Sécurité chez les piqués.

vendredi 25 juin 2004 par Dr Hervé Couteaux1054 visites

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Sécurité chez les piqués.

Sécurité chez les piqués.

vendredi 25 juin 2004, par Dr Hervé Couteaux

La sécurité, en matière d’immunothérapie, a fait l’objet de nombreuses études depuis plusieurs dizaines d’années. L’existence de quelques cas de décès imputables à une thérapeutique qui s’adresse à des pathologies souvent modérées reste difficilement tolérable et justifie que l’on s’intéresse au plus près à cette question.

Injections incorrectes en allergologie : expériences des allergologues et recommandations pour la prévention. : Donald W. Aaronson, MD, JD, MPH a *
Tejal K. Gandhi, MD, MPH b

From aFinch University School of Health Sciences, The Chicago Medical School, and bthe Department of Patient Safety, Brigham and Women’s Hospital USA

dans JACI June 2004 • Volume 113 • Number 6

Plusieurs cas de décès ont été rapportés à la suite d’une immunothérapie allergénique et de tests cutanés.

On a également rapporté des cas de patients qui avaient reçu des injections d’allergènes incorrectes.
Ceci a pu les mettre en situation de risque d’une réaction anaphylactique avec un décès possible.

Nous avons réalisé une étude pour déterminer les expériences des allergologues en matière d’injections incorrectes et pour identifier les possibilités de prévention.

Cette étude a été appuyée par l’« American Academy of Allergy, Asthma and Immunology » et le comité commun d’ « Allergy, Asthma et Immunology ».

Nous avons mené une étude par e-mail auprès de 1717 allergologues, leur demandant s’ils avaient connaissance d’une injection incorrecte effectuée à leur cabinet depuis cinq ans.

Une injection incorrecte est une injection faite au mauvais patient, où une injection d’une dose incorrecte au bon patient.

58 % des répondeurs ont rapporté un événement au cours duquel un patient avait reçu une injection prévue pour un autre patient.

74 % des répondeurs ont rapporté que des patients avaient reçu une quantité incorrecte de vaccin.

Les effets sur les patients sont allés d’une réaction locale à un décès.

Les raisons spécifiques données en explication d’injections incorrectes ont été un nom de patient semblable, un autre patient dont le nom n’avait pas été vérifié correctement, et une erreur de l’infirmière sur la dose.

Nous concluons que les injections allergiques sont un problème potentiel de sécurité.

On peut envisager diverses stratégies de prévention qui pourraient être mises en oeuvre à fin de réduire ou d’éliminer ce risque, comme l’amélioration de la formation des infirmières dans l’administration des injections allergéniques et l’observation des recommandations publiées dans « l’immunothérapie spécifique : paramètres pratiques » en ce qui concerne l’usage de flacons personnels, spécifiques à chaque patient, des feuilles de protocoles standardisés, et la mise en place d’une triple vérification de l’identité afin de s’assurer le bon patient reçoit la bonne injection.


Dans cette étude par questionnaire (e-mail) auprès de 1717 allergologues des USA, concernant l’existence d’injections incorrectes au cours de cinq dernières années, les auteurs retrouvent, parmi les allergologues qui ont répondu, une proportion de 58 % qui rapportent une erreur de patient (patient ayant reçu une injection destinée à un autre patient) et une proportion de 74 % relevant une erreur de la dose injectée.

Les conséquences de ces erreurs vont de la simple réaction locale au décès.

Les auteurs conseillent l’amélioration de la formation spécifique des infirmières et le respect de recommandations concernant : des flacons personnels, des feuilles de protocoles standardisés et la mise en place d’une triple vérification de l’identité des patients.

On peut s’étonner des proportions relativement importantes de médecins ayant signalé des injections incorrectes ; le nombre de médecins ayant répondu n’étant pas précisé, on ne peut que supposer que ceux qui ont répondu le plus volontiers étaient ceux qui avaient des incidents à déclarer.

Dans l’étude italienne de Ragusa (Allerg Immunol-Fev.2004) portant sur une période de vingt ans et 435 854 injections chez 4600 patients, qui s’est intéressé aux réactions systémiques non fatales, les auteurs retrouvent moins de réactions systémiques dans la deuxième décennie (ce chiffre passe de 5,2 % des patients pour la période 1980-1990 à 1,08 % des patients pour la période 1990 à 2000).

Le seul facteur de risque retrouvé est le sexe féminin.

Pratiquement tous les effets secondaires sont apparus moins de 30 minutes après l’injection et ont été contrôlés rapidement par une thérapeutique standard.

Pour aussi exceptionnels qu’ils soient, les décès survenus au cours d’injections de désensibilisation doivent nous rappeler les précautions élémentaires à prendre dans la conduite d’une désensibilisation :

  • les patients bénéficiant d’un tel traitement doivent être soigneusement sélectionnés (en cas d’asthme, un VEMS < 70 % de la valeur théorique en intercritique est une contre-indication)
  • le protocole, clairement indiqué, doit être suivi précisément
  • on ne doit pas procéder à l’injection en cas de crise d’asthme ou d’affection aiguë affectant l’état général
  • cette injection doit être pratiquée par voie sous cutanée profonde, après agitation du flacon, et rétraction préalable du piston afin d’éviter une injection intravasculaire.
  • le patient doit rester sous surveillance médicale pendant 30 minutes après l’injection.

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