Réactions adverses médicamenteuses chez l’enfant : l’allergie pas si fréquente ?

dimanche 19 septembre 2004 par Dr Alain Thillay2890 visites

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Réactions adverses médicamenteuses chez l’enfant : l’allergie pas si fréquente ?

Réactions adverses médicamenteuses chez l’enfant : l’allergie pas si fréquente ?

dimanche 19 septembre 2004, par Dr Alain Thillay

Les réactions adverses dues aux médicaments prescrits chez l’enfant sont une préoccupation constante du médecin. Cette étude rétrospective pratiquée en milieu hospitalier permet de préciser les classes médicamenteuses en cause ainsi que l’importance du phénomène allergique entre autres éléments intéressants.

Fréquence et possibilité de prévention des réactions adverses médicamenteuses chez l’enfant. : Temple ME, Robinson RF, Miller JC, Hayes JR, Nahata MC.

Colleges of Pharmacy and Medicine and Public Health, The Ohio State Universty Department of Pharmacy, Children’s Hospital, Columbus, Ohio, USA.

dans Drug Saf. 2004 ;27(11):819-29

 OBJECTIF

  • Evaluer la fréquence, la sévérité et les possibilités de prévention des réactions adverses médicamenteuses (RAMs) chez l’enfant sur une période de 6 ans du premier janvier 1994 au 31 décembre 1999.

 METHODE

  • Les données démographiques des patients, les allergies documentées, les médicaments suspectés, la classification des médicaments selon le formulaire des hôpitaux américains et la posologie ont été collectés rétrospectivement à partir des RAMs rapportés dans le cadre du programme de pharmacovigilance hospitalière.
  • Les RAMs étaient classées en fonction de la sévérité, de la possibilité de prévention et de la causalité.
  • L’analyse a été conduite à l’aide du test du Chi 2 et du test de Mann-Whitney.

 RESULTATS

  • Sur la période de 6 ans, 565 RAMs ont été rapportés ce qui correspond à 0,85 RAMs pour 100 admissions.
  • L’âge moyen des patients était de 9,6 ans.
  • Aucun élément en faveur d’une allergie n’a été documenté dans 87,4% des cas, bien que 2,8% de ces patients avaient une allergie documentée au médicament suspecté.
  • Les opiacés (n=65, 11,5%), les anticonvulsivants (n=67, 11,9%) et les antibiotiques (n=149, 26,4%) étaient les classes médicamenteuses les plus souvent impliquées.
  • Dans plus 50% des cas les RAMs rapportés intervenaient dans le cadre interventionnel et/ou d’un traitement temporaire de la douleur et parmi ceux-ci, 73% requéraient un traitement médicamenteux.
  • La causalité était classé comme « déterminée » (44,1%), « probable » (49,9%) ou « possible » (6,0%).
  • Parmi les RAMs rapportés, 20,7% étaient prévisibles.

 CONCLUSIONS

  • Les RAMs résultaient dans le cadre interventionnel ou dans le cadre du traitement de la douleur chez plus de 50% des patients.
  • L’incidence des RAMs prévisibles est similaire à ce que l’on peut trouver dans la littérature concernant l’adulte.
  • Les RAMs dus à un seul médicament ne représentent pas plus de 5% des cas.
  • Les opiacés, les anticonvulsivants et les antibiotiques étaient les médicaments les plus souvent impliqués dans les RAMs.
  • Ainsi, les stratégies visant ces classes médicamenteuses et les interventions lors de la prescription et de l’administration du médicament peuvent réduire le nombre de RAMs et probablement de coûts associés.
  • Quoiqu’on ne puisse entièrement éliminer les RAMs prévisibles, le but devrait être d’augmenter la prise de conscience des RAMs et d’encourager leur détection précoce de façon à réduire au minimum la gêne pour le patient.

Cette étude évalue à environ un cas d’effet secondaire médicamenteux pour 100 admissions.

Les classes médicamenteuses les plus souvent en cause sont les opiacés, les anticonvulsivants et les antibiotiques.

A priori, l’effet adverse est en rapport avec une allergie médicamenteuse dans 12,6% des cas, ce qui correspondrait à environ un cas d’allergie médicamenteuse pour 1000 admissions. Gageons que dans ces cas les antibiotiques sont bien représentés.

Parmi les observations d’effets secondaires non allergiques, près de 3% des cas avaient une allergie à priori bien documentée pour le médicament en cause. Ce qui signifierait que certains effets secondaires sont attribués à tort à un mécanisme allergique.

Il faut remarquer qu’en pratique allergologique courante, l’allergologue est souvent sollicité pour déterminer la véracité d’une allergie médicamenteuse. Le grand classique est le cas d’un enfant de 2 ans qui en pleine virose ORL reçoit de l’Amoxicilline et qui fait une réaction cutanée plus ou moins importante, en général au bout de quelques jours de traitement. Immanquablement, le médecin traitant inscrit de manière ostensible parfois en rouge pour les plus zélés : « Allergie à la Pénicilline » !

Le médecin qui passe derrière et doit traiter cet enfant est bien ennuyé, d’autant plus que les parents montrent toute leur inquiétude quant à cette « allergie » et que médico-légalement il ne peut pas prendre cette mention avec légèreté.

Dans pareille occurrence, le médecin traitant n’a pas à se prononcer sur l’étiologie de ce genre d’incident. Il doit par contre en faire une description la plus précise possible en donnant tous les éléments particulièrement sur le contexte infectieux, la chronologie des évènements et la description de la réaction cutanée.

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