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L’arachide : c’est facile à manger mais dur à « avaler » !
lundi 13 septembre 2004, par
L’arachide est un allergène majeur qui entraîne des réactions souvent violentes. Le seul traitement efficace de cette allergie repose actuellement sur l’éviction stricte de l’arachide. Mais une désensibilisation pourrait améliorer la qualité de vie des allergiques. Pour cela il faut parfaitement connaître les allergènes de l’arachide.
Isoformes de l’allergène majeur de l’arachide Ara h 2 : liaison des IgE chez des enfants ayant une allergie à l’arachide. : Hales BJ, Bosco A, Mills KL, Hazell LA, Loh R, Holt PG, Thomas WR.
Centre for Child Health Research, University of Western Australia, Telethon Institute for Child Health Research, West Perth, Australia
dans Int Arch Allergy Immunol. 2004 Sep 2 ;135(2):101-107
– Introduction :
- L’allergène majeur de l’arachide Ara h 2 est représenté par 2 isoformes, nommés Ara h 2.0101 et Ara h 2.0201.
- L’isoforme récemment identifié Ara h 2.0202 contient un domaine supplémentaire de 12 acides aminés et une copie supplémentaire d’un épitope immunodominant DPYSPS.
– Objectif de l’étude :
- Le but de ce travail a été d’évaluer la capacité de fixation des IgE sur ces 2 isoformes.
– Méthodologie :
- 10 clones de Ara h 2 ont été séquencés afin d’évaluer la fréquence relative des 2 isoformes Ara h 2, et pour identifier des variations supplémentaires de Ara h 2.
- La liaison des IgE sur Ara h 2.0101 et Ara h 2.0201 a été mesurée chez 70 enfants ayant une allergie à l’arachide en utilisant un test qui évalue la quantité d’IgE fixées.
- Une méthode par compétition a été également réalisée pour rechercher d’autres épitopes de fixation des IgE que Ara h 2.0101.
– Résultats :
- La séquence initiale Ara h 2.0101 a été retrouvée dans 6 clones sur 10 et la nouvelle séquence Ara h 2.0201 dans 2 clones sur 10.
- Ara h 2.0201 a la séquence attendue de 12 acides aminés ainsi que les substitutions en position 40 (40G) et 142 (142 E).
- 2 nouveaux isoformes ont été identifiés en raison d’un polymorphisme en position 142. Un clone Ara h 2.01 a la séquence 142 E et un clone Ara h 2.02 contient la séquence 142D.
- Un polymorphisme précédemment décrit en position 77 n’a pas été retrouvé parmi les 10 clones.
- Bien que le taux de fixation des IgE à Ara h 2.0201 de chacun des patients est souvent plus élevé que la liaison sur Ara h 2 .0101 (p<0.01), il y a une forte corrélation de liaison des 2 isoformes (r=0.987, p<0.0001) et lorsque l’analyse se fait de façon globale par groupes, les moyennes de fixation sont identiques.
- Ara h 2.0101 n’a pas une activité aussi importante de blocage que Ara h 2.0201, montrant qu’il existe des spécificités supplémentaires de liaison des IgE sur l’isoforme Ara h 2.0201.
– Conclusions :
- Ara h 2 .0201 est similaire mais fixe de façon plus importante les IgE que l’isoforme initial Ara h 2.0101 et contient d’autres spécificités IgE.
Dans ce travail les auteurs étudient les caractéristiques de fixation des IgE d’un nouvel isoforme de l’allergène majeur de l’arachide Ara h 2.0201. Ils ont mis en évidences 2 nouveaux isoformes ainsi qu’une plus grande capacité de fixation des IgE au niveau de ce nouvel isoforme.
Ce travail est très immunologique et n’a pas d’intérêt clinique immédiat. Il est malgré tout très important dans la perspective d’une amélioration des tests diagnostics de l’allergie à l’arachide, et surtout dans la mise au point d’un traitement par désensibilisation.
Il est indispensable de bien connaître les différents allergènes de l’arachide.
Ainsi, il est démontré ici des isoformes pouvant fixer les IgE, et qui par ailleurs ont des séquences d’acides aminés que l’on retrouve dans d’autres protéines présentes dans d’autres légumes. Cela peut donc expliquer des réactions croisées qui sont différentes selon les allergiques en fonction de la sensibilisation à tel ou tel épitope de l’allergène majeur de l’arachide.
Ce n’est qu’après avoir identifié les différents sites de fixation des IgE qu’il sera possible de mettre au point un traitement permettant de bloquer ces sites ou de permettre la synthèse d’IgG spécifiques pour se fixer par compétition sur ces épitopes.
Il faut donc poursuivre cette recherche fondamentale, surtout que la mise en évidence d’un polymorphisme par une équipe précédente n’a pas été retrouvée dans ce travail, montrant la difficulté de ces études immunologiques très pointues.
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