Accueil du site > Sciences > Immunologie > On vieillit tous hélas, mais quid de nos allergies ?

On vieillit tous hélas, mais quid de nos allergies ?
mercredi 8 septembre 2004, par
Les auteurs ont étudié l’effet du vieillissement sur le statut atopique, chez une population de vétérans présentant un asthme et/ou une rhinite. Peu d’études ont été effectuées dans ce domaine et les résultats de celle-ci sont surprenants.
Effets du vieillissement sur des mesures objectives de l’atopie chez des patients asthmatiques et présentant une rhinite. : Crawford WW, Gowda VC, Klaustermeyer WB.
Division of Allergy and Immunology, Department of Medicine, Veterans Affairs Greater Los Angeles Health Care System, The David Geffen School of Medicine, University of California, Los Angeles, California 90073, USA
dans Allergy Asthma Proc. 2004 May-Jun ;25(3):175-9
Une étude transversale a été menée dans la clinique de soins externes du Centre Médical des Vétérans de Los Angeles (USA) chez 132 adultes de sexe masculin, afin de déterminer chez les personnes du 3ème âge les effets du vieillissement au cours des maladies allergiques.
Nous avons mesuré chez tous les sujets les IgE totales, l’hypersensibilité immédiate par des tests cutanés et l’éosinophilie.
Les sujets ont été classés en fonction de leur âge en 5 groupes.
Chez les asthmatiques, la prévalence de la réactivité cutanée et le taux moyen des IgE totales ne diminuait pas avec l’âge, suggérant que les mécanismes IgE-dépendants jouaient toujours un rôle significatif dans l’asthme des patients âgés.
Par contre, chez les patients présentant une rhinite, on observait une décroissance avec l’âge de la prévalence de la réactivité cutanée et du taux moyen des IgE totales.
Cependant, la prévalence de la rhinite ne diminuait pas avec l’âge.
Ceci suggère donc que, bien que la rhinite allergique soit fréquente chez les personnes âgées, d’autres mécanismes non allergiques peuvent jouer un rôle croissant avec l’âge.
Cette étude américaine a étudié les effets du vieillissement sur l’atopie. Les auteurs ont ainsi testé (IgE totales, éosinophilie et tests cutanés aux pneumallergènes) 132 vétérans.
Les sujets asthmatiques ne voyaient pas leur statut atopique diminuer avec l’âge alors que chez les patients atteints de rhinite, les paramètres décroissaient avec l’âge sans que le nombre de patients atteints de rhinite ne baisse.
Les auteurs en concluaient justement que d’autres facteurs entraînant des rhinites pouvaient apparaître avec l’âge (nous connaissons tous la rhinite cholinergique du vieillard).
Cette étude est intéressante car il existe peu d’études sur l’effet du vieillissement dans l’atopie.
On admettait jusqu’à présent que les manifestations allergiques disparaissaient avec l’âge et une étude de Stoy et coll en 1981 portant sur 331 sujets arrivait à cette conclusion.
Or dans notre pratique quotidienne, nous constatons que les manifestations touchent des individus de plus en plus âgés, nous voyons effectivement des patients âgés qui continuent à présenter de l’asthme avec des tests cutanés toujours positifs, et nous dépistons même des manifestations allergiques apparaissant après 50 ans, voire 60.
Cette étude apporte donc la preuve que le profil d’évolution des maladies allergiques change.
Il est vrai que le nombre de patients est faible et il serait intéressant de faire des études similaires portant sur de plus grandes cohortes de patients.
La question est de savoir pourquoi ? L’espérance de vie augmente et les personnes du troisième âge ont un meilleur état de santé qu’il y a quelques décennies, leur système immunitaire doit peut-être vieillir moins vite.
Il ne faut pas également sous-estimer le rôle des polluants auxquels nous sommes exposés toute notre vie durant et leur rôle inducteur, pour certains, sur la synthèse des IgE.
Quoi qu’il en soit, le rituel « cela se passera avec l’âge » que nous affirmions à nos patients ne doit plus être de mise si cette étude est confirmée.
Recevez les actualités chaque mois