dans une perspective curative, une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques de cette allergie est nécessaire.
– Objectif de l’étude :
- Étudier les mécanismes liés aux lymphocytes T dans l’allergie et la tolérance alimentaire à la lactoglobuline (BLG) au niveau des structures du système lymphoïde associé.
– Méthodologie :
- Les IgG1 et IgG2a spécifiques de la lactoglobuline, et les IgE spécifiques à la lactoglobuline du sérum de souris anaphylactiques à la BLG ont été analysées par méthode ELISA et comparées aux taux trouvés chez des souris activement rendues tolérantes au BLG.
- Le nombre de cellules sécréteuses avec récepteurs spécifiques Ab au niveau de la rate et des plaques de Peyer a été déterminé par Elispot.
- Le nombre des cellules productrices de cytokines après activation spécifique par l’allergène a été déterminé par la même méthode.
- Enfin, les cellules des nodules lymphatiques mésentériques et des plaques de Peyer ont été transférées à des souris naïves, et la production de récepteurs ab ainsi que le nombre de cellules sécrétrices de Ab ont été mesurés.
– Résultats :
- Les taux des IgG1 et IgE sériques aussi bien que le nombre de cellules productrices d’IL4 sont fortement augmentés chez les souris anaphylactiques.
- De l’IL10 a été trouvé au niveau des cellules des plaques de Peyer des souris qui tolèrent le BLG après activation par le BLG mais pas chez les souris anaphylactiques.
- Les cellules des plaques de Peyer, au contraire des nodules lymphoïdes du mésentère, prolifèrent faiblement chez les souris anaphylactiques après activation par l’antigène et l’activation des plaques de Peyer est partiellement inhibée par l’induction d’une tolérance.
– Conclusions :
- Ces données suggèrent un rôle spécifique des cellules des plaques de Peyer dans la tolérance au BLG.
- Une faible production d’IL10 au niveau des plaques de Peyer pourrait favoriser les symptômes d’allergie alimentaire.
Dans ce travail fondamental sur un modèle de souris, les auteurs démontrent que les mécanismes d’allergie alimentaire et de tolérance pourraient faire intervenir de façon spécifique les lymphocytes des plaques de Peyer, par le biais d’une production ou d’une absence de sécrétion d’IL10.
Encore un travail sur l’allergie alimentaire qui montre à quel point les chercheurs essaient de comprendre l’allergie alimentaire. D’ailleurs c’est sans doute peut-être plus la tolérance au nombreux allergènes alimentaires consommés chaque jour, que l’allergie alimentaire elle-même, qui est importante à comprendre.
Dans cette étude les auteurs ont mis au point un modèle qui permet de mieux préciser les choses.
Les auteurs ont étudié le système lymphoïde associé qui se trouve au niveau du système digestif lui-même, avec en particulier les plaques de Peyer.
Il est démontré que les souris allergiques ont des taux élevés à la fois d’IgE et d’IgG spécifiques à la lactoglobuline.
Par contre chez l’animal tolérant il y a une production importante d’IL10 au niveau des plaques de Peyer. Cette production est augmentée chez les animaux ayant été rendu tolérant alors qu’elle n’est pas trouvée chez les animaux allergiques. C’est donc ce taux d’IL10 produit par les plaques de Peyer qui pourrait réguler l’allergie ou la tolérance vis-à-vis des allergènes alimentaires.
Reste à savoir comment tirer profit de ces résultats dans une perspective thérapeutique. Dans la mesure où le système digestif lui-même produit sa propre quantité d’IL10, on peut raisonnablement penser qu’une désensibilisation par voie orale (et non sublinguale) pourrait permettre de stimuler la production d’Il10 en réponse à un allergène donné.
Il faudrait d’abord le démontrer chez la souris...
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