La guêpe se pique des basophiles !

samedi 25 septembre 2004 par Dr Philippe Carré3845 visites

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La guêpe se pique des basophiles !

La guêpe se pique des basophiles !

samedi 25 septembre 2004, par Dr Philippe Carré

Le diagnostic de l’allergie au venin d’hyménoptères repose sur l’interrogatoire, les tests cutanés et les tests biologiques in vitro, au premier rang desquels le dosage des IgE spécifiques. La sensibilité du dosage des IgE reste partielle ; y a-t-il d’autres tests in vitro disponibles pour le diagnostic et la surveillance de la désensibilisation ?

Le test d’activation des basophiles dans l’allergie au venin de guêpe : sensibilité, spécificité et surveillance de l’immunothérapie spécifique. : S. M. Erdmann1, B. Sachs1, R. Kwiecien2, S. Moll-Slodowy1, I. Sauer1, H. F. Merk1

1Department of Dermatology and Allergology, 2Institute of Biometry, University Hospital of Aachen, Aachen, Germany

 Contexte :

  • Comme le diagnostic in vitro de la sensibilisation au venin de guêpe par les IgE spécifiques a une sensibilité de seulement 60 à 80%, des tests in vitro supplémentaires sont souhaitables.
  • L’activation des basophiles est associée à l’expression du CD63 et sa mesure a été proposée comme nouveau test in vitro dans l’allergie immédiate.
  • De plus, en l’état actuel, aucun test in vitro n’existe pour surveiller l’efficacité de l’immunothérapie spécifique (ITS) au venin de guêpe. Ainsi, le test réaliste par piqûre, potentiellement dangereux, est toujours recommandé.

 Objectif :

  • Les objectifs de l’étude sont :
    • Comparer le test d’activation des basophiles (TAB) basé sur le CD63 dans le diagnostic de l’allergie au venin de guêpe, par rapport aux tests cutanés et au dosage des IgE spécifiques
    • Étudier si le TAB peut prédire la réponse au test réaliste par piqûre chez les patients en cours de désensibilisation.

 Méthodes

  • 50 patients ayant présenté une réaction systémique après piqûre de guêpe et 20 sujets contrôle ont été évalués
  • des tests cutanés ont été réalisés avec le venin de guêpe et d’abeille
  • les IgE spécifiques ont été mesurées par la méthode du CAP-FEIA et l’activation des basophiles par cytomètrie de flux en utilisant l’anticorps monoclonal anti-IgE/anti-CD63
  • 25 patients ont été piqués volontairement 6 mois après le début de l’ITS et le TAB a été répété après le test réaliste.

 Résultats
Les résultats sont les suivants :

  • La sensibilité des tests cutanés, des IgE spécifiques et du TAB était respectivement de 100, 76 et 92%
  • La spécificité des IgE spécifiques et du TAB était respectivement de 85 et 80%
  • La valeur limite pour la positivité du TAB était de 15% de basophiles CD63+
  • Il y avait une corrélation positive entre la réactivité IgE au venin de guêpe et le nombre de basophiles CD63+ (r=0.65)
  • Bien qu’aucun patient n’ait eu de réaction systémique après piqûre provoquée, chez la plupart d’entre eux l’activation des basophiles ne diminuait pas en comparaison du TAB réalisé avant l’ITS.

 Conclusions
Les auteurs en concluent que :

  • La quantification de l’activation des basophiles par l’expression du marqueur CD63 est une nouvelle méthode in vitro fiable dans le diagnostic de l’allergie aux venins d’hyménoptères
  • Le TAB basé sur le CD63 est un outil utile pour compléter les tests diagnostiques de routine comme les IgE spécifiques, étant donné qu’il augmente la sensibilité de la détection in vitro de la sensibilisation
  • Cependant, cette méthode in vitro ne représente pas une alternative à la piqûre provoquée pour la surveillance de l’efficacité de l’ITS.

Cette étude montre que l’évaluation in vitro de l’activation des basophiles, par le biais de l’expression du marqueur monoclonal CD63, est un test fiable pour le diagnostic de l’allergie au venin d’hyménoptères ; mais il ne permet pas d’évaluer l’efficacité de l’ITS, l’activation n’étant pas différente 6 mois après le début du traitement par rapport aux valeurs basales avant traitement.

Si le TAB paraît fiable pour le diagnostic par rapport au dosage des IgE, augmentant dans cette étude la sensibilité de 76 à 92%, il ne modifie en rien la spécificité ; par ailleurs, la sensibilité des tests cutanés est excellente (100%) et reste supérieure au TAB.

Or les tests cutanés restent le critère diagnostic principal de l’allergie aux venins, reconnu dans les différents consensus nationaux et internationaux, avant le résultat des tests in vitro ; aussi la mesure de l’activation des basophiles ne paraît pas être un test déterminant dans la décision thérapeutique dans l’immense majorité des cas.

Comme souligné récemment par Golden, certains patients ayant présenté des réactions systémiques après piqûre d’hyménoptères peuvent avoir des tests cutanés négatifs ; dans ce cas, la positivité des IgE spécifiques doit être un argument de poids dans la décision d’une ITS ; si les IgE spécifiques étaient également négatives, le TAB pourrait alors dans ce cas trouver son intérêt, sa positivité pouvant être un élément en faveur d’une sensibilisation et d’une décision d’ITS.

Outre que ce cas de figure doit être rare, la pertinence d’une telle démarche n’a jusqu’ici pas été évaluée.

Ces résultats ne semblent donc pas devoir modifier la pratique actuelle des bilans diagnostiques dans la prise en charge des patients suspects d’allergie aux venins d’hyménoptères.

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