Désensibilisation rime avec prévention : C. Q. F. D.

vendredi 10 septembre 2004 par Dr Hervé Couteaux1534 visites

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Désensibilisation rime avec prévention : C. Q. F. D.

Désensibilisation rime avec prévention : C. Q. F. D.

vendredi 10 septembre 2004, par Dr Hervé Couteaux

L’immunothérapie est ancienne, elle a évolué dans ses modalités, notamment avec l’avènement de la voie sublinguale, mais les questions de fond subsistent : quelle est la nature de ce traitement, quelle est sa place dans l’arsenal thérapeutique ? Alors, la désensibilisation : Curative ? Préventive ? Les deux ?

Études randomisées contrôlées de l’immunothérapie spécifique chez les sujets monosensibilisés avec une rhinite saisonnière : effets sur l’hyperréactivité bronchique, les marqueurs inflammatoires de l’expectoration et le développement des symptômes d’asthme. : Crimi N, Li Gotti F, Mangano G, Paolino G, Mastruzzo C, Vancheri C, Lisitano N, Polosa R.

Istituto di Malattie dell’Apparato Respiratorio, Universita degli Studi di Catania

dans Ann Ital Med Int. 2004 Apr-Jun ;19(2):98-108

La rhinite allergique est souvent associée à une hyperréactivité bronchique (H. R. B.) et une inflammation des voies aériennes, et paraît être un important facteur de risque pour le développement de l’asthme.

L’immunothérapie spécifique (S. I. T.) réduit les symptômes et la consommation médicamenteuse chez les sujets présentant une rhinite allergique, mais ses mécanismes d’actions sont moins clairs.

Nous avons exploré les effets d’une immunothérapie au pollen de pariétaire sur les symptômes de rhinite, l’H. R. B. à la métacholine inhalée, l’inflammation éosinophilique et la production de cytokines (interféron gamma et interleukine 4) dans l’expectoration.

L’effet sur la progression de l’asthme a aussi été examiné.

Trente sujets non asthmatiques avec une rhinite saisonnière, monosensibilisés à Parietaria judaica, ont participé à une étude de groupe parallèle randomisée, en double aveugle contre placebo.

Les participants ont été aléatoirement tirés au sort pour recevoir soit des injections de vaccins de pollen de pariétaire (n= 15) soit des injections placebo (n=15) avec une montée en dose rapide pendant 7 semaines, suivie par des injections mensuelles pendant 34 mois.

Pendant les trois années de l’étude, nous avons rassemblé les données sur les scores symptomatiques et médicamenteux, l’hyperréactivité bronchique à la métacholine, l’éosinophilie et les cytokines solubles de l’expectoration, suivis par une évaluation complète de l’évolution clinique de l’atopie.

Les symptômes du rhume des foins et les scores médicamenteux ont été bien contrôlés par S. I. T.

A la fin de l’étude, dans le groupe placebo, les symptômes et les scores médicamenteux ont significativement augmenté respectivement en moyenne (interquartile range) de 121 % (15-280 %) et de 263 % (0-4400 %) (p<0.01), tandis qu’aucune différence significative n’était observée dans le groupe S. I. T.

Nous n’avons pas trouvé de changement significatif dans les paramètres de l’expectoration ni la dose PC15 de métacholine pour les deux groupes pendant l’étude.

À la fin de l’étude, un total de neuf sur vingt-neuf participants ont développé des symptômes d’asthme ; parmi eux, 7 (47 %) appartenait au groupe placebo, tandis que seulement 2 (14 %) faisait partie du groupe traité par S. I. T.

En conclusion, l’immunothérapie au pollen de pariétaire est efficace pour contrôler les symptômes de rhume des foins et le recours aux médicaments, mais il n’a pas été observé de changement dans l’H. R. B. à la métacholine ni dans l’éosinophilie de l’expectoration.

De plus, l’immunothérapie au pollen de pariétaire apparaît prévenir la progression naturelle de la rhinite allergique vers l’asthme, suggérant que l’immunothérapie spécifique devait être envisagée plus précocement dans la prise en charge de ces pathologies.


Cette étude italienne retrouve d’abord une efficacité de l’immunothérapie spécifique au pollen de pariétaire mesurée par l’abaissement des scores symptomatiques et médicamenteux.

Le deuxième volet des résultats concerne l’aptitude de l’immunothérapie à prévenir l’apparition d’un asthme, à enrayer la marche naturelle de l’allergie, de la rhinite vers l’asthme.

Rappelons le court paragraphe consacré à l’immunothérapie dans le consensus GINA pour le traitement de l’asthme :
«  Une immunothérapie spécifique, orientée vers le traitement d’une allergie sous-jacente aux pollens de graminées et autres pollens, aux acariens de poussière de maison, aux phanères animales ou à Alternaria, peut être envisagée lorsque l’éviction des allergènes est impossible ou que les médicaments appropriés ne contrôlent pas les symptômes de l’asthme.
L’immunothérapie spécifique doit être effectuée uniquement par des médecins qui en ont l’habitude
 »

La suite immédiate rappelant que : "la prévention primaire de l’asthme n’est pas encore possible  ».

Nos pratiques allergologiques envisagent de plus en plus l’individu dans sa globalité et l’allergie comme une affection chronique évoluant au cours du temps ; les résultats de cette étude nous encouragent à envisager l’immunothérapie, seul traitement capable d’entraver cette marche naturelle de l’allergie de la rhinite vers l’asthme, à un stade précoce, dans une optique préventive.

Toutefois cette étude, qui ne concerne que l’immunothérapie au pollen de pariétaire, appelle confirmation , notamment pour d’autres allergènes.

Le consensus ARIA, qui date de 2001, a jeté les bases de cette conception ; mais le passage de la théorie à la pratique prend du temps...

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