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Que faut-il choisir le Bêta-2 « long » ou le Bêta-2 « court » ?
samedi 12 juin 2004, par
Les Bêta-2 mimétiques longue durée d’action (LA) ont trouvé leur indication dans le cadre de la prévention de l’asthme induit par l’effort lorsqu’ils sont utilisés au coup par coup. Par contre, qu’en est-il lorsque ces Bêta-2 LA sont administrés régulièrement deux fois par jour ? N’existe-t-il par un risque de diminution de la sensibilité des récepteurs Bêta-2 bronchiques ?
Bronchodilatateurs bêta-2 mimétiques de longue durée d’action et asthme induit par l’effort : des leçons pour nous guider dans le futur. : Anderson SD, Brannan JD.
Department of Respiratory Medicine, Royal Prince Alfred Hospital, Camperdown, Sydney, Australia
dans Paediatr Drugs. 2004 ;6(3):161-75
La sécurité d’emploi et l’efficacité des bronchodilatateurs bêta-2 mimétiques de longue durée d’action (Bêta-2 LA) pris à la demande dans le cadre de la prévention de l’asthme induit par l’effort (AIE) sont bien établies.
Cependant, la sécurité d’emploi et l’efficacité de ces produits pris deux fois par jour, que cela soit seul ou en association avec des corticostéroïdes inhalés pour la prévention de l’AIE n’est pas clair du fait de la possibilité de tolérance (définie comme une moins bonne réponse du fait des Bêta-2 LA).
Des observations concernant les bêta-2 mimétiques à courte durée d’action (Bêta-2 CA) et l’AIE ont montré, ce qui auraient dû nous alerter, la possibilité de tolérance et de désensibilisation qui apparaissent avec les Bêta-2 LA.
- Par exemple, nous nous attendions à ce que l’utilisation des Bêta-2 LA dans l’AIE permettrait de corriger dans une certaine mesure le problème de la courte durée d’action des Bêta-2 CA.
- Cependant, lorsqu’un Bêta-2 LA est pris chaque jour, il apparaît que la durée de son effet protecteur est réduite et qu’il y a bien risque d’apparition d’AIE dans le cadre d’une administration toutes les 12 heures.
- De plus, l’utilisation journalière de Bêta-2 LA atténue l’effet bronchodilatateur des Bêta-2 CA d’autant plus que la bronchoconstriction est sévère.
- Cette « tolérance » augmente à la fois dans le temps et avec la quantité du traitement nécessaire pour lever la bronchoconstriction, ce qui pourrait avoir ainsi potentiellement un impact sur le succès du traitement en urgence lors de l’apparition d’AIE sévère.
L’utilisation des Bêta-2 LA augmente aussi la sensibilité des muscles lisses bronchiques aux agents bronchoconstricteurs.
- Cette augmentation de la sensibilité est presque équivalente à la capacité de réduction de la sensibilité à ces mêmes agents bronchoconstricteurs des corticostéroïdes.
- La sensibilité augmentée aux agents bronchoconstricteurs peut apparaître aussi bien du fait de la réduction des effets inhibiteurs des Bêta-2 mimétiques sur le relargage des médiateurs par les mastocytes que par un effet direct sur les muscles lisses bronchiques.
Ces effets non désirés des Bêta-2 LA ne sont pas nécessairement réduits par l’administration concomitante d’un corticostéroïde inhalé.
Comme le nombre des enfants recevant un traitement par Bêta-2 LA augmente, on peut prévoir que les problèmes d’AIE augmenteront aussi.
Nous avons besoin de connaître le pourcentage d’enfants qui prennent des Bêta-2 LA chaque jour qui ont recours aussi à des doses supplémentaires de Bêta-2 mimétiques pour prévenir ou traiter un AIE ou autre stimuli.
- Si ce pourcentage est significatif alors nous devons reconsidérer notre position sur les Bêta-2 LA dans le traitement des enfants asthmatiques qui pratiquent régulièrement des activités physiques intenses.
Cette publication sous forme de réflexion, concernant les bronchodilatateurs bêta-2 mimétiques de longue durée d’action, discutent des différents aspects acquis et connus du traitement de l’asthme induit par l’effort.
Ainsi, divers aspects ambigus des Bêta-2 LA sont rappelés.
Pour les auteurs, l’utilisation au coup par coup des Bêta-2 LA dans la prévention de l’AIE ne pose pas de problème.
Le doute commencerait lorsque ces bronchodilatateurs sont utilisés chaque jour en monothérapie ou associés à un corticostéroïde inhalé.
Ainsi, sous Bêta-2 LA les récepteurs Bêta-2 deviennent moins sensibles, la durée d’action diminue couvrant moins bien le nycthémère, les Bêta-2 CA sont moins efficaces d’autant plus que la bronchoconstriction est importante et les fibres musculaires lisses bronchiques deviennent plus sensibles aux agents bronchoconstricteurs.
Il semblerait que ces effets néfastes ne soient pas corrigés obligatoirement par l’adjonction d’un corticostéroïde.
De fait, toutes ces raisons suggèrent que le traitement préventif de l’AIE par les Bêta-2 LA en monothérapie ou en association aux corticostéroïdes soulève bien des réserves.
D’une manière générale, l’utilisation en traitement de fond des Bêta-2 LA m’est toujours parue suspecte dans le traitement de l’asthme.
Tout simplement l’asthme est une maladie inflammatoire, et de fait, les Bêta-2 LA ne sont pas fondamentalement des anti-inflammatoires mais surtout des bronchodilatateurs.
Ainsi, dans le traitement de l’asthme en général comme dans l’AIE en particulier ce qui compte c’est de lutter contre l’inflammation bronchique.
A mon sens, les Bêta-2 LA sont nécessaires en début de traitement pour lever le spasme trop important qui empêche la pénétration en profondeur du traitement inhalé. Ensuite, il suffira de poursuivre avec le corticostéroïde seul.
Enfin, pour le traitement de l’AIE il ne faut pas oublier les anti-leucotriènes qui font merveille dans cette indication.
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