Et voilà, c’est encore une fois la faute de la mère si les enfants font une allergie au soja !!

dimanche 23 mai 2004 par Dr Stéphane Guez1346 visites

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Et voilà, c’est encore une fois la faute de la mère si les enfants font une allergie au soja !!

Et voilà, c’est encore une fois la faute de la mère si les enfants font une allergie au soja !!

dimanche 23 mai 2004, par Dr Stéphane Guez

L’allergie alimentaire est un problème majeur dont la physiopathologie est loin d’être bien claire. Pourquoi, compte tenu de l’énorme quantité d’allergènes potentiels que nous ingérons chaque jour, n’y a-t-il pas plus d’allergie alimentaire ? Il faudrait surtout comprendre la réaction du sujet normal vis-à-vis de ces allergènes.

Réponse immune de souris à l’ingestion de protéines de soja : production d’anticorps, tolérance orale et transfert maternel. : Christensen HR, Brix S, Frokiaer H.

BioCentrum-DTU, Biochemistry and Nutrition, Technical University of Denmark, DK-2800 Kgs. Lyngby, Denmark. hrc@biocentrum.dtu.dk

dans Br J Nutr. 2004 May ;91(5):725-32

 Introduction :

  • Alors que les réactions allergiques à l’ingestion de protéines de soja sont largement étudiées, il n’y a presque pas d’étude portant sur la réponse à l’ingestion de soja chez le sujet normal.

 Objectif de l’étude :

  • Ce travail a cherché à caractériser la réponse immunitaire spécifique au soja chez des souris saines après ingestion de protéines de soja.
  • Des souris ont reçu un régime riche en soja (F0) et des souris de première (F1) et de deuxième (F2) génération nourries avec un régime sans soja, ont reçu soit un régime riche en soja soit un régime sans soja durant la fin de la gestation ou en période néonatale.
  • Les souris ont été ensuite comparées au niveau des taux d’anticorps spécifiques au soja, déterminés par méthode ELISA, et selon la présence ou non d’une tolérance alimentaire déterminée par l’absence de production d’anticorps et l’absence de prolifération cellulaire après immunisation par du soja.

 Résultats  :

  • Les souris F0 produisent des anticorps anti-soja, alors que la tolérance orale à ces mêmes protéines est très clairement confirmée.
  • Lorsque les F0 sont soumises à un régime sans soja, les générations F1 et F2 ne produisent pas de réponses immunes spécifiques au soja différentes, montrant que les composants immuns de la réponse au soja ne sont pas transmis par la mère.
  • Cependant, l’ingestion d’une diète riche en soja par la génération F1 durant la dernière gestation et lactation entraîne chez la descendance une réponse anticorps durable, mais pas de tolérance orale.
  • Ceci montre donc que dans certaines conditions, des facteurs liés à la production spontanée d’anticorps peuvent être transmis par la mère à la descendance.

 Conclusion :

  • Comprendre la réponse immune aux protéines de sojas ingérées dans des conditions de santé normales est important pour évaluer les effets indésirables de l’ingestion de protéines de soja, et mieux comprendre le modèle allergique murin. Les résultats de ce travail aident à cette compréhension.

Dans ce travail fondamental, les auteurs démontrent que dans certaines conditions la nature du régime alimentaire riche en soja peut induire des réponses particulières vis-à-vis du soja chez les nouveaux nés.

Par ailleurs, il y a une production normale chez l’animal sain d’anticorps spécifiques au soja avec une tolérance alimentaire.

Il est difficile de tirer des conclusions de cette étude pour la prise en charge de l’allergie alimentaire chez l’homme.

Le plus important est surtout l’idée de chercher à comprendre les phénomènes immunologiques déclenchés chez le sujet sains par l’ingestion de protéines allergisantes, plutôt que d’étudier seulement l’animal allergique. Il est en effet beaucoup plus intéressant de comprendre pourquoi on est tolérant à des protéines allergisantes et pourquoi on devient non tolérant.

Cela devrait permettre de développer de nouveaux concepts qui permettront certainement des applications thérapeutiques intéressantes.

Dans ce travail très préliminaire, les auteurs démontrent que l’alimentation maternelle peut dans certaines conditions modifier la réponse à des allergènes alimentaires. Cela pourrait avoir des implications intéressantes si c’est démontré chez l’homme, en proposant par exemple des protocoles diététiques spécifiques chez les femmes enceintes.

Mais y a t’il influence d’un bagage génétique particulier ? Cette réponse immunologique est-elle universelle quelque soit l’allergène ? Il est encore beaucoup trop tôt pour le dire.

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