Classes « anti-allergiques » : encore des progrès à faire !

mercredi 2 juin 2004 par Dr Alain Thillay4731 visites

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Classes « anti-allergiques » : encore des progrès à faire !

Classes « anti-allergiques » : encore des progrès à faire !

mercredi 2 juin 2004, par Dr Alain Thillay

L’éviction des allergènes reste un pilier du traitement de l’allergie aux phanères animales, tout particulièrement au chat. Les allergènes félins sont ubiquitaires dans les établissements scolaires. En Suède, il existe des classes « anti-allergiques » faisant l’objet de mesures d’éviction poussées. Ces mesures sont-elles efficaces ?

L’éviction allergénique ne modifie pas le taux d’allergènes aéroportés du chat dans les classes. : A.-S. Karlsson1, A. Renström1, M. Hedrén2, K. Larsson1

1Lung and Allergy Research, National Institute of Environmental Medicine, Karolinska Institutet, Stockholm ; 2National Institute for Working Life, Stockholm, Sweden

dans Allergy 59 (6), 661-667

 CONTEXTE

  • Certaines écoles suédoises ont des classes dans lesquelles est pratiquée l’éviction allergénique ; elles sont dédiées aux enfants allergiques atteints d’asthme sévère.
  • Cependant, les mesures habituellement prises dans le but de réduire les taux d’allergènes n’ont jamais vraiment été évaluées.
  • Le but de cette étude prospective a été d’évaluer si les taux d’allergènes aéroportés du chat étaient modifiés après introduction de mesures d’éviction dans les classes sans tenir compte du choix de chacun de posséder ou non un animal domestique.

 METHODES

  • Vingt-cinq classes dont cinq faisant l’objet de mesures de prévention de l’allergie, ont participé à l’étude durant une année scolaire.
  • Après un trimestre, on appliquait dans 6 classes un certain nombre d’interventions recommandées par l’Institut National Suédois de Santé Publique.
  • Rideaux, tapisseries et plantes ont été supprimés ; les rayonnages ont été remplacés par des placards ; le nettoyage régulier a été augmenté.
  • La poussière aéroportée était collectée chaque semaine (32 semaines) à l’aide de boites de Petri (n=1574) et a six occasions à l’aide d’échantillons d’air dans chaque classe (n=264).

 RESULTATS

  • Les taux d’allergènes félins aéroportés montraient une variabilité similaire dans l’ensemble des classes étudiées.
  • Malgré des mesures plus importantes pour réduire l’exposition aux allergènes, les taux d’allergènes du chat n’étaient pas modifiés dans les six classes après intervention.
  • Les taux d’allergènes n’étaient pas significativement abaissés dans les classes dédiées à la prévention des allergies, comparés à ceux des autres classes.
  • Les taux d’allergènes du chat différaient, cependant, de façon significative entre les classes comportant peu ou beaucoup de propriétaires de chats (P<0,05).

 CONCLUSIONS

  • Nous concluons que les mesures d’éviction allergénique recommandées dans cette étude n’ont pas permis de réduire les allergènes aéroportés du chat.
  • Il apparaît plausible que les mesures de réduction des taux d’allergènes sont utiles afin d’améliorer la santé des enfants allergiques mais cela reste à démontrer.

Les allergènes du chat, particulièrement pour ce que l’on connaît de l’allergène majeur Fel d 1, sont de petite taille, légers et donc facilement aéroportés.

Dans ces conditions, les méthodes d’éviction classiques sont sans doute insuffisantes, c’est ce que montre cette étude comme d’autres l’avaient déjà fait.

Les mesures d’éviction utilisées et prises dans certaines classes « anti-allergiques » ne modifient pas le taux d’allergènes du chat par rapport aux classes habituelles.

On le sait le moyen efficace de lutter contre ce genre d’allergène est l’utilisation d’un purificateur d’air équipé d’un filtre HEPA.

Ainsi, si on désire vraiment faire des classes « anti-allergiques » il faut dès la construction intégrer une filtration de l’air avec filtre HEPA associée à toutes les mesures classiques d’éviction décrites dans l’étude. De plus, il faudra aspirer les surfaces à l’aide d’un aspirateur étanche équipé lui aussi de filtre HEPA.

Enfin, cette étude, qui montre que l’allergène du chat est ubiquitaire dans les établissements scolaires, pose problème quant à la théorie hygiéniste.

En effet certaines études suggèrent que le contact précoce avec les animaux domestiques y compris avec le chat aurait un rôle de maturation TH1 via les endotoxines. Ainsi, les enfants vivants dès le plus jeune âge avec des animaux domestiques seraient moins allergiques.

Comment soutenir cette hypothèse puisqu’en fait tous les sujets sont exposés aux protéines d’origine animale aéroportées.

Ou alors, il faudrait introduire une notion quantitative de l’exposition allergénique. De quoi compliquer un peu plus la démonstration de l’hypothèse hygiéniste.

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